Eglises d'Asie

Des protestants semblent s’intéresser de plus en plus à la prière contemplative

Publié le 18/03/2010




La prière contemplative semble se répandre dans les milieux protestants de Corée de Sud. En témoigne Lee Min-jae, pasteur méthodiste du temple Eunmyung à Séoul, pour qui « la plupart des prières protestantes consistent à demander quelque chose à Dieu » et qui souhaite aller plus loin dans sa vie de prière.

Interviewé le 13 juin dernier par l’agence Ucanews, il explique avoir commencé à « explorer » cette méthode de prière avec sa communauté, après s’être familiarisé avec la prière répétitive au cours d’une retraite animée par des religieuses catholiques en 2002. « Les fidèles ont soif de spiritualité. La prière contemplative soutient le renouveau spirituel protestant en approfondissant la vie religieuse. Cette sorte de prière est différente de celle que nous avons l’habitude de pratiquer », a-t-il ajouté.

La prière contemplative consiste à se centrer sur la présence de Dieu en nous dans le silence de notre cœur, sans rien demander. Les adeptes recommandent de pratiquer cette prière vingt minutes par jour, en répétant seulement un mot, tel « Jésus », « Abba », « Père » ou « Seigneur ».

 

Un autre méthodiste, Kim Ki-suk, pasteur des 500 fidèles de l’église de Chungpa à Séoul, pratique lui aussi la prière de répétition avec sa communauté. Il a expliqué que ses paroissiens continuaient la prière à laquelle ils sont habitués, mais que, une ou deux fois par mois, il les guidait vers une méthode de prière contemplative. « Bien que notre Eglise ne pratique pas, dans sa tradition, la prière contemplative, la réaction de la communauté a été positive et je pense que c’est parce que cette prière donne la paix intérieure », a-t-il expliqué.

D’après Sœur Sylvia Kim Jong-sun, directrice du Centre de retraites spirituelles de Seton, à Séoul, qui est spécialisé dans l’apprentissage de la prière, trente protestants, pasteurs et fidèles réunis, ont participé à une retraite le 6 juin dernier, cinq autres étant déjà venus en mai pour une autre session et une vingtaine d’autres l’an dernier. Cette religieuse de la Congrégation des Sœurs de la Charité de Seton Hill espère que cette tendance ira en s’accentuant, surtout depuis qu’elle s’est rendue compte que des pasteurs s’initient à la prière contemplative dans la tradition catholique avec beaucoup d’enthousiasme. « Alors que l’Eglise protestante en Corée semble ne plus progresser en nombre, ses membres semblent prendre conscience combien la prière répétitive est source de développement spirituel », souligne la religieuse, dont la congrégation a débuté ces sessions de prière contemplative en 2000.

Kim Kyung-mi, du temple de Eunmyung, a participé à une journée de prière au centre Seton en 2004 et, depuis, elle pratique la prière contemplative. « J’ai eu quelque difficulté pour commencer parce que j’étais habituée à la prière vocale. Mais, tout doucement, j’ai commencé à comprendre ce que signifiait rencontrer Dieu dans le silence. Grâce à cette prière, je suis devenue plus compréhensive envers les autres. Avant, je me méfiais d’eux. » Ham Kyung-suk, de la même communauté, va au temple tous les jours à 5 heures du matin selon la tradition méthodiste, mais, depuis qu’elle a découvert la prière contemplative, elle s’y rend vingt minutes plus tôt afin de pratiquer la prière répétitive. « Je répète un mot ou une courte phrase et je sens davantage de force divine pour affronter les difficultés de la vie quotidienne », explique-t-elle.

 

Néanmoins, certains protestants n’approuvent pas cette méthode. Pour le Rév. Lim Heon-won, du temple presbytérien de Handol à Seongnam, une banlieue de Séoul, la prière répétitive n’est pas enracinée dans la Bible et n’est qu’une imitation de la méditation zen bouddhiste. « L’Eglise protestante n’a pas uniquement des prières vocales, mais également une prière silencieuse où l’homme et Dieu se rencontrent et entrent dans un dialogue intérieur. Pourquoi adopter une méthode de prière si peu biblique ? », s’interroge-t-il. Le Rév. Lee reconnaît que la prière contemplative est une nouveauté pour les protestants et qu’elle peut être un point sensible pour eux lorsqu’on aborde la question de ses racines bibliques. « Le plus important, ajoute-t-il, c’est le fait que la prière soit pour tous les chrétiens, y compris les protestants, parce qu’elle existait bien avant la Réforme. »

 

Pour le Père trappiste Basil Pennington, auteur d’ouvrages sur la prière contemplative, nombreux sont les passages de l’Ancien et du Nouveau Testament à faire allusion à cette manière de prier. Les Pères grecs de l’Eglise l’appelaient « monologion » ou la prière « d’un seul mot ». Au XVIe siècle, toutefois, elle a laissé la place à des modes de prière plus discursifs.