Eglises d'Asie

Caritas Sri Lanka aide les travailleurs apatrides et sans papiers des plantations de thé à obtenir un statut civil

Publié le 18/03/2010




Au Sri Lanka, des milliers d’ouvriers apatrides qui travaillent dans les plantations de thé n’ont aucune existence civile. Ils pourraient bientôt obtenir une carte d’identité nationale, grâce au travail de Caritas Sri Lanka, qui défend leur cause.
Plus d’un siècle après que les colons anglais ont « importé » au Sri Lanka des travailleurs tamouls de l’Inde voisine, pour cueillir le thé et récolter le latex, beaucoup de leurs descendants aujourd’hui ne possèdent pas de carte d’identité nationale ou de carte d’électeur.

 

Pourtant, après une réunion de travail organisée à Dehiowita, une région montagneuse couverte de plantations de thé, les autorités du gouvernement local du district de Kegalle sont parvenues à un accord avec des représentants d’Eglise, pour doter les ouvriers agricoles d’une carte d’identité et enregistrer leurs noms sur les listes électorales. Le groupe catholique d’entraide sociale avait tenu ses assises le 2 août dernier, dans l’auditorium du secrétariat divisionnaire de Dehiowita. Parmi les 150 participants se trouvaient des représentants syndicaux, les autorités locales et des ouvriers catholiques du diocèse de Ratnapura dont dépend le district de Kegalle.

 

Le Centre de développement économique et social (SEDEC), connu aussi sous le nom de Caritas Sri Lanka, avait déjà organisé ce type de rencontre dans les diocèses de Kandy et de Badulla, ces trois dernières années. Les partis politiques, les syndicats et les ONG organisent occasionnellement des actions pour aider les ouvriers des plantations à obtenir des cartes d’identité. En 2000, par exemple, le gouvernement leur en avait déjà fourni un millier.

 

Le problème des souffrances endurées par les travailleurs de plantation a été abordé lors de cette dernière rencontre. D’après Sinnapichchai Anthonymuthu, chargé des relations publiques de l’association catholique, plus d’un million d’ouvriers des plantations, soit 5 % des 20 millions d’habitants du pays, vivent dans les plantations de thé ou d’hévéas. Bien qu’ils soient l’élément essentiel de l’industrie locale du thé de Ceylan, de renommée mondiale, et que la plupart soient nés au Sri Lanka, « ce sont les plus pauvres des pauvres du pays ». Ils travaillent durement pour de maigres salaires et, le plus souvent, vivent dans des logements précaires aux conditions sanitaires mauvaises (1).

 

Sinnapichchai Anthonymuthu a également indiqué que chaque citoyen sri lankais était habilité à voir son nom inscrit sur les listes électorales mais que beaucoup de ces ouvriers étaient privés de droits civiques, car une carte d’identité est nécessaire pour s’inscrire sur les listes électorales, et qu’étant analphabètes, ils n’étaient pas en mesure de présenter aux autorités les documents nécessaires.

 

Sœur Rita Janet a démontré aux participants que l’absence de carte d’identité empêchait les gens d’en obtenir une. « Ils ne peuvent se rendre en ville pour obtenir leur carte », a expliqué la religieuse qui travaille au service du SEDEC, car les forces de sécurité l’exige à l’entrée des bureaux administratifs, personne n’étant autorisée à pénétrer dans ces locaux sans pièce d’identité.

 

Un fonctionnaire a également évoqué l’obligation de prudence dans la procédure d’enregistrement, du fait de la guerre civile qui fait rage entre les rebelles tamouls du LTTE et le gouvernement de Colombo.

 

W. M. Abeywickrema Balasuriya, secrétaire adjoint du district de Kegalle, a expliqué, pour sa part, que beaucoup de personnes essayaient d’obtenir une carte d’identité en cachant leur véritable motivation : guerre civile, crime ou immigration. L’association catholique a répliqué qu’une minorité de gens ne pouvait pénaliser la majorité des autres. « Peut-être quune ou deux personnes peuvent essayer dobtenir une carte illégalement, a admis Sœur Janet, mais il y a davantage dinnocents qui souhaitent lobtenir. » La religieuse, assistante sociale dans une plantation, a ajouté que le SEDEC pouvait, si nécessaire, fournir la liste des familles aux autorités à la recherche d’informations.

 

W. M. Abeywickrema Balasuriya a promis à l’assemblée qu’il prendrait des dispositions : visites à domicile des intéressés et collectes de documents, afin de procurer une carte d’identité aux ouvriers agricoles de Kegalle. Un autre officiel a, quant à lui, suggéré aux autorités locales de développer des programmes de sensibilisation expliquant aux ouvriers des plantations leurs droits et la manière de se faire inscrire sur les listes électorales.