Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er mai au 30 juin 2007

Publié le 18/03/2010




POLITIQUE
Le Funcinpec

Après sa défaite électorale aux dernières élections munici-pales, le parti royaliste continue sa lente décomposition :

* Le 9 mai, le ministre du Tourisme (Funcinpec) est remplacé par son secrétaire d’Etat (PPC) à ce poste juteux. Le neveu de Nhiek Bun Chhay, nouveau secrétaire général du parti, est nommé sous-secrétaire d’Etat au Tourisme. You Hok Kry, exclu du Funcinpec pour avoir soutenu Ranariddh, est remplacé à son poste. Il est, en revanche, nommé secrétaire général du PNR, et Chim Seak Leng, qui occupait ce poste, devient vice-président. Le 14 juin, le Funcinpec remplace Melle Norodom Ratana Devi, fille de Ranariddh, comme secrétaire d’Etat au Tourisme, par Sisowath Tesaro, un illustre inconnu ; Sisowath Panara Sirivuth, ministre Funcinpec de la Culture, paralysé depuis neuf mois, est remplacé par Veng Sirivuth. Le 25 juin, Kong Vibol, premier sous-secrétaire d’Etat à l’Economie et aux Finances, passe du Funcinpec au PPC.
* Au début mai, le Funcinpec quitte son siège, situé près de l’ambassade de France, vendu par Ranariddh, ancien président du parti, pour louer l’ancienne clinique Jean Ay, fermée en mars, pour 4 000 dollars par mois. La statue en cuivre de Sihanouk, fondateur du Funcinpec, est transportée au palais royal. La construction du nouveau siège du parti, promise en échange d’une partie de la vente du terrain de l’ancien siège, n’étant pas encore achevée. Des bruits courent que la direction du Funcinpec voudrait revendre les 10 hectares prévus pour la construction de ce nouveau siège, avec une confortable plus-value.
* Le 12 mai, 19 membres du PNR présentent une pétition au roi Sihamoni portant les empreintes digitales de 128 906 personnes pour demander l’amnistie pour son demi-frère Ranariddh, condamné le 18 mars à 18 mois de prison ferme. Le roi reçoit la pétition et la transmet à Hun Sen. Le porte-parole du gouvernement déclare que l’accusé doit effectuer les deux tiers de sa peine avant d’être gracié. Heng Samrin, président de l’Assemblée nationale, déclare, pour sa part, que le pardon doit être voté par les deux tiers de l’Assemblée. Le 29 mai, Ranariddh décide de faire appel de sa condamnation.
* Le 24 mai, on apprend que le Funcinpec désirerait entreprendre des démarches pour obtenir l’amnistie de Ranariddh, et lui proposerait de redevenir président historique du parti, ainsi que le candidat au poste de Premier ministre après les élections de 2008. Sans lui, la position du parti est critique, car les électeurs n’ont pas très bien ac-cepté le limogeage de Ranariddh. Mais le PNR (Parti de Norodom Ranariddh) refuse. Le 24 mai, Ranariddh demande au président du Funcinpec de retirer son titre de « président honoraire », sous peine de poursuites judiciaires.
* Au cours d’un mini-congrès de 200 membres, le 27 mai, le Front Sangkum Chéat Niyum (Front de la société nationaliste) de Sisowath Thomico fusionne avec le PNR (mais l’entité du parti demeure). Depuis la Malaisie, Ranariddh fait une intervention projetée sur un écran géant et reste président du parti royaliste. Thomico en devient vice-président. Avec une naïveté déconcertante, mais avec une conception très khmère de l’unité, Thomico pense non seulement rassembler tous les royalistes, mais également tous les opposants au PPC, y compris le PSR.
PSR (Parti de Sam Rainsy)
* Le PSR décide de doubler les émoluments de ses 28 maires à partir du 1er juin, leur donnant 25 dollars supplémentaires par mois, afin de leur éviter la tentation de recevoir des pots-de-vin. Cela revient à environ 700 dollars par mois au parti. Le PPC accuse le PSR de logique partisane et de vouloir créer un Etat dans l’Etat. Selon le PPC, le PSR devrait donner de tels émoluments à tous les maires du pays. Le PSR répond que cela lui coûterait 39 000 dollars et que cela incombe à l’Etat. Le PSR demande aux Cambodgiens de l’étranger de sponsoriser ces 28 communes tenues par le parti. Un pays pourrait financer une mairie (1 500 dollars), un autre une moto (500 dollars), d’autres l’amélioration des services publics (300 à 400 dollars). Le but avoué du PSR est de faire de ces communes des « vitrines politiques ».
* Cela peut surprendre, mais il faut savoir que le PPC ne donne aucune subvention aux mairies qui ne sont pas de son bord.
* Mu Sochua, secrétaire générale du PSR, reçoit le prix Elise et Walter A. Hass de l’université de Berkeley, d’un montant de 15 000 dollars, pour son combat pour la bonne gouvernance et la défense des droits des femmes.
* Le PSR, relayé par la société civile (30 ONG), demande à ce que le nombre des députés passe de 123 à 130, en raison de l’augmentation de la démographie. Le PPC s’y oppose farouchement.
* Le 26 juin, Kéo Rémy, ancien transfuge du Funcinpec vers le PSR, quitte ce parti pour rejoindre le PDH dont il est nommé vice-président.
* Le 10 juin, le PSR organise le vote de ses représentants départementaux de Kompong Cham par ses 386 conseillers des 173 communes. Ces élections continueront jusqu’en juillet dans l’ensemble du pays. C’est une innovation au Cambodge où tous les responsables de partis sont nommés par leur direction.
Parti de Norodom Ranariddh (PNR)
* Au début juin, Norodom Chakrapong, demi-frère de Ranariddh, quitte le PNR dont il était vice-président ainsi que la vie politique, officiellement pour raison de santé.
Le Parti des droits de l’homme (PDH)
* Après un retard, dû officiellement à des irrégularités dans le dépôt d’un certain nombre d’empreintes digitales nécessaires, le nouveau Parti des droits de l’homme (PDH), fondé par Khem Sokha, est autorisé par le ministère de l’Intérieur, le 11 juin. Le PDH tiendra son premier congrès dans le stade de Phnom Penh le 22 juillet où il compte rassembler 22 000 adhérents. La dépense envisagée pour le congrès est de 90 000 dollars. Ses fonds proviennent spécialement des communautés exilées au Canada et aux Etats-Unis. Du côté du PSR, on craint que la création de ce nouveau parti ne disperse les voix de l’opposition lors des prochaines élections. Un collectif de plusieurs associations de défense des droits de l’homme demande au PDH de changer de nom, pour ne pas engendrer une confusion chez les électeurs qui pourraient croire que ces ONG le soutiennent ou qu’il en est le représentant. Khem Sokha refuse.
Mouvement de l’Empire Khmer
* Le 9 mai, quatre Chams sont arrêtés dans la province de Pursat, accusés de recruter des combattants pour libérer les anciens territoires cambodgien et cham situés au Vietnam et en Thaïlande, perdus depuis des siècles. Le mouvement prévoirait d’en recruter 400. Cependant, aucune arme n’est saisie. Les commanditaires qui financent le mouvement seraient aux Etats-Unis.
* Ces arrestations soulèvent beaucoup de points d’interrogation :
– Plusieurs paysans, dont les noms figurent parmi les personnes enrôlées, affirment avoir signé un engagement avec une ONG pour creuser des puits ou construire des latrines.
– Le député PSR Ahmad Yahya, personne influente dans la communauté musulmane du Cambodge, estime absurde de croire que l’on puisse récupérer le territoire du Champa, et nie toute implication de la communauté cham dans cette affaire. Les ONG de défense des droits de l’homme n’ont pas pu approcher les inculpés.
– Le principal inculpé, Chan Veasna, est un ancien membre du PSR, de la commission 14 de Chéam Channy, accusé et condamné en 2005 pour « création d’une armée de l’ombre » imaginaire. D’où l’amalgame politique. Le PSR est accusé, mais rapidement les juges se pressent de mettre le PSR et Chéam Channy hors de cause. Plus tard, il se prétendra recruté par le FBI américain comme informateur.
– On se demande si tout cela n’est pas invention pure et simple du gouvernement pour mieux contrôler la communauté musulmane, comme les soi-disant six terroristes arrêtés quelque temps avant la fête des eaux de 2006. Ce serait également montrer aux Américains qu’il fait quelque chose contre le terrorisme, et que le pays devrait en être récompensé.
– Ces arrestations se produisent à peu près au même moment où un très proche conseiller du Premier ministre thaïlandais pour la sécurité déclare que les Chams du Cambodge entraînent et arment les séparatistes thaïlandais. Le 18 mai, le porte-parole du gouvernement khmer nie toute implication khmère et demande des preuves. Le général thaïlandais doit retirer ses déclarations et présenter des excuses. Le 9 juin, le même général réitère ses accusations, « sans preuves » selon le côté khmer. Ce n’est pas la première fois que de telles accusations sont portées contre la minorité cham du Cambodge. Les visas pour la Thaïlande sont actuellement plus difficiles à obtenir pour les Chams. Désormais, seuls deux ou trois Chams se présentent à la frontière chaque jour.
* Trois des neuf membres du Conseil constitutionnel (CC) sont remplacés : l’Assemblée nomme Ek Sam Ol à la place Bin Chin, président du CC ; le Conseil suprême de la magistrature renomme Prom Nhéam Vicheth ; le roi Sihamoni nomme Sisowath Phandaravong à la place de Chau Seng Cocsal Chhum, âgé de 101 ans.

* Le Premier ministre est souvent absent lors de rendez-vous importants (visite du président vietnamien, anniversaire du PPC), pour grippe. Selon certaines rumeurs, il serait gravement malade.

RELATIONS AVEC LES PAYS VOISINS
Birmanie
* Hun Sen se rend en visite officielle à Naypitaw, nouvelle capitale de la Birmanie, pour parler de tourisme et de transport aérien. Selon Hor Nam Hong, ministre cambodgien des Affaires étrangères, le Myanmar est « en bonne voie » vers la démocratie. Le pays compte 1 100 prisonniers politiques.
Vietnam
Khmers Krom
* Le 10 mai, cinq moines Khmers Krom (KKK, Cambodgiens vivant au Vietnam) sont condamnés à la prison par les autorités vietnamiennes, onze autres sont condamnés à une amende. Trente-six chercheraient à se réfugier au Cambodge. Douze associations de KKK du Cambodge se mobilisent. Les KKK accusent les autorités vietnamiennes de ne pas respecter la liberté de religion, de faire enseigner l’histoire d’Hô Chi Minh et du communisme dans les pagodes, mais de ne réserver que peu de temps à l’apprentissage du pali et du khmer. Depuis le 1er juin, les KKK du Cambodge disposent de leur propre radio qui diffuse trois émissions d’une heure par semaine. Le 4 juin, une manifestation regroupant près de 4 000 personnes dont 1 949 bonzes, dénonce le rattachement du KKK au Vietnam en 1949 par la France, rattachement déclaré « illégal » par le roi Sihanouk.
* Le 19 juin, 120 KKK du Vietnam tentent en vain de remettre une pétition au Premier ministre vietnamien en visite à Hô Chi Minh-Ville. Trente KKK manifestent devant sa résidence.
Montagnards vietnamiens
* Le 6 mai, onze Montagnards du Vietnam cherchent refuge au Cambodge, où ils sont pourchassés par la police. Les Etats-Unis ont changé leur politique par rapport aux réfugiés, officiellement à cause du meilleur respect des droits de l’homme au Vietnam, et de la possibilité pour les agents de l’UNHCR de se rendre sur les Hauts Plateaux. Depuis le 1er mai, les candidats à l’exil devront demander leur visa à l’ambassade américaine de Hanoï. Il semble toutefois que le respect des droits de l’homme sur les Hauts Plateaux vietnamiens et la liberté de visite de ces exilés soient plus que relatifs.
* Le 1er juin, quinze Montagnards vietnamiens se terrent dans la forêt de Ratanakiri. Le 7 juin, le ministre de l’Intérieur accuse l’UNHCR de violer la souveraineté cambodgienne, en accordant le statut de réfugié à certaines personnes sans en avertir le gouvernement. Le lendemain, douze Montagnards arrivent du Vietnam.
ECONOMIE
* Le 24 mai, le Vietnam refuse à au moins huit sociétés cambodgiennes l’autorisation d’exporter du sable vers Singapour, via le Mékong, contrairement aux règlements de l’OMC. En quinze ans, on estime que plus de 100 millions de tonnes de sable ont été exportées via le Vietnam vers Singapour, pour une valeur de plus de trois milliards de dollars.
* Après le marché de Bavet, un second marché est en construction à la frontière vietnamienne à Trapéang Phlong, dans le district de Ponhéa Krek, en face de la province de Tay Ninh. Un troisième est prévu à Kirivong, dans la province de Takéo.
* Le Vietnam est le troisième plus important client du Cambodge, avec des échanges portant sur 940 millions de dollars. Il développe quinze projets d’investissements du Cambodge, pour 29,9 millions de dollars. Une trentaine d’entreprises vietnamiennes ont leur siège social au Cambodge.
JUGEMENT DES EX-RESPONSABLES KHMERS ROUGES
* Le 23 mai, le tribunal annonce l’embauche de trente nouveaux employés : dix chauffeurs, dix portiers, six jardiniers, trois greffiers et un coordinateur. A la fin 2007, le personnel du tribunal comprendra plus de 258 Cambodgiens et 80 à 90 étrangers.
* Un audit réalisé par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) sur les finances du Tribunal extraordinaire (TE) est rendu aux responsables du TE le 17 mai. Cependant, comme ce n’est pas un rapport public, il n’est pas diffusé, à la plus grande indignation des ONG.
* Le 31 mai, les juges nationaux et internationaux se réunissent chacun de leur côté pour examiner la nouvelle mouture du règlement intérieur du TE. Le 13 juin, ils se mettent d’accord sur l’adoption du règlement intérieur, permettant aux procureurs de transmettre les premiers dossiers aux juges d’instruction. Dans cet accord, l’ONG Open Society Justice Initiative (OSJI) regrette le manque d’ouverture du procès au public, le refus de la formation des avocats de la défense par le barreau cambodgien, la présence de deux porte-paroles du TE (l’un des étrangers, l’autre des Cambodgiens), ce qui montre leurs divergences.

Si aucun autre incident de parcours n’intervient, les premiers procès pourraient commencer au début 2008. Une liste de 15 à 20 noms de responsables Khmers rouges circule, mais la rumeur court que Hun Sen en aurait limité le nombre à cinq : Noun Chéa, Khieu Samphan, Ieng Sary et son épouse Khieu Thirith, et Duch. Les juges internationaux souhaitent étendre le procès aux échelons inférieurs. On avance parfois le nombre de 1 000 cadres subalternes responsables de massacres, dont une centaine serait encore vivants.

* Le 27 juin, à New York, OSJI diffuse un rapport dans lequel l’ONG demande à l’ONU de mener une enquête sur la corruption dans le TE. Les conclusions de l’audit diligenté par le PNUD sont demeurées secrètes, laissant place à toutes les suppositions. Les fonctionnaires du TE interrogés durant l’enquête menée suite au rapport de l’ONG en février dernier l’ont été en présence de gardes. Le ministre de l’Information accuse OSJI de suivre « un agenda politique secret ».
ECONOMIE
Minerais
* En plus d’un gisement de quelque six millions de tonnes d’antimoine et de chrome, on découvre également un gisement de plusieurs millions de tonnes du cuivre, dans une zone protégée de la province de Pursat. Un rapport du PNUD datant d’avril dernier déplore l’absence de volonté politique de la part du gouvernement cambodgien pour la préservation des espèces en voie de disparition, dont cette région est riche (Phnom Samkos et Phnom Aural). Cinquante-six espèces menacées vivent dans ces régions, certaines nulle part ailleurs qu’au Cambodge. En décembre 2006, le Premier ministre a refusé que ces régions, ainsi que le Tonlé Sap, en mars 2007, ne soient classés comme patrimoine mondial.
* Selon l’agence officielle chinoise Xinhua, quatre entreprises chinoises, dont la plus grande de production d’acier, ont obtenu l’autorisation de prospecter dans la zone protégée de Rovieng (province de Préah Vihéar), où se trouverait un gisement de 200 millions de tonnes de minerai.
* Le 22 mai, le ministre des Ressources naturelles et des Eaux affirme que le gouvernement a reçu 2,5 millions en pots-de-vin lors de la signature du contrat d’exploitation du minerai de bauxite sur 100 000 hectares de la province de Mondolkiri, par une société australienne. Cet argent a été immédiatement utilisé pour faire des travaux d’irrigation dans la province de Pursat.
Pétrole
* Le 24 mai, le géant pétrolier américain Chevron annonce le début de la production d’hydrocarbures en 2008. En mars, la société annonçait un programme de quatre forages, devant être achevés en 2007, et d’autres en 2008. Hun Sen continue d’affirmer haut et fort que l’argent provenant de l’exploitation du pétrole sera utilisé pour le bien de la nation. Le 6 juin, Hun Sen demande aux sociétés étrangères concernées de verser une importante partie des bénéfices obtenus au pays. Les réserves de pétrole s’élèveraient à 2 milliards de barils dans les six blocs cambodgiens attribués à diverses sociétés.
Forêts
* Le 6 mai, un important stock de bois précieux (entre 700 et 1 000 dollars le m3) est saisi dans un quartier périphérique de Phnom Penh. Le 17 mai, un autre stock de bois précieux est confisqué par les autorités de Pursat. Le 8 juin, trois reporters d’un petit journal cambodgien sont battus par les gardes du corps de fonctionnaires de la cour provinciale pour avoir pris des photos de trafic de bois. Leurs appareils sont confisqués.
* Le 1er juin, Global Witness, ONG d’observation des forêts, « indésirable » sur la terre cambodgienne depuis 2005, publie un rapport de 95 pages (Cambodia’s Family Trees), rédigé après deux ans d’enquête, établissant les liens familiaux des « élites cleptomanes qui pillent les biens publics et les ressources naturelles du pays ». Le Premier ministre, le ministre de l’Agriculture, le responsable de l’Autorité nationale des forêts sont mis personnellement en cause. Selon l’ONG (et des témoins oculaires), la déforestation continue. Selon la FAO, entre 2000 et 2005, le royaume a perdu 29 % de ses forêts tropicales. Les institutions chargées de lutter contre la déforestation (armée, police, administration forestière, autorités locales) sont celles qui la pratiquent à grande échelle. Comme ce trafic est juteux, tous les postes s’achètent très cher.
* Ce rapport est repris par de nombreux médias internationaux, provoquant la fureur des autorités cambodgiennes, qui, selon leur habitude, nient tout en bloc et font saisir tous les exemplaires circulant au Cambodge. Un rapport semblable avait déjà été diffusé en 2005. Il est diffusé deux semaines avant la réunion des donateurs d’aide du 19 juin, que GW accuse d’« indifférence ». Le gouvernement accuse GW de diffuser ce rapport à des fins politiques. Depuis 2003, GW a été remplacée par la SGS (Société générale de surveillance), qui, depuis 2005, n’observe plus les forêts, mais se contente d’établir des rapports à partir des données gouvernementales. Le ministère de l’Information décide qu’une enquête sera confiée à SGS pour vérifier les accusations de GW. Le ministère menace les journaux et magazines qui mentionneront le rapport de GW de poursuites judiciaires. « Mais cela n’affecte en rien la liberté des journalistes », déclare sans sourciller le ministre. Il accepte de répondre aux questions des députés.
* La plupart des pays donateurs d’aide au Cambodge restent silencieux. Le 4 juin, l’ambassade du Cambodge à Londres demande à tous les bailleurs de fonds de GW (Canada, Irlande, Pays-Bas, Suède, Grande-Bretagne, ainsi que d’autres associations privées) de cesser leur soutien à l’ONG. Les Pays-Bas déclarent continuer à financer GW, en dépit de la demande du gouvernement cambodgien.
* Le 16 juin, suite à un rapport concernant la déforestation, un journaliste de Radio Free Asia reçoit des menaces de mort, et doit se réfugier en Thaïlande.

Soren Seelow, auteur d’un article d’une demi-page dans le Cambodge Soir du 8 juin, est immédiatement licencié (10 juin). Les journalistes de Cambodge Soir, par solidarité, se mettent en grève. Philippe Monin, conseiller de l’AFD (Agence française de développement) auprès du ministère cambodgien de l’Agriculture, l’un des fondateurs et des actionnaires de Cambodge Soir, ordonne la liquidation du journal et de la société éditrice des Editions du Mékong. On prétexte de la situation financière du journal. Bel exemple du courage français! Reporters sans Frontières écrit une lettre à Abdou Diouf, président de la francophonie.

Caoutchouc
* Sur conseils de la BAD (Banque asiatique de développement), le gouvernement met en vente trois plantations de caoutchouc nationalisées : Chamkar Andong (7 000 hectares), Boeung Ket (8 000 hectares), et Mémot (9 000 hectares). Les éventuels acheteurs doivent postuler avant le 24 juillet. Les plantations sont nettement sous-exploitées. Le Cambodge ne représente que 0,29 % de la production mondiale et se classe au 16ème rang des pays producteurs. En 2005, le caoutchouc a représenté un chiffre d’affaires de 37 millions, bien que le prix à la tonne ait considérablement augmenté (1 600 dollars), alors qu’autrefois le caoutchouc représentait le tiers des entrées du budget national.
* Le 29 mai, l’Union des entreprises de caoutchouc du Vietnam (UEV) tente de concrétiser ses projets : sur les 100 000 hectares prévus pour planter des hévéas au Cambodge, seules deux sociétés vietnamiennes ont reçu l’autorisation pour 3 000 hectares et un investissement de quatre millions de dollars.
* Le 1er juin, trois gardes d’une plantation privée de caoutchouc de Tbaung Khum blessent grièvement un villageois marchant à 800 m de la plantation et soupçonné de venir voler du latex. Aucune arrestation. C’est au moins la douzième personne blessée ou tuée en pareilles circonstances depuis 2005.
Inondations
* Dans la seconde quinzaine de mai, plus de 13 000 hectares de paddy sont détruits par des inondations dans la province de Bantéay Méan Chhey, 20 000 hectares de haricots, de maïs et de patates douces sont également sous l’eau dans la province de Battambang, conséquence directe de la déforestation.
AIDES ET INVESTISSEMENTS
* Le 8 mai, la Corée du Sud signe un prêt de 36,9 millions de dollars pour la réfection de la nationale 5 reliant Phnom Penh à Kampot. La Corée du Sud a déjà accordé un prêt de 18 millions pour la réfection de cette même route.
* Le 10 mai, l’ambassadrice de Chine remet trente camions de pompiers, pour une valeur de 1,9 million dollars.
* Selon l’Institut national d’économie, la comparaison entre les chiffres des exportations en provenance des brasseries de Thaïlande et de Singapour, et ceux des douanes cambodgiennes fait apparaître que 29 % du total de la bière consommée au Cambodge y entre en contrebande. Ce trafic aurait fait perdre 22 millions de dollars au gouvernement, soit environ 3 % des entrées de taxes. Selon le directeur de la filiale Coca Cola, 20 à 25 % des boissons entrent au Cambodge en contrebande, mettant en péril l’équilibre financier des usines de production locale. Les Cambodgiens boivent en moyenne neuf litres de bière par an, soit une augmentation de 24 % entre 2004 et 2006. Hun Sen nie tout en bloc.
* Le 14 mai, l’ambassade d’Australie annonce que son pays va augmenter son aide au Cambodge de 11 % en 2007-2008, la portant à 43,2 millions de dollars, mais peu d’argent sera versé directement au gouvernement.
* Le 18 mai, la banque Acleda, ancienne ONG, qui a fait sa fortune dans le micro-crédit (les Cambodgiens de la campagne l’appellent A-si dey chang kâ (‘vaurien qui mange les terres et pend les gens’) en raison de son peu de compassion en cas de non-remboursement des dettes), inaugure six nouveaux bâtiments aux façades tapageuses, d’une valeur de six millions de dollars. Le ministre des Finances demande à la banque de baisser ses taux d’intérêt qui passeront à 2 % à partir de 2009.
* Le 30 mai, est posée la première pierre de la construction de la ville annexe de Phnom Penh, « Camko city ». Cette ville nouvelle sera construite sur l’étang Pong Peay, au nord de la capitale, par une société sud-coréenne, pour un investissement de deux milliards de dollars. Elle comprendra 1 009 résidences, dont des immeubles de 16 étages. Hun Sen souhaite le déplacement de la mairie de Phnom Penh dans cette ville nouvelle.
* Le 31 mai, la Commission européenne signe avec le gouvernement cambodgien son quatrième communiqué conjoint : pour la période 2007-2010, l’UE fournira une aide de 77 millions d’euros au gouvernement, et entre 20-25 millions aux ONG. Les deux côtés ont fait le point sur l’utilisation des activités en cours, sur une valeur de 100 millions.
* La Banque mondiale octroie 18,5 millions de dollars au Cambodge pour l’importation d’électricité en provenance du Vietnam, et 15 millions au Laos pour acheminer son électricité au royaume khmer. Seulement 18 % de la population cambodgienne a accès à l’électricité, qui est, par ailleurs, parmi les plus chères du monde.
* Le 1er juin, le géant Nestlé qui avait dû fermer les portes de son usine de fabrication de lait concentré à Phnom Penh, suite à la contrebande éhontée de ses propres produits en provenance de Thaïlande, a décidé de donner son usine à l’ONG Hagar International qui produit du lait de soja dont une partie est distribuée aux malades du sida.
* Le 19 juin, le CDCF (Forum de coopération pour le développement du Cambodge, qui remplace le Groupe consultatif), qui comprend 18 pays donateurs, ainsi que l’UE, la BAD, le FMI, le PNUD, accorde une aide de 689 millions de dollars au Cambodge, soit 15 % de plus que l’an dernier, et beaucoup plus que ne le demandait le gouvernement. Pour la première fois, la Chine a fait partie du CDCF et a promis 91 millions, le Japon reste le premier donateur avec 112 millions. La société civile, Global Witness entre autres, a fait pression sur le CDCF pour que cette aide s’accompagne d’engagements précis sur l’établissement d’une loi anti-corruption, respect de l’environnement, des forêts et des richesses naturelles… Pour beaucoup d’observateurs, cette aide semble être un encouragement à une administration corrompue.
SOCIÉTÉ
* Un sondage effectué auprès de 2 000 personnes, entre le 20 décembre et le 20 janvier, par l’International Republican Institute, tendrait à montrer que 71 % des Cambodgiens estiment que le pays « va dans la bonne direction », 82 % feraient confiance au gouvernement actuel. L’opposition s’insurge de ces conclusions, qui manifestent « un changement de cap à 150 % de l’administration américaine ». Ce changement de politique américaine est sensible en de nombreux domaines, les Etats-Unis fermant les yeux sur les violations des droits de l’homme par des régimes sur lesquels ils s’appuient dans leur politique d’encerclement de la Chine.
* On signale fréquemment des actes de violence ou des bagarres, des coups de feu de la part des fils de hauts dignitaires du régime. Certains sont emprisonnés, mais sont très rapidement libérés. Par exemple, le 10 mai au matin, une bagarre avec coups de feu éclate près d’un night club. Treize jeunes gens sont arrêtés, une vingtaine d’autres s’enfuient à bord de voitures luxueuses… Le 20 mai, un garde du corps tire des coups de feu (en l’air) pour effrayer la serveuse qui lui présente la note. Arrêté, il est relâché après intervention d’un puissant membre du gouvernement. Le lendemain, un homme tire sur un garçon de café qui doit fermer les portes de l’établissement, à 3 heures 40. Le garçon de café est blessé, l’agresseur n’est pas arrêté. Le 28 mai, la police a arrêté neuf étudiants, soupçonnés de pratiquer des vols à main armée. Norodom Charachak, fils de Chakrapong, employé au service des gardes du corps du ministère de l’Intérieur, est incarcéré pour possession de sabre de samouraï et de quatre épées. Le 4 juin, deux ban-des de jeunes nantis s’affrontent dans le jardin Hun Sen, faisant trois blessés par balles. Sept jeunes sont arrêtés, mais trois sont libérés sur intervention de leurs parents.
* Le 11 mai, le Conseil des ministres annonce une hausse spéciale de 25 % des salaires des 167 000 soldats et policiers à partir du 1er juillet. Officiellement, cette hausse de salaire est possible grâce aux bonnes recettes de l’Etat durant l’année 2006. A partir de 2008, les salaires augmenteront de 20 % au lieu de 15 % prévus. Si les intéressés accueillent la nouvelle avec satisfaction, (bien que 25 % de 20 ou 30 dollars mensuels ne représente pas une fortune !), l’opposition y voit une manœuvre pour rallier des voix lors des prochaines législatives. D’autre part, cette augmentation n’est pas prévue dans le budget de 2007 approuvé par l’Assemblée nationale, ce qui permet d’imaginer la gestion des ressources de l’Etat… Enfin, personne ne sait avec exactitude combien de soldats sont actuellement sous les drapeaux.
* Selon un classement de l’Economist Intelligence Index visant à mesurer le degré de paix de chaque pays, le Cam-bodge est au 85ème rang, avant les Etats-Unis au 96ème rang.
Mouvements sociaux

Un rapport du BIT (Bureau international du travail), rendu public le 1er juin, affirme que les conditions de travail portant sur 80 % des 287 usines cambodgiennes de confection, regroupant 337 000 employés (dont 92 % de femmes), se sont améliorées. En six mois, cependant 45 usines ont été confrontées à des mouvements de grève. Un seul cas de travail de mineur est signalé. Le représentant du SIORC (Syndicat indépendant des ouvriers du Cambodge) dément immédiatement ce rapport et accuse le BIT de vouloir plaire aux patrons. Malgré cette amélioration, on signale de nombreuses entorses au code du travail occasionnant plusieurs manifestations:

* Le 3 mai, une grève commencée le 23 avril dans l’usine de confection textile L.A, dégénère : on déplore sept blessés, dont deux personnes du service d’ordre. Les ouvriers réclament le départ du responsable de l’administration qui oblige les ouvriers à faire des heures supplémentaires.
* Le 17 mai, 300 ouvriers du chantier de construction du casino-hôtel Naga manifestent pour réclamer que cinq ouvriers licenciés pour être rentrés en retard des fêtes du Nouvel An soient réembauchés. Ils demandent que les salaires des travailleurs cambodgiens (deux dollars par jour) soient alignés sur ceux des travailleurs vietnamiens (cinq dollars). Après un accord conclu le 18 mai, la direction licencie 48 ouvriers qui ont participé à la grève, prétextant que leur travail est achevé, et puisque ce sont des journaliers et qu’ils n’ont pas de contrat de travail, ils ne peuvent réclamer quoi que ce soit. Cet hôtel Naga doit, de plus, depuis le 25 mai, détruire une partie de son bâtiment qui est trop proche du nouveau ministère des Affaires étrangères. Le 28 mai, la direction accepte de réembaucher 36 ouvriers licenciés et de les payer de trois à cinq dollars par jour selon leurs compétences.
* Le 18 mai, environ 100 policiers dispersent plus de 1 000 grévistes de l’usine River Rich de Saang, à coups de grenades lacrymogènes et en tirant des coups de feu en l’air. Les grévistes menacent de brûler des vêtements destinés aux marques Zara, H&M et Inditex SA, produits par l’usine, pour attirer l’opinion de ces multinationales sur le sort des 30 syndicalistes licenciés depuis 2006, ainsi que les violations du Code du travail très fréquentes dans l’usine. Le 4 juin, le patron dit avoir perdu 800 000 dollars du fait des grèves, et menace de fermer l’usine. Après trois jours de négociations, menées en partie sous la présidence, entre autres, du représentant des acheteurs, les syndicalistes sont réembauchés et ont droit à une indemnité. Le patron s’engage à ne plus faire de discriminations à l’égard des syndiqués.
* Le 8 juin, l’Assemblée nationale vote deux amendements au Code du travail, fixant le salaire du travail de nuit à 130 % du salaire de jour (le SIORC demandait 200 %). Le « travail de nuit » est compris entre 22 heures et 5 heures du matin. D’après le Premier ministre, ces amendements pourraient créer 250 000 emplois nouveaux en améliorant la productivité des entreprises khmères et en attirant de nouveaux investisseurs. Ce travail de nuit ne concerne cependant que dix des quelque 400 usines.
Conflits fonciers et échanges opaques

En dépit de tous les engagements pris par le Premier ministre durant les derniers mois, aucun des conflits fonciers n’est résolu, mettant en péril la paix sociale des campagnes.

* Le 4 mai, une trentaine de villageois, représentant 500 familles, manifestent devant l’Assemblée nationale pour protester contre une société chinoise qui a défriché plus de 2 000 hectares de leurs terres à Lovéa Em (Kandal). Cette société aurait reçu ce terrain en concession du Conseil des ministres.
* Le 4 mai, le « Groupe 78 », représentant les familles qui occupent un terrain le long du Bassac, menacées d’expulsion par la municipalité, fait son propre projet de développement du terrain, dessiné par des étudiants en architecture de Norton University. Ce projet comprend cinq bâtiments de quatre étages. En cas de refus, ces 146 familles demandent un dédommagement de 550 dollars par m², selon le prix actuel. Cependant, aucune entreprise n’est intéressée à investir. La municipalité refuse, affirmant que ce terrain est propriété de la municipalité, et qu’il a été vendu à une société privée (sans doute Sun Srun).
* Le 24 mai, les villageois de O Yadaw qui ont porté plainte le 23 janvier contre Kéat Kolney, sœur du ministre des Finances qu’ils accusent de les avoir dépossédés de 500 hectares de terres, refusent tout arrangement à l’amiable : elle voulait leur rendre 50 hectares, ou leur construire une école de trois classes, ou leur donner un peu d’argent. Les Montagnards, quant à eux, voudraient donner 50 hectares pour les soldats handicapés, destination initiale du projet, et retrouver le reste de leurs terres. Désormais, l’affaire est dans les mains de la justice. Une délégation de cinq Jarais, propriétaires des terres, se rend à Phnom Penh avec leurs avocats, pour tenter, en vain, de rencontrer Im Chhum Lim, mari de Kéat Kolney, et ministre de l’Aménagement du territoire.
* Le 30 mai, des habitants de Sambuor (Kompong Speu) se trouvent nez à nez avec un tank équipé de mitrailleuses et une quarantaine de militaires qui défrichent leurs terres.
* Un bâtiment de Phnom Penh abritant trois services gouvernementaux est accordé à une société dont on ignore le nom, en échange de 100 000 dollars et la construction de deux nouveaux bâtiments. Aucun appel d’offres n’a été lancé.
* Le 21 mai, on annonce que le terrain de 14 170 m² où est installé la logistique du ministère de l’Intérieur, dans l’enceinte du Palais royal de Phnom Penh, et revendiqué par la famille royale comme appartenant aux gardes du palais, est attribué en concession à l’incontournable Phéapimex, sans appel d’offres.
* Le bâtiment abritant le Comité national contre les désastres, l’Autorité nationale d’action contre les mines et le Comité gouvernemental des droits de l’homme, placé sur le boulevard Monivong, est bradé à une société dont on ne révèle pas le nom, pour 100 000 dollars. Cette société doit également construire deux bâtiments. Le tout sans appel d’offres.
* Le 8 juin, 90 villageois de Bavel manifestent contre l’arrestation abusive de six d’entre eux, accusés d’avoir cultivé une terre en conflit qu’ils occupent depuis 1992, vendue à des hommes d’affaires en 1999 par les autorités locales.
* Le 8 juin, les 315 artistes du théâtre brûlé en 1994 demandent une indemnité de 715 dollars à prendre sur la vente du théâtre à une société privée, pour quitter les lieux, et aller s’installer en face de l’ambassade de Chine où est construit un nouveau théâtre de 300 places, sur un terrain de 5 000 m². L’administration ne leur propose que 300 dollars. Les deux hectares sur lesquels était construit le théâtre valent 1 800 dollars le m², soit une valeur totale de 36 millions.
* L’ex-casino-hôtel du Bokor, construit dans les années 1920, est donné à la Sokimex qui le reconstruira.
Education

L’Education nationale dans le secondaire, et dans une mesure moindre dans le primaire, est dans un état catastrophique. Les enseignants y font rarement la classe. Il n’y a pratiquement plus de cours gratuits. Les élèves doivent tout payer, y compris la bienveillance des surveillants des examens. C’est l’avenir du pays qui est en jeu. Quelques réactions courageuses commencent à se manifester.

* Les élèves du lycée de Damdèk (province de Siemréap) manifestent et obtiennent le départ du directeur et du vice-directeur de leur lycée, accusés de coups et blessures sur leurs élèves. Le gouverneur accuse l’opposition d’avoir monté les élèves contre la direction du lycée.
* Environ 400 élèves et des enseignants non titularisés de Batyambang signent une plainte contre un directeur d’école primaire accusé de corruption et de détournement d’argent.
* Le 23 mai, les enseignants d’un lycée de Phnom Penh, soutenus par les élèves, demandent le renvoi du directeur et de ses deux adjoints, pour avoir puni sévèrement les élèves, pour s’être servi dans la subvention des « projets d’action prioritaire », et pour avoir réclamé de l’argent aux élèves et parents.
* L’Union européenne doit débloquer plus de 13,5 millions de dollars au ministère de l’Education nationale pour atteindre ses objectifs « éducation pour tous », d’ici 2010.
* Le 8 juin, une société sud-coréenne accorde un don de 7,5 millions de dollars pour construire 300 bâtiments scolaires.
* Le 11 juin, dix Cambodgiens (cinq hommes et cinq femmes) sont sélectionnés pour suivre gratuitement une formation à l’université Fullbright aux Etats-Unis. Ils rejoindront huit autres étudiants cambodgiens qui y suivent déjà cette formation.
Santé
* A la fin avril, l’Australie et la Banque mondiale accordent un don respectivement de 11 et de 1,2 millions de dollars pour des projets de prévention de la grippe aviaire. Le 17 mai, les Etats-Unis font un don de 4 500 équipements de protection contre la grippe aviaire. Ils promettent un don de neuf millions de dollars.
* Le 11 mai, l’hôpital franco-vietnamien d’Hô Chi Minh-Ville ouvre un bureau à Phnom Penh pour organiser le transport et les soins à Hô Chi Minh-Ville. La santé cambodgienne est de plus en plus dans la main des étrangers. Le Cambodge comprend neuf hôpitaux nationaux, 69 hôpitaux de référence, 79 postes de santé et 996 centres de santé.
* Grâce aux accords signés par Bill Clinton avec les firmes pharmaceutiques indiennes, à partir du 1er juillet, les 134 000 Cambodgiens malades du sida pourront bénéficier des traitements antirétroviraux de la seconde génération pour moins d’un dollars par jour (contre environ neuf précédemment).
* Les Français peuvent à nouveau adopter des enfants cambodgiens par le biais de l’Agence française pour l’adoption (AFA), ou par l’ONG Enfants du monde. Ces adoptions étaient bloquées depuis 2003. Pour adopter, il faut verser la pension d’un enfant à l’orphelinat qui s’élève entre 800 et 900 dollars, auxquels il faut ajouter les frais variant entre 5 000 et 10 000 dollars. Huit cent quatre vingt cinq enfants cambodgiens ont été adopté par des Français depuis 1991.
* Une épidémie de dengue (fièvre hémorragique) a déjà fait 7 500 malades depuis le début de l’année, causant la mort d’au moins 130 enfants (seuls sont dénombrés ceux qui sont morts dans un hôpital). On prévoit 16 000 malades avant la fin de l’année.
Déminage
* Le 26 mai, un second contingent de 139 démineurs cambodgiens est envoyé au Soudan dans le cadre de l’ONU. Le premier contingent de 135 hommes rentre le 28 mai, après avoir déminé une route sur plus de 200 km, retiré 1 123 mines antipersonnel, 1 074 mines jetées dans des fosses, 108 mines antichar et 892 engins non-explosés. Les démineurs reçoivent un salaire d’environ 1 000 dollars de la part de l’ONU, en plus de leur salaire cambodgien (25 dollars).
* En avril, 31 personnes sont mortes ou blessées par explosion de mines et objets non explosés. Cela représente une diminution de 40 % par rapport au même mois de 2006, et de 24 % par rapport au mois précédent. Par contre, en avril, on déplore 146 morts et 697 blessés par accidents de la route. Désormais, la route tue en moyenne quatre personnes par jour.
Justice
* Le 10 mai, 34 nouveaux avocats prêtent serment devant la cour d’appel. Quatre fonctionnaires sont titularisés, après avoir déboursé 2 000 dollars. Quarante-quatre nouveaux candidats doivent payer 500 dollars de frais d’inscription.
* Le 7 juin, l’Assemblée nationale adopte à l’unanimité le nouveau Code de procédure pénale de 612 articles, fruit de dix ans de travail, en remplacement du code de l’Apronuc (1993), qui n’en comprenait que 228. Rédigé par le ministère de la Justice avec l’appui technique de la coopération française, ce code est la deuxième des huit lois fondamentales adoptée après le Code de procédure civile rédigé avec l’aide du Japon. Le Code pénal pourrait être examiné par les députés avant la fin de l’année.
* En 2006, un rapport sur la corruption dans le monde plaçait le Cambodge au 151ème rang sur 163 examinés. L’ONG Transparency International vient de publier un rapport sur la corruption du système judiciaire qui qualifie les juges comme « les fonctionnaires les moins fiables » du royaume.
* L’association de défense des droits de l’homme Adhoc estime qu’au moins 33 jeunes sont en détention préventive, sans jugement, dans la prison de Prey Sâr pour une durée comprise entre 1 et 157 jours.
Droits de l’homme
* Le 17 mai, Le Tri Hué, dissident politique vietnamien réfugié au Cambodge, disparaît, alors qu’il était sous la protection de l’UNHCR. Déjà en juillet 2004, un autre dissident vietnamien réfugié au Cambodge avait été kidnappé par les services de Hanoï.
* Plusieurs ONG, journaux, organisations de défense des droits de l’homme, font du lobbying pour demander la libération des deux jeunes gens accusés d’être les auteurs de l’assassinat de Chéa Vichéa, le 22 janvier 2004, condamnés à 20 ans de prison lors d’un procès inique. Le 12 mai, le roi Sihanouk, convaincu de l’innocence des deux condamnés, accorde 1 200 dollars aux deux familles.
* Le 28 mai, la Commission asiatique des droits de l’homme félicite la Conseil suprême de la magistrature pour avoir adopté un code éthique pour les juges. S’il est appliqué « il deviendra un remède à la corruption pandémiquerenforcera l’indépendance du judiciaire… et constituera une solide fondation à un Etat de droit ».
* Du 29 au 31 mai, Yash Ghai, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’observation des droits de l’homme, effectue sa troisième visite officielle au Cambodge, pour discuter avec le gouvernement et les ONG du rapport qu’il doit remettre à l’ONU le 12 juin. Hun Sen refuse de le recevoir, furieux du dernier rapport dans lequel le diplomate affirmait qu’au Cambodge « tous les pouvoirs étaient concentrés dans les mains d’un seul homme dont beaucoup semblaient avoir peur ». Seul Sar Kheng, ministre de l’Intérieur, le reçoit et demande que soient apportées des corrections, que soient signalées les avancées positives du gouvernement (ce que fait d’ailleurs le rapport). Hun Sen se contente de propos méprisants à son encontre et contre l’ONU.

* Le jour même de l’arrivée de Yash Ghai, trois associations de défense des droits de l’homme (Adhoc, Licadho, FIDH), dénoncent le peu de progrès réalisés concernant les droits de l’homme en 2006, et insistent, au contraire, sur les meurtres politiques, la restriction du droit d’expression, les expulsions et les conflits fonciers dont sont responsables les autorités.

DIVERS

Le 7 mai, Norodom Singha Rath, fils de Norodom Kantol, préside les fêtes du sillon sacré. Au terme de la cérémonie, un bœuf mange du maïs, l’autre refuse de manger, ce qui laisse présager une mauvaise récolte de riz. Le ministre de l’Agriculture se doit de faire une mise au point : la récolte dépend du travail, non de l’appétit des bœufs.

* Une espèce rare de tortue d’eau douce géante, dont la carapace est faite d’une peau caoutchoutée, est découverte au Cambodge, dans la province de Kratié. Elle peut atteindre 2 mètres de longueur et peser plus de 50 kg.
* Le 26 mai, le prix France Culture Cinéma est décerné à Rithy Panh pour l’ensemble de son œuvre. En 2001, il avait déjà reçu le prix Albert Londres pour S-21, La machine à tuer khmère rouge.
Sport
* Ironie du sport, le 12 mai, l’équipe Khmémara, fondée par Ranariddh, qui avait été remplacée au dernier moment, l’an dernier, par celle créée par Hun Sen pour les Sea Games de Malaisie, a gagné la coupe Hun Sen.
* Le 23 juin, le champion cambodgien de boxe, Eng Pouthang, venu disputer un match de boxe khmère (appelée abusivement « boxe thaïe »), est battu par le boxeur français Aurélien Aduarte.
Art
* Quatorze jeunes artisans cambodgiens membres des Artisans d’Angkor sont partis en août dernier en France et onze autres le 7 juin 2007, pour décorer un château français datant du XVe siècle, sis en Dordogne, propriété d’un riche britannique.
* A partir du 5 mai, 120 sculptures khmères du IXe au XIIIe siècle, provenant du musée de Phnom Penh, du musée Guimet de Paris et du musée asiatique de Berlin, sont exposées à Berlin.
* A partir du 1er octobre, les 150 guides francophones d’Angkor augmenteront leurs tarifs, les faisant passer de 20 à 30 ou 35 dollars par jour.
Accident aérien
Le 23 juin, un Antonov 24, transportant 22 touristes, dont 13 Sud-Coréens, s’écrase dans la chaîne du Bokor. Le neveu de Heng Samrin fait partie des victimes. La chaîne de montage des Antonov est suspendue depuis 1978. Ce type d’appareil a connu 125 accidents, et causé la mort de 1 751 personnes.