Henan : les autorités ferment un important sanctuaire marial

La nouvelle est tombée au mois de mai, consacrée à la Vierge Marie, période d’affluence dans ce sanctuaire en plein renouveau ces dernières années et où le diocèse avait prévu des travaux d’aménagement pour faciliter l’accueil des pèlerins. Le 14 mai, toujours selon l’agence AsiaNews, la municipalité d’Anyang a révoqué le permis autorisant les pèlerinages sur le site, décrétant que ces derniers étaient désormais considérés comme « activité religieuse illégale ». Deux jours plus tard, une nouvelle décision des autorités retirait à l’Eglise son droit de propriété sur l’ensemble du sanctuaire. A la fin du mois de mai, « un groupe de travail » représentant la municipalité s’est installé sur le site, pour en interdire l’accès et préparer les travaux de démolition du chemin de croix et des installations qui s’y trouvent.

La communauté catholique d’Anyang s’est déclarée « profondément choquée » par la décision des autorités, reprochant à la municipalité d’agir en dehors de tout cadre légal et en dépit des lois garantissant la liberté religieuse en Chine. « Nous n’avons pas peur et nous défendrons nos droits jusqu’au bout », ont fait valoir certains, qui soupçonnent un motif commercial derrière cette affaire. Avantageusement situé en haut d’une colline, le sanctuaire marial domine une vallée et pourrait faire place à un projet immobilier mené par des intérêts privés acoquinés aux dirigeants de la ville d’Anyang.

Le sanctuaire de Notre-Dame du Mont Carmel se trouve dans le district de Linxian. Son origine remonte à un peu plus d’un siècle, lorsque le vicaire apostolique du Henan-Nord, l’italien Stefano Scarella, décida d’ériger une église dédiée à la Vierge Marie, en action de grâce pour la protection accordée à des chrétientés locales lors de la révolte des Boxers, en 1900. Evêque depuis 1882 dans la région, le missionnaire italien mourut en 1902 et ne vit pas s’élever l’église de style occidental sur la colline de Tianjiajing, construite entre 1903 et 1905. Par la suite, le sanctuaire fut détruit à deux reprises, lors de l’invasion japonaise, au cours de la seconde guerre mondiale, puis lors de la Révolution culturelle (1966-1976). Rouvert dans les années 1980, le sanctuaire avait peu à peu regagné en importance, l’affluence étant à son pic chaque 16 juillet, fête de Notre-Dame du Mont Carmel. L’église toutefois n’avait pas été reconstruite, mais le diocèse d’Anyang venait d’établir un plan de reconstruction de l’édifice.