Eglises d'Asie

Sur le continent, des sites Internet catholiques ont reçu l’ordre de retirer de leurs pages la lettre du pape aux catholiques de Chine

Publié le 18/03/2010




Dans les heures qui ont suivi la publication de la lettre du pape Benoît XVI aux catholiques de Chine, des sites Internet catholiques sur le continent ont téléchargé la version chinoise du texte pour la mettre en ligne sur leurs pages. La lettre est parue le 30 samedi juin dernier, à midi heure de Rome et six heures du soir heure de Pékin, en italien, en anglais, en français ainsi qu’en chinois (en caractères classiques et en caractères simplifiés, en usage sur le continent). Toutefois, le lendemain, la plupart de ces sites avaient retiré la lettre du pape. Selon le prêtre responsable d’un de ces sites, dûment enregistré auprès des autorités, ce retrait a été effectué sur ordre des autorités chinoises. En surfant sur les sites catholiques accessibles depuis Hongkong, on ne trouvait, le 2 juillet, que cinq sites catholiques, gérés presque tous par des catholiques « clandestins », portant le texte signé de Benoît XVI. Le 6 juillet, seuls trois sites de catholiques « clandestins » affichaient la lettre.

Le prêtre cité ci-dessus a précisé qu’il avait reçu la visite de représentants des autorités le 29 juin. Il avait alors été question de la lettre du pape, mais il ne lui avait pas été dit explicitement qu’il ne pourrait pas la publier. Au soir du 30 juin, il a donc choisi de la télécharger à partir du site du Vatican et de la reproduire sur son site afin de lui donner la plus large diffusion possible. Selon lui, « les sites catholiques en Chine doivent publier cette lettre ». Dès le dimanche matin, il était averti qu’il n’avait pas l’autorisation de le faire. « En réalité, ce n’est pas la première fois que nous recevons des instructions de ne pas publier telles ou telles nouvelles ou tels ou tels documents sur Internet, notamment en ce qui concerne les relations sino-vaticanes ou les déclarations du cardinal Zen de Hongkong », souligne-t-il, ajoutant qu’en l’espèce, il n’avait pas le choix, sauf à voir son site fermé ou exposé à « des problèmes ». Il précise que cette décision des autorités indique que le pape a raison lorsqu’il dénonce les ingérences du gouvernement dans les affaires religieuses et que la liberté dont jouit l’Eglise en Chine est loin d’être entière.

Sur certains sites catholiques qui connaissent une forte fréquentation, des annonces avaient été postées avant le 30 juin à propos de la publication imminente de la lettre du pape. Les internautes étaient invités à se connecter ce jour-là pour y lire la lettre. Le jour-dit, la lettre n’est pas apparue, bien que des nouvelles à propos de l’actualité au Vatican aient été mises à jour. Ainsi que l’indique l’agence Ucanews, à partir de Hongkong, il semble évident que les autorités ont passé des instructions aux gestionnaires des sites pour leur interdire de publier la lettre. On peut aussi noter que la déclaration du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères au sujet de la lettre a, elle, bien été mise en ligne sur ces sites catholiques (1).
Toutefois, comme le pape l’écrit au paragraphe 18 de sa lettre, « des opportunités et des facilités de communications plus grandes » existent aujourd’hui en Chine et font qu’on peut espérer que la lettre parviendra néanmoins aux catholiques chinois malgré cette censure sur Internet. De manière générale, le site du Vatican et celui du diocèse de Hongkong sont difficiles d’accès à partir du territoire de la Chine continentale. Ils sont la plupart du temps bloqués, ainsi qu’un certain nombre d’autres sites catholiques internationaux (tels celui des Missions Etrangères de Paris). Cela n’empêche toutefois pas les internautes chinois, y compris les catholiques, de s’y connecter via des sites tiers et d’accéder ainsi à leur contenu. A ce sujet, un prêtre de Hongkong remarque qu’il s’attendait à ce que la lettre du pape soit bloquée dès sa parution à Rome, sur le site du Vatican. Or, cela n’a pas été le cas et on peut être certain que les catholiques chinois qui ont eu le temps de la télécharger la font circuler sur la Toile, commente ce prêtre.