Eglises d'Asie

Selon le cardinal Zen, la lettre du pape aux catholiques chinois ne doit pas être interprétée comme un encouragement aux « clandestins » à rejoindre les rangs des « officiels »

Publié le 18/03/2010




Pressé de questions par la presse hongkongaise qui l’interrogeait le 5 juillet dernier sur la signification de la lettre que le pape Benoît XVI a adressée aux catholiques chinois, le cardinal Zen a répondu qu’il ne fallait pas interpréter ce texte comme un encouragement donné aux « clandestins » à rejoindre les rangs des « officiels », au nom de l’unité de l’Eglise catholique en Chine.

La décision de « faire surface » est une décision complexe, a précisé l’évêque de Hongkong. « Presque toujours », la procédure de reconnaissance par les autorités implique, pour le clergé « clandestin », d’enfreindre la discipline de l’Eglise en étant obligé de rejoindre l’Association patriotique, dont les principes sont inconciliables avec ceux de l’Eglise catholique, et de concélébrer la messe avec des évêques illégitimes car ordonnés sans mandat papal. Le cardinal a ajouté qu’il estimait que la pensée du pape était ouverte quant au fait de savoir si le clergé « clandestin » devait ou non « faire surface ». Le clergé « clandestin » ne peut prendre cette décision que si les autorités chinoises ne lui imposent pas leurs conditions pour le faire, a-t-il conclu.

Interrogé sur la réaction des autorités chinoises à la lettre, le cardinal a répondu qu’il était plutôt heureux de constater que la réponse initiale avait été modérée, contrastant avec celle qui avait accompagné la canonisation de 120 martyrs de l’Eglise en Chine, le 1er octobre 2000. A cette époque, des évêques « officiels » avaient été sommés de dénoncer l’attitude du Vatican, qualifiée d’hostile envers la Chine. Par ailleurs, des sources catholiques de Chine continentale ont indiqué que les autorités chinoises avaient donné comme consigne aux évêques « officiels », réunis non loin de Pékin les 28 et 29 juin dernier (1), de réagir « avec calme » à la lettre du pape. Un haut responsable chinois a toutefois signifié, lors de cette réunion, que les principes d’indépendance qui sont ceux de l’Association patriotique étaient toujours d’actualité. Aux évêques, ce haut responsable a lancé : « Nous vous avons servis du maotai, le meilleur alcool de Chine. Après y avoir goûté, vous n’avez plus besoin de vin étranger. »

Au sujet des nominations d’évêques, un des principaux points d’achoppement entre Rome et Pékin, une information intéressante est parue dans l’édition du 5 juillet du Wen Wei Po, quotidien pro-Pékin de Hongkong. Dans les provinces du Guangzhou, du Guizhou, du Hubei (pour le diocèse de Yichang) et dans le Ningxia, des diocèses ont déjà élu leur candidat à l’épiscopat et attendent que ces candidatures soient entérinées par la Conférence des évêques « officiels » de Chine. Une fois les candidatures approuvées, les ordinations auront lieu dans les trois mois qui suivent, comme le veut l’usage, peut-on lire dans le journal, qui cite « une personne autorisée ». Cette dernière précise que l’Eglise de Chine continuera à ordonner des évêques en fonction des besoins qui se font jour dans les diocèses, sans accélérer ou ralentir le processus du fait de la lettre du pape. Celle-ci ne contient pas de surprises, ajoute peu de nouveautés et « répète un discours rebattu » sur les points fondamentaux. Le pape a intentionnellement évité la question de Taiwan et refuse de prendre en compte la situation présente de la Chine lorsqu’il aborde le problème de la nomination des évêques, ajoute encore cette source anonyme.