Eglises d'Asie

Hongkong : le 1er juillet 2007, pour la première fois en dix ans, le cardinal Zen a pris la tête de la manifestation pour la démocratie

Publié le 18/03/2010




Le dimanche 1er juillet, le cardinal Zen, évêque du diocèse catholique de Hongkong, a pris la tête de la manifestation organisée par les milieux pro-démocratiques du territoire. Depuis dix ans que cette marche est organisée à travers les rues de l’île de Hongkong pour réclamer davantage de liberté et de démocratie dans la Région administrative spéciale, le cardinal, en compagnie d’autres leaders religieux, notamment protestants, avait pris l’habitude de prendre la parole lors de l’assemblée de prière qui est organisée avant la manifestation proprement dite, mais il s’était toujours gardé de se joindre aux manifestants (1). Cette année, marquée d’une solennité particulière du fait de la célébration du dixième anniversaire du retour de Hongkong sous le drapeau chinois, il a choisi de défiler avec les Hongkongais, qui étaient 68 000, selon les organisateurs.

Le cardinal a redit avec son franc-parler habituel son désir de voir la démocratie pleinement mise en place à Hongkong. En référence à la formule « un pays, deux systèmes », censée définir l’autonomie dont jouit le territoire, il a déclaré que « la triste réalité [était] qu’’un pays’ [pouvait] engloutir les ‘deux systèmes’ : le haut degré d’autonomie (censé caractériser le gouvernement de Hongkong vis-à-vis de Pékin) peut ne pas s’avérer si élevé que cela et l’affirmation selon laquelle les Hongkongais gouvernent Hongkong renvoie uniquement à une certaine catégorie de Hongkongais, tandis que les autres sont rejetés dans l’opposition ». A ceux qui expliquent que l’amélioration du bien-être et du niveau de vie est préférable à la démocratie, le cardinal répond qu’une telle position est « absurde et contraire à l’expérience commune de par le monde : seule la démocratie peut garantir de meilleures conditions de vie au peuple. A Hongkong, que constate-t-on à voir la démocratie ainsi dans l’impasse ? L’écart entre les pauvres et les riches va croissant ! »

Le lendemain, à Pékin, la réaction du vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, n’a pas tardé. Liu Bainian a fait mine de s’interroger : « Si tous les catholiques de Hongkong suivaient l’exemple (du cardinal), comment Hongkong pourrait-il parvenir à la stabilité ? » Disant avoir reçu « de nombreux appels téléphoniques » de personnes demandant pourquoi l’Eglise catholique était descendue dans la rue au moment même où, en Chine et à Hongkong, « tous célébraient la rétrocession », le dirigeant chinois a poursuivi en affirmant que ses interlocuteurs lui avaient dit que, « si les évêques en Chine étaient nommés par le Vatican, c’en était fini de l’Eglise catholique de Chine et qu’ils ne souhaitaient pas cela arrive ». Liu Bainian a conclu en ces termes : « Si le Vatican soutient quelqu’un comme lui (le cardinal Zen), comment peut-il espérer gagner la confiance de la Chine ? »

A ces déclarations, qualifiées d’« attaques » par le South China Morning Post, le cardinal Zen n’a pas répondu. Le 4 juillet, il a appelé publiquement Donald Tsang, le chef de l’exécutif de Hongkong, à tenir ses promesses quant au suffrage universel dans le territoire. En référence à un « Livre vert » dont la parution est imminente (2), le cardinal a déclaré qu’au cas où le calendrier décidé par le gouvernement de Hongkong « ne nous mène pas clairement vers (le suffrage universel) mais nous amène à (redescendre dans la rue), alors, cette fois, je ferai en sorte que les choses se déroulent véritablement ‘en grand’ ». Soulignant le point, il a ajouté : « Ma participation à la marche de ce 1er juillet était un simple exercice d’échauffement. »

 

Le lendemain, 5 juillet, Donald Tsang a déclaré qu’il nourrissait de « sérieux doutes » quant à l’introduction du suffrage universel à Hongkong en 2012. « Il est probable que le Conseil législatif ne parvienne pas au consensus nécessaire » quant au modèle électoral à mettre en place, a-t-il précisé, invitant le camp des démocrates à « se calmer ».