Eglises d'Asie

Pendjab : parce qu’ils ont reçu des menaces de mort, des chrétiens sont inquiets

Publié le 18/03/2010




Les habitants d’un village chrétien du Pendjab sont terrifiés après avoir reçu des lettres de menaces et des appels téléphoniques les sommant de se convertir à l’islam ou de mourir. Six pasteurs, quatre responsables politiques et des travailleurs sociaux ont reçu des lettres anonymes, le 8 juin dernier, à Shantinagar, une petite ville de 30 000 habitants. Le 18 juin, le Rév. Lamuel Daniel, de la Mission pentecôtiste, a reçu un appel téléphonique demandant que tous les destinataires des lettres et des appels se convertissent « ou sinon nous commencerons les opérations ». Le pasteur Daniel, 50 ans, a expliqué à l’agence Ucanews qu’il avait reçu cet appel à 10 h 40 du matin et que, dix minutes plus tard, il en recevait un autre, semblable au premier mais venant d’un numéro différent.
La Commission ‘Justice et Paix’ (NCJP) de la Conférence des évêques catholiques a reçu une copie d’un de ces courriers : « Nous espérons que vous avez réfléchi à notre lettre affectueuse. Nous nous réjouissons de vous voir embrasser l’islam et demandons instamment aux membres de votre famille d’entrer elle aussi dans celle de l’islam. Acceptez l’islam ou comptez les jours qu’il vous reste. Nous connaissons tout de votre rôle actif dans votre religion et vos réunions. Nous savons aussi où vous allez et ce que vous faites. Nous vous tuerons. Si vous aimez la vie, faites ce que nous disons, ou nous ferons de vous et de votre famille un avertissement pour le monde. » La lettre conclut : « Ne considérez pas cela comme une menace ; nous pouvons vous nuire même à cette heure-ci. Embrassez l’islam ou préparez-vous à mourir. »

 

Les destinataires de ces lettres ont porté plainte auprès de la police, demandant à être protégés et que les auteurs de ces menaces soient arrêtés. La police n’a toutefois pas enregistré officiellement leur plainte. « Il s’agit de méchancetés issues de votre propre communauté », a déclaré au pasteur Daniel, un policier du district de Khanewal, près de Shantinagar. Depuis, des prières sont dites régulièrement par les chrétiens dans les dix chapelles de la ville pour la sauvegarde des familles. La police ne monte pas la garde aux abords des chapelles, mais deux policiers parcourent les rues en motocyclette pendant les heures de culte. Huit ou dix chrétiens patrouillent la nuit.

L’Armée du Salut s’est établie à Shantinagar avant la partition de 1947. La ville a été sous les projecteurs de l’actualité en 1997, quand une foule de musulmans détruisit 800 maisons et profana 13 lieux de culte à coups de cocktails Molotov. Suite à cet incident, 350 plaintes ont donné lieu à des poursuites judiciaires, mais le rapport d’enquête préparé par le tribunal désigné par le gouvernement n’a pas jamais été rendu public.

Ce nouvel incident à Shantinagar fait suite à celui qui s’est produit dans la Province de la frontière du nord-ouest, où des chrétiens, à Charsadda, le 7 mai, ont reçu des lettres similaires (1). La tension de Charsadda s’est apaisée après que Mgr Mano Rumal Shah, de l’Eglise (anglicane) du Pakistan, a pardonné à deux musulmans que la police avait arrêtés. L’évêque leur a pardonné en plaçant ses mains sur leur tête pendant une « jirga », une assemblée des anciens réunie pour résoudre les disputes. Une pratique fréquente parmi les populations pachtounes.