Eglises d'Asie – Chine
Hebei : arrestation d’un évêque « clandestin » et de plusieurs prêtres
Publié le 18/03/2010
Cinq jours auparavant, Mgr Jia Zhiguo avait été mis sous surveillance policière 24h sur 24 et toute personne venant lui rendre visite était contrôlée et empêchée de lui parler. Un prêtre et un laïc ont ainsi été incarcérés et interrogés pendant huit heures, avant d’être relâchés. Quelques jours auparavant, le Bureau des Affaires religieuses avait fait installer, devant l’église, une pancarte où on pouvait lire : « Association patriotique des catholiques chinois », que Mgr Jia Zhiguo s’était empressé d’enlever.
D’après la Fondation du cardinal Kung, depuis la publication, le 30 juin dernier, de la lettre du pape Benoît XVI aux catholiques chinois, le Bureau des Affaires religieuses avait prévenu l’évêque « clandestin » de Zhengding qu’il n’était pas autorisé à approuver publiquement cette lettre ni même à la publier, injonction qu’il a rejetée. Selon des sources locales, Mgr Jia Zhiguo, âgé de 73 ans, est une figure bien connue de l’Eglise « clandestine » de Chine. Après vingt ans de prison, il a été ordonné évêque en 1980 et il est surveillé de près par la Sécurité publique. Depuis janvier 2004, Mgr Jia a été arrêté à onze reprises. Bien qu’affaibli par la maladie, il continue de s’occuper d’une centaine d’orphelins handicapés qui vivent près de son domicile.
Dans le district de Qingyuan, le P. Wen Daoxiu, du diocèse de Baoding, a également été arrêté, le 15 août dernier, après avoir célébré une messe. Le prêtre « clandestin » souffre de problèmes cardiaques et les raisons de son arrestation sont inconnues. Le 27 décembre 2006, il avait déjà été arrêté avec huit autres prêtres « clandestins » de son diocèse, probablement dans le cadre des pressions exercées par les autorités pour contraindre le clergé « clandestin » à s’enregistrer auprès des structures « officielles ». Dix-sept jours plus tard, il était relâché pour raison de santé.
Selon Joseph Kung, président de la Fondation, « non seulement les actions du gouvernement sont contraires à l’esprit de la lettre du pape aux catholiques chinois, mais elles s’opposent également aux principes de respect des droits de l’homme et à l’esprit des Jeux olympiques. (…) Est-ce qu’un pays qui viole constamment les principes élémentaires de respect des droits de l’homme, mérite d’être l’hôte des Jeux olympiques de 2008 ? », s’est-il interrogé.
D’autre part, le P. Cui Tai, prêtre « clandestin » du diocèse de Xuanhua (2) a, quant à lui, été arrêté en juillet dernier et envoyé dans un camp pour une « session d’éducation ». Selon une source de l’Eglise locale, sa libération dépend de la réponse qu’il donnera aux autorités, qui le pressent de rejoindre l’Association patriotique des catholiques chinois. Il est l’un des deux prêtres pressentis par Mgr Thomas Zhao Kexun, évêque « clandestin », à sa propre succession (3).
Trois autres prêtres “clandestins”, les PP. Liang Aijun, 35 ans, Wang Zhong, 41 ans, et Gao Jinbao, 34 ans, tous trois originaires du diocèse de Xiwanzi, dans la province du Hebei, ont été arrêtés par des policiers en civil, le 24 juillet dernier, à Ximeng, dans la Région autonome de Mongolie intérieure, alors qu’ils se cachaient dans une maison tenue par des laïcs. Mgr Leo Yoa Liang, évêque “clandestin” du diocèse de Xiwanzi, est, quant à lui, porté disparu depuis juillet 2006.
Selon certains observateurs, cette multiplication d’arrestations dans la province du Hebei a probablement un lien avec la récente publication de la lettre du pape, bien diffusée dans cette région, où le clergé a également organisé des réunions d’information. D’autre part, il est fort probable que les autorités officielles exploitent la lettre du pape en faisant pression sur les responsables de communautés catholiques « clandestines » afin qu’ils rejoignent l’Eglise catholique « officielle » (4).
A un an de l’organisation des Jeux olympiques à Pékin, alors que la communauté internationale a les yeux tournés sur la Chine, les autorités chinoises semblent décidées à renforcer les mesures permettant de faire respecter leur politique en matière religieuse dans le cadre du contrôle et de la stabilité du pays, et éviter ainsi tout risque de débordement.