Guizhou : à Guiyang, l’évêque coadjuteur « officiel » du diocèse de Guizhou, a été ordonné à l’épiscopat avec l’accord du Saint-Siège et du gouvernement chinois

Afin d’assurer une transition en douceur de la direction du diocèse de Guizhou, Mgr Paul Xiao Zejiang succèdera automatiquement à l’évêque actuel, Mgr Anicetus Wang Chongyi, âgé de 89 ans, en cas de départ à la retraite ou de décès. Mgr Wang a présidé la cérémonie d’ordination et était assisté de Mgr Louis Yu Runchen, évêque « officiel » de Hanzhong, dans la province du Shaanxi, de Mgr Paul He Zeqing, évêque auxiliaire « officiel » de Wanzhou (Wanxian), dans la municipalité de Chongqing, et Mgr Joseph Ma Yinglin (2), évêque « officiel » de Kunming, dans la province du Yunnan. Mgr Ma Yinglin était le seul évêque présent à la cérémonie à exercer un ministère épiscopal sans mandat du pape (3). Une quarantaine de prêtres de la région ont concélébré la messe d’ordination avec les évêques.

Selon l’évêque coadjuteur du diocèse de Guizhou, des membres du gouvernement local et régional étaient également présents, parmi lesquels Wang Zuo’an, directeur adjoint du Bureau des Affaires religieuses au plan national, ainsi que des cadres du Front uni du Parti communiste.

Interviewé par l’agence Ucanews, le 10 septembre dernier, Mgr Xiao Zejiang, a déclaré que la plupart des membres âgés du clergé diocésain, affaiblis par l’âge ou les soucis de santé, n’ont pu participer à son ordination qui a duré trois heures, y compris Mgr Hu Daguo, évêque « clandestin » de Shiqian, âgé de 87 ans. D’après une source locale qui a requis l’anonymat, Mgr Hu Daguo, qui vit dans les locaux attenants à la cathédrale de Guiyang, reconnaît la légitimité de l’ordination épiscopale de Mgr Xiao, ce dernier ayant reçu un mandat pontifical. Il avait prévu de participer à son ordination, en signe d’unité, mais il a dû être hospitalisé deux jours plus tôt. Habituellement, Mgr Hu Daguo, qui souffre de problèmes d’estomac, concélèbre la messe avec Mgr Wang, l’évêque « officiel » du diocèse du Guizhou, et participe à différentes réunions, a précisé le nouvel évêque coadjuteur du Guizhou (4).

Deux jours avant l’ordination épiscopale de Mgr Xiao, le vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, Anthony Liu Bainian, interviewé par le China Daily, avait déclaré que « les sièges des diocèses vacants depuis longtemps doivent être pourvus et les évêques âgés doivent pouvoir être remplacés » (5). « Avec davantage de jeunes prêtres ayant gagné en expériences pastorales et en connaissances, nous allons certainement accélérer l’ordination de nouveaux jeunes évêques », précisant que le facteur clé qui retarde une amélioration des relations avec le Vatican réside dans le choix du type d’évêques à nommer : « Tandis que les catholiques chinois veulent choisir des prêtres ayant de bonnes connaissances religieuses et aimant le peuple et la patrie, le Vatican veut ordonner ceux qui s’opposent au Parti communiste », ajoutant que les catholiques chinois ne peuvent pas attendre une normalisation des relations bilatérales pour nommer des évêques.

La virulence du discours de Liu Bainian et le fait qu’une relativement large publicité a été donnée, dans le diocèse du Guizhou, au mandat pontifical de l’épiscopat de Mgr Xiao présentent un caractère paradoxal. Il semble toutefois que l’accord du pape à l’ordination du P. Xiao remonte à plusieurs mois. Dans d’autres diocèses, l’Association patriotique cherche à accélérer les ordinations de nouveaux évêques. Liu Bainian a ainsi laissé entendre que les sièges épiscopaux de Pékin, de Canton, du Ningxia, de Hohhot (Mongolie intérieure) et de Yichang (Hubei) pourraient ne plus rester très longtemps vacants. Selon les observateurs, le Saint-Siège a donné son accord à certains des candidats présentés, sans que cela ne laisse augurer d’une reprise des contacts entre le Vatican et la Chine. En août dernier, en visite aux Etats-Unis, le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le cardinal Bertone, avait déclaré à des journalistes que « la situation [était] suspendue » avec Pékin. « Nous attendons des signaux effectifs de la part du gouvernement chinois », avait-il confié.