Eglises d'Asie

Caritas Pakistan, qui a pris position contre le coton Bt, encourage les fermiers à recourir à des méthodes agricoles biologiques

Publié le 18/03/2010




Javed Ghulam est agriculteur dans la province du Pendjab. Il se dit déçu par la trop lente croissance d’une nouvelle variété de coton, génétiquement modifiée et introduite dans ses champs l’an dernier. Selon lui, les promesses des multinationales qui mettent au point ces semences ne se vérifient pas. Ses inquiétudes n’ont fait que croître au cours d’une rencontre organisée par le service social de Caritas Pakistan, soulignant les risques pour l’environnement de ces nouvelles cultures.

Ce fermier catholique était l’un des 35 participants, en majorité des fermiers, à cette rencontre intitulée : « Dire non au coton Bt ». Les semences Bt (pour Bacillus thuringiensis), comme le coton ou le maïs, ont été modifiées en y introduisant un gène Bt qui fait que les plantes produisent une toxine qui les protège des insectes nuisibles (1). Le ministère de l’Alimentation et de l’Elevage a autorisé l’usage de ces semences le 26 avril dernier, mais elles ont en réalité été introduites en contrebande dans le pays et, selon certaines études, elles seraient cultivées sur près de 200 000 hectares dans les provinces du Pendjab et du Sind.

Pour Caritas Pakistan, qui a organisé la rencontre à Chishtian, au Pendjab, l’usage sans restriction de ces semences soulève de graves questions : conséquences possibles sur l’environnement et sur l’homme, questions éthiques sur les droits de propriété attachés à ces semences. Selon des ONG locales, le coton Bt a été introduit dans le pays en 2005, en provenance de l’Australie, et, depuis, deux variétés nouvelles ont été mises au point par deux instituts pakistanais de recherches en biotechnologies.

Pour Gulzar Sadiq, coordinateur des programmes de Caritas pour l’agriculture, il est urgent que le gouvernement interdise l’usage de ces semences, sauf à voir les atteintes à la santé des agriculteurs et la pollution de l’environnement se développer. Il a expliqué que les êtres humains risquaient d’ingérer la toxine Bt lorsqu’ils utilisaient l’huile extraite des graines de coton. Selon lui, des cas d’inflammation de la peau ont été relevés ; en Inde, des chèvres sont mortes après avoir mangé des feuilles des plants de coton Bt et des personnes sont mortes après avoir consommé la viande des chèvres en question.

 

Selon Gulzar Sadiq, les grands semenciers cherchent à modifier les pratiques culturales des agriculteurs. « La première étape a consisté à amener les fermiers à utiliser des engrais et des produits phytosanitaires pour augmenter les rendements. Dans un second temps, ils sont encouragés à acheter des semences modifiées et celles-ci ne sont utilisables que pour une unique récolte », a-t-il expliqué.

Les premiers programmes de Caritas Pakistan dans le domaine agricole ont été lancés en 1986. Aujourd’hui, environ 3 000 fermiers dans la partie méridionale de la province du Pendjab travaillent avec la Caritas pour réduire leur utilisation d’intrants (engrais, produits phytosanitaires). Des programmes-écoles ont été lancés pour inciter les fermiers à recourir à des méthodes compatibles avec l’agriculture biologique, tels que l’épandage de fumier en lieu et place d’engrais et le recours à du jus de canne à sucre mélangé à de l’eau pour réduire l’usage de pesticides.