Eglises d'Asie

En prévision de la publication de la lettre du pape aux catholiques chinois, les évêques « officiels » ont été convoqués pour une réunion de deux jours à Pékin

Publié le 18/03/2010




Les évêques « officiels » de l’Eglise catholique en Chine ont été convoqués pour une réunion de deux jours à Pékin, les 28 et 29 juin derniers. L’ordre du jour de la réunion n’a pas été rendu public, mais il semble, de toute évidence, qu’il soit lié à la publication prochaine de la lettre que le pape a écrite aux catholiques de Chine. Selon des sources romaines non officiellement confirmées, la lettre a été signée par Benoît XVI le 27 mai dernier, dimanche de la Pentecôte, et il a été annoncé qu’elle sera communiquée au gouvernement chinois avant d’être rendue publique (1).

Ce sont les instances officielles en charge de l’Eglise catholique qui ont convoqué les évêques. Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, a déclaré à l’agence Ucanews que l’ordre du jour de la réunion ne concernait pas la lettre du pape. « Nous ne connaissons pas son contenu. Comment pourrions-nous en discuter ? », a-t-il déclaré, affirmant que les évêques étaient réunis à Pékin à l’occasion du jubilé de l’Association patriotique (2) et pour le dixième anniversaire de la mort de Mgr Joseph Zong Huaide (3). Toutefois, selon plusieurs des évêques convoqués à Pékin, il semblait évident que la réunion porterait sur la lettre du pape et la réponse à y apporter. Les évêques ont été convoqués soit directement par téléphone depuis Pékin, soit par les Bureaux locaux des Affaires religieuses, sans que leur soit précisée la raison de leur venue à Pékin.

A l’heure où nous mettons sous presse, aucune information n’a filtré quant aux échanges auxquels a donné lieu cette réunion.

A Rome, le cardinal Ivan Dias, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, a envoyé une lettre à 610 couvents de religieuses contemplatives de par le monde pour leur demander de prier « afin que la lettre du Saint Père soit bien reçue, que la Chine s’ouvre à l’Evangile et donne à tous les croyants une liberté de religion sans restriction ». L’initiative, inhabituelle, est l’œuvre conjointe du cardinal Dias et du P. Ciro Biondi, secrétaire de l’Union pontificale missionnaire, rattachée à l’Evangélisation des peuples. Ce dernier estime que cette lettre, « très attendue », sera « un événement marquant de l’histoire du troisième millénaire ».

Le cardinal Dias décrit l’Eglise en Chine en ces termes : « L’Eglise catholique [en Chine] est divisée en deux groupes du fait du gouvernement : une Eglise officielle reconnue par les autorités et une Eglise ‘clandestine’. Cela provoque de nombreux problèmes et la confusion au sein du clergé et des fidèles. » Insistant sur l’unité de la profession de foi des catholiques de Chine et leur loyauté au siège de Pierre, cause de « terribles persécutions », le cardinal cite Tertullien : « Le sang des martyrs est semence de l’Eglise. » Il se dit réconforté par le fait qu’en dépit des persécutions « qui ont duré cinq décennies », la communauté catholique connaît « une forte croissance ». « La quasi-totalité de la centaine d’évêques de ce territoire sont en communion avec le Saint Père, les vocations presbytérales et religieuses abondent, les fidèles vont en grand nombre à la messe et ont dévotion très forte à la Vierge Marie, Secours des chrétiens et Reine de Chine », écrit encore le préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples.