Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er juillet au 31 août 2007
Publié le 18/03/2010
POLITIQUE<br />La vie politique des deux derniers mois est particulièrement atone. Les différents partis se restructurent en vue des élections législatives de 2008. Les changements d’allégeance sont courants, les idées important moins que les intérêts sonnants et trébuchants que chacun envisage d’obtenir dans cette société de type féodal.<br />FUNCINPEC<br />Le 2 juillet, Sisowat Thomico, fondateur du FSN (Front de la Société Nationaliste), qui avait rejoint le PNR (Parti de Norodom Ranariddh) le 27 mai, quitte le PNR pour rejoindre le Funcinpec, avec l’espoir que Ranariddh et d’autres feront de même. <br />Le 3 juillet, Lu Laysreng, premier vice-président du Funcinpec, demande à Ranariddh de reprendre sa position de président du parti. Le 15 juillet, Ranariddh rejette l’offre. Thomico craint que ce refus ne signifie la fin du parti royaliste.<br />Le 9 juillet, Ok Sochéat et Sérei Kosal, proches conseillers de Ranariddh, abandonnent le PNR pour rejoindre le Funcinpec. Tous deux sont nommés conseillers du gouverne-ment, avec rang de ministre.<br />Ranariddh écrit au « grand frère » Hun Sen, pour lui demander qu’aucune interférence politique n’ait lieu dans son procès en cours d’appel.<br />Le 14 août, 600 membres du Funcinpec de Pursat rejoignent le PPC, en présence de Ly Tuch, lui-même transfuge du parti. D’après le PPC, 3 000 membres du Funcinpec de Prey Veng ont rejoint le PPC depuis le mois d’octobre 2006. Le 23 août, ce sont 300 conseillers municipaux du PNR de Takéo qui rejoignent le Funcinpec, le 26, près de 1 000 militants de Bantéay Méan Chhey et de Siemréap font de même…<br />Parti des Droits de l’Homme (PDH)<br />Plusieurs personnalités politiques rejoignent le nouveau parti fondé par Kem Sokha : le 10 juillet, Son Soubert, membre du Conseil constitutionnel ; le 16 juillet, Pen Sovann, ancien Premier ministre de la RPK (1979-1991), fondateur du Parti du Soutien Khmer ; Ly Korm, président de la Fédération des syndicats des ouvriers, du tourisme et des services ; Mao Veasna, président du Mouvement des étudiants pour la démocratie. Le 22 juillet, le PDH tient son premier congrès dans le stade olympique de Phnom Penh. Kem Sokha en est élu président, Pen Sovann l’un des vice-présidents, aux côtés de Son Soubert et de Kéo Rémy.<br />PSR<br />Le PSR se restructure en vue d’une meilleure efficacité pour les élections de 2008. Le 11 juillet, Hor Sophéap secrétaire d’Etat à l’information (Funcinpec), et Khieu Rada, ex-délégué général du FSN rallient le PSR.<br />Parti du Peuple Uni de Cambodge<br />Le 17 juillet, un réfugié farfelu habitant Long Beach (Californie) lance un nouveau parti. Il se compare lui-même à Jayavarman VII, le grand roi angkorien.<br />Préparation des élections<br />Le 9 juillet, la Chine accorde des équipements pour le CNE (Comité National des Elections) d’une valeur de 1,3 million de dollars : moyens de communication, 250 ordinateurs, imprimantes et 29 000 kg de papier. A partir du 15 septembre, le CNE va recruter 245 employés intérimaires en vue des prochaines élections législatives de 2008.<br />Le 17 août, le CNE (Comité national des élections) révèle que plus de 650 000 noms vont être rayés des listes électorales. Selon le PSR, ce sont les noms de nombreux opposants au PPC. On lui répond que l’opération se continuera jusqu’au 20 octobre : aux gens de vérifier s’ils sont bien inscrits, et de se réinscrire éventuellement, en apportant des preuves. D’autre part, l’opération ne vient que de commencer, et ces chiffres ne représentent pas encore la totalité des électeurs « fantômes » (d’où le sérieux du dernier scrutin ?).<br />Assemblée nationale<br /> Le 7 juillet 2007, 7 777 personnes sont invitées à l’inauguration de l’Assemblée nationale nouvellement construite (le chiffre 7 porte bonheur !). Le bâtiment construit par le gendre du député CCP, Cheam Yeap, président de la Commission des finances, a coûté 29 millions de dollars, l’inauguration elle-même, 400 000 USD. Malgré les sommes colossales dépensées, les bureaux de certains députés n’ont ni téléphone, ni fax, ni ordinateur. « Il n’y pas d’argent et pas de budget pour cela, affirme le secrétaire général de l’Assemblée. Cela dépend uniquement des donateurs étrangers. » Les députés doivent apporter leur propre matériel.<br /> Un nouveau bâtiment de huit étages pour le Conseil des ministres, pour un coût de 49 millions de dollars, nécessite l’abattage de centaines de mètres cubes de bois précieux dans la province de Stœung Treng.<br />Diplomatie<br /> Hun Sen se rend en visite officielle en Inde pour trois jours, les 7-11 juillet, mais sa visite est écourtée, suite au décès de l’ancien Premier ministre, Chandra Shekhar.<br /> Le 30 août, le Premier ministre se rend en Malaisie pour la célébration du 50ème anniversaire de l’indépendance du pays.<br />MONTAGNARDS<br />Les proto-indochinois ont été repoussés dans la cordillère annamitique par les Khmers et les Vietnamiens durant les premiers siècles de l’ère chrétienne. Les frontières issues du protectorat ont divisé ces ethnies par une ligne imaginaire nord-sud tirée entre le Vietnam et le Cambodge, alors que les ethnies s’étendent d’est en ouest. Jadis, elles s’étaient regroupées dans le FULRO (Front uni de libération des races opprimées), combattu à la fois par Sihanouk et le Vietnam. En 1967, des exactions et spoliations de terrains avaient débouché sur la révolte Khmer rouge. Elles sont en bute à la rapacité des ethnies dominantes des deux côtés de la frontière, doublée d’une persécution politico-religieuse de la part du Vietnam.<br />Les réfugiés continuent d’arriver du Vietnam : le 1er juillet, l’UNHCR en ramène 15 à Phnom Penh. Un autre groupe de 12 a disparu. On suppose qu’ils ont été raflés par la police et renvoyés au Vietnam. L’UNHCR a recueilli quinze Montagnards durant la première semaine d’août.<br />Le 7 août, l’ambassade du Vietnam au Cambodge dément un cas de torture révélé par la Fondation montagnarde anti-vietnamienne et Human Rights Watch, qui se serait produit en juin. Cependant, l’UNHCR confirme un certain nombre de points cités par le rapport des ONG.<br />Le 7 août, selon l’ONG cambodgienne de défense des droits de l’homme ADHOC, la police cambodgienne arrête 30 Montagnards, dont quelques enfants, et les refoule au Vietnam. Huit personnes se cacheraient encore, mais la police interdit aux villageois de leur apporter de la nourriture. Le 21 août, 16 autres se cacheraient dans la jungle.<br /> Suite à la spoliation de leurs terres, le 10 août, les Tampouns (minorité ethnique de Ratanakiri) sont contraints d’enfreindre la tradition en enterrant un mort hors du cimetière traditionnel. Le vol d’un bloc de granit sacré sème le trouble dans la minorité Phnong de Mondolkiri.<br /> Plus de 150 Siengs de Kompong Cham se plaignent de ce que l’armée ait déboisé plus de 1 000 hectares de forêts leur appartenant. Un officiel local reconnaît que 500 hectares ont été accordés par concession à une société parfaitement inconnue.<br /> Plus de 180 familles de la minorité ethnique Djarai de O Ya Dav (Ratanakiri) portent plainte contre le général-médecin Kao Try de l’hôpital Préah Ket Méaléa pour s’être approprié 250 hectares de terres leur appartenant. Même le terrain de l’école et des locaux administratifs ont été volés !<br />Un Phnong de Mondolkiri se plaint d’avoir été arbitrairement incarcéré pendant plus de deux mois pour une histoire de terrain qu’un puissant lui aurait volé, et d’avoir dû payer 1 000 USD pour sa libération.<br />Le 10 août, Hun Sen donne 180 000 dollars sur sa cassette personnelle, pour la construction d’un théâtre à Banlung (Ratanakiri), pour préserver et promouvoir la culture montagnarde. Mong Rethy est chargé de la construction.<br />TRIBUNAL EXTRAORDINAIRE DES EX-RESPON-SABLES KHMERS ROUGES<br />La partie cambodgienne du Tribunal extraordinaire (TE) rend son premier rapport annuel qui prévoit de ne plus avoir d’argent à partir de janvier 2008. En 2006, la partie cambodgienne a dépensé 12,7 % du budget des 13,2 millions de dollars prévus pour les trois années, en principe devant être versés par le gouvernement. En 2007, seulement 6,8 millions ont été promis par des donateurs. Plusieurs ONG prennent ce rapport avec beaucoup de circonspection, qu’elles jugent « formel et superficiel ».<br />Depuis le 10 juillet, le Tribunal accepte les demandes d’avocats cambodgiens et étrangers pour défendre des prévenus. On pense qu’il y en aura entre 50 et 60.<br />Le DC-Cam (Centre cambodgien de documentation sur les Khmers rouges) publie une histoire des Khmers rouges en Anglais (2 000 ex.) et en khmer (3 000 ex.). 100 000 exemplaires seraient nécessaires. La version khmère d’une Brêve histoire du Cambodge est piratée.<br /> Le 18 juillet, le nom de cinq suspects de crime contre l’humanité sont transmis au TE, mais ne sont pas révélés publiquement pour faciliter l’arrestation des suspects. 14 000 pages de dossiers sont soumis à la cour, avec 350 témoignages.<br />On peut penser aux noms de Nuon Chéa (82 ans), ex-n°2, de Ieng Sary (ex-n°3) et de son épouse Khieu Thirith, de Khieu Samphan et bien sûr de Duch. D’aucun pensent encore à Méas Muth, beau-père de Ta Mok, « le boucher », actuellement conseiller de Hun Sen, à Kun Khin, également conseiller du Premier ministre… Certains demandent que plus de cinq suspects soient jugés, notamment un certain nombre de ceux qui travaillent actuellement dans le gouvernement, afin de justifier la somme de 56 millions de dollars alloués au tribunal.<br />Nuon Chéa, 82 ans, pense devoir être du nombre des suspects. Il est cependant plus inquiet par la maladie que par le tribunal. Il reconnaît avoir été le second après Pol Pot « Je suis le second du régime, je suis responsable pour tout ce qui est arrivé, mais je dois dire au peuple pourquoi les gens sont morts durant cette période. » Il considère le tribunal comme un « champ de bataille entre les patriotes et les envahisseurs ». Il refuse d’avance tout avocat, et assurera sa propre défense. Selon lui, Ieng Sary n’était pas impliqué dans les décisions d’arrestation. Encore moins Ieng Thirith, épouse de ce dernier.<br />La maison d’arrêt a été construite grâce à un don de 79 000 dollars en provenance de l’Inde. Une précédente maison d’arrêt a été construite par le Japon pour 45 000 USD sans que l’on sache à quoi elle servira. Chaque cellule possède des toilettes individuelles, avec douches, laverie, salle d’exercice et parloir communs.<br />Le 31 juillet, Kaing Kek Iev, alias Duch, directeur du centre de torture S-21, en détention préventive depuis 1999, est formellement inculpé de crime contre l’humanité, et transféré à la maison d’arrêt du TE. Kar Savuth, son avocat depuis huit ans, est assisté dans la défense de Duch par François Roux, avocat français qui a notamment défendu Zacarias Moussaoui. Il possède 30 ans d’expérience et a déjà participé à quatre tribunaux pour génocide. Mais Duch n’a pas les moyens de se payer de tels avocats (salaire net 74 000 dollars par an, plus 40 % de coûts professionnels ; un avocat étranger peut gagner jusqu’à 138 000 dollars par an).<br />Le 30 juillet, des tracts en anglais et en khmer, accusent le roi Sihanouk et la Chine de complicité avec les Khmers rouges. La police estime que c’est une tentative pour créer le chaos dans la société et une volonté d’obstruction à l’égard du TE. Le 24 août, le gouvernement rejette fermement la demande d’une ONG cambodgienne, basée aux Etats-Unis, de lever l’immunité royale pour permettre au TE d’enquêter sur le rôle du roi durant le régime Khmer rouge. Le 28 août, Hun Sen se refuse de demander la levée de l’immunité royale, et révèle les minutes d’une réunion des chefs Khmers rouges du 11 mars 1976 décidant d’« en finir une fois pour toutes avec Sihanouk ». Il devait rappeler ses enfants à Phnom Penh pour qu’ils soient exécutés. Sihanouk est lui-même victime, et non coupable. Il n’a dû sa survie qu’au Premier ministre chinois Zhou En Lai.<br />Le 9 août, le roi Sihamoni signe un décret nommant le juge You Bunleng, juge au TE, comme président de la Cour d’appel, en remplacement de Mme Ly Vuochleng, compromise dans une histoire de pots-de-vin lors de la libération des deux directeurs de l’hôtel Chhay Hour, condamnés pour trafic d’êtres humains.<br />Thong Ol, remplaçant de You Bunlaang, a un passé plutôt douteux sur le plan de la pratique juridique, dénoncé par nombre d’ONG.<br />Plusieurs observateurs cambodgiens et étrangers estiment que la nomination du juge You Bunleng est inconstitutionnelle, car faite par l’exécutif et non par le Conseil suprême de la magistrature, ce qui pose le problème de l’indépendance de la justice cambodgienne. D’autre part, la partie internationale du TE estime que cette nomination enfreint les accords passés avec l’ONU, car les juges sont nommés pour toute la durée de TE, et craignent pour l’indépendance de la partie cambodgienne, dont les juges peuvent être déplacés à tout moment par les autorités du pays. You Bun Leng, pour sa part, fait remarquer qu’il peut remplir les deux fonctions, comme la plupart des juges du TE qui en occupent plusieurs.<br />Le 30 août, le roi-père Sihanouk invite les membres internationaux du TE pour une réunion le 8 septembre, dans laquelle il expliquera ce qu’il a enduré sous les Khmers rouges. Cet entretien de trois heures sera filmé et diffusé sur toutes les télévisions cambodgiennes. En dehors de cette rencontre, il n’acceptera plus de parler au TE, alors qu’autrefois, il avait émis sa volonté d’y témoigner.<br />ECONOMIE<br /> L’hôtel le Royal de Phnom Penh (devenu Raffles) et le Grand Hotel de Siemréap (devenu Raffles Hotel) sont vendus à une société de Dubaï, pour la somme de 35 millions de dollars.<br /> Le 10 juillet, un rapport du Sénat américain demande l’interdiction d’entrée aux Etats-Unis des personnalités compromises dans la déforestation du Cambodge, signalées dans le rapport de Global Witness du 1er juin dernier. « L’octroi d’un visa pour les Etats-Unis est un privilège, non un droit. » Cependant, le même jour, le comité du Sénat recommande l’octroi d’une aide de 57 millions de dollars, dont 15 millions pour promouvoir la démocratie.<br /> L’épargne privée s’est élevée à 70 millions de dollars depuis cinq ans.<br /> Selon une déclaration du Conseil de développement du Cambodge, en date du 30 juillet, le gouvernement a vendu en leasing six îles au large de Sihanoukville et de Kampot, en échange d’un investissement de 627 millions de dollars. En septembre 2006, l’île de Koh Puos a déjà été vendue à une société russe pour 300 millions ; en février 2007 ; l’île de Takéo, en face de Sihanoukville, est louée à une société malaisienne. Le tout se pratique dans l’opacité la plus totale.<br /> Le 8 août commence la construction d’un golf chevauchant la frontière khméro-vietnamienne, à Bavet, sur 60 hectares en terres cambodgiennes et 120 en terres vietnamiennes, avec un hôtel 5 étoiles, un centre commercial, un village culturel et autres commerces. Ce projet représente 100 millions de dollars. Il est lancé par une société malaisienne. Il devrait entraîner la création de 10 000 emplois. Un autre terrain de golf est prévu à la frontière Cambodge-Laos-Vietnam.<br /> Le 16 août, le Conseil des ministres autorise la création de la 12ème Zone d’économie spéciale (ZES) à la frontière du Vietnam, dans le district de Mémot, sur une superficie de 122 hectares. Le but de la création de ces zones est d’attirer des investissements étrangers, spécialement japonais et vietnamiens, par des infrastructures modernes et des conditions avantageuses. Ces ZES devraient créer des emplois. Cependant, plusieurs économistes font remarquer que ces zones intègrent progressivement l’économie cambodgienne dans les économies vietnamienne et thaïlandaise. Les produits des zones en frontière vietnamienne sont à moins de 100 km du port de Hô Chi Minh-Ville, alors que le port de Kompong Som est à plus de 400, les routes, le carburant, l’électricité, les pots-de-vin le long des routes, sont chers au Cambodge. Déjà la presque totalité du caoutchouc part vers le Vietnam. La route Phnom Penh-Hô Chi Minh-Ville en reconstruction met aux produits cambodgiens à égale distance de Hô Chi Minh-Ville que du port de Kompong Som, mais à meilleur coût.<br />Inondations <br /> Les inondations, dues aux pluies de la mousson et surtout dues à la déforestation, ont affecté environ 50 000 personnes dans l’ensemble du pays, spécialement dans les provinces de Stung Treng, Kompong Thom, Ratanakiri, Préah Vihéar, Kratié et Koh Kong. Cependant, le PAM juge la situation pas suffisamment critique pour apporter son secours.<br />Environ 8 000 personnes sont déplacées dans la province de Ratanakiri à la suite des inondations de la Sésan à Lomphat et Kon Mon. 1 040 hectares de rizières sont perdus.<br />Dans la première quinzaine d’août, plusieurs milliers de familles de plusieurs districts de la province de Préah Vihéar (Chey Sen, Kulen, Choam Ksan) doivent être évacuées, 2 000 hectares de riz sont détruits, une centaine de bœufs sont noyés, de nombreux ponts et routes emportés.<br />AIDES ET INVESTISSEMENTS<br />Le 2 juillet, l’Australie annonce un don d’un montant de 150 000 dollars en équipement pour la section anti-terroriste de la police. La loi anti-terroriste a été votée par l’Assemblée nationale le 26 juin. Cette loi en 111 articles a été écrite avec le concours d’experts australiens.<br />Le 6 juillet, le gouvernement fait savoir qu’un accord a été signé depuis un an avec la société australienne Battle Mountain Minerals pour la prospection de minerais dans la région de la Queue de dragon (frontière commune avec le Laos et le Vietnam), à l’intérieur de la zone protégée qui couvre 322 500 hectares. La concession à la société australienne porte sur 180 000 hectares (la loi n’autorise que les concessions de 10 000 hectares!). La Banque mondiale pose des questions au gouvernement cambodgien sur le respect de la zone protégée, pour laquelle la BM a donné des fonds.<br />Le Vietnam se propose de construire un barrage de plusieurs millions de dollars sur la Sésan, afin de réguler le flux de ses eaux et éviter les conséquences fâcheuses occasionnées par le barrage vietnamien de Yali. Le Vietnam propose également la construction d’un barrage de 420 MGW au confluent de la Sésan et de la Srépok, un autre de 90 MGW en amont, sur un affluent de la Sésan. L’ensemble s’élèverait à 510 millions de dollars. 28 000 personnes devraient être déplacées du fait de ces travaux. Plusieurs ONG de défense de l’environnement émettent des réserves.<br />Après quatre jours de mission d’étude au Cambodge, un groupe de 30 hommes d’affaires japonais décide d’investir pour 800 millions de dollars dans la production de biocarburant dans la province de Kompong Cham et de Kompong Speu. Ils s’engagent également à construire une raffinerie et des bureaux à Sihanoukville, pouvant générer 40 à 50 000 emplois. Cependant, ces hommes d’affaires demandent au gouvernement d’améliorer les infrastructures : routes, électricité, ports… A titre d’incitation, Hun Sen promet aux investisseurs la pleine et entière propriété de leur entreprise, la location de la terre pour 99 ans et la citoyenneté cambodgienne à ceux qui feront un investissement initial de plus de 312 500 dollars et qui vivront au Cambodge pendant sept années consécutives.<br />Le 23 juillet, le géant américain General Electric ouvre des bureaux à Phnom Penh, attiré par le pétrole du Golfe de Thaïlande et les possibilités d’investissement dans la santé, les produits pétroliers, l’énergie et l’eau. D’autres sociétés américaines devraient emboîter le pas.<br />Le 18 juillet, un accord est signé avec une société sud-coréenne pour l’installation d’infrastructures de communication (fibre optique, centaines d’ordinateurs, etc.) grâce à un prêt de 30 millions sur 30 ans. Un précédent prêt de 20 millions a déjà été dépensé.<br />Le 7 août, le ministère des Finances annonce qu’au moins 400 entreprises privées ou nationales devront préparer leurs états comptables en prévision d’un audit pour le 30 juin 2008. Le pays compterait environ 10 000 entreprises. Ces audits seront confiés à une douzaine d’organismes accrédités. Cette mesure est saluée comme un effort dans la lutte contre la corruption et le blanchissement d’argent, ainsi que comme la préparation à l’installation d’une bourse cambodgienne.<br />Le 15 août, la Banque mondiale octroie un don de 70 mil-lions pour trois projets visant à réduire le prix de l’électricité, réduire la pauvreté, et aider la bonne gouvernance locale.<br />- 18,5 millions sont destinés à la construction d’une ligne électrique en provenance du Laos vers Stœung Treng, et d’une autre du Vietnam vers la province de Kompong Cham. Ces projets seront terminés en 2011. <br />- 15 millions sont destinés au développement du secteur privé, à la gestion des finances publiques et à la gestion des ressources naturelles.<br />- 36 millions de dollars sont destinés à l’investissement rural et aux communes. Environ 15 000 USD seront versés à chaque commune, qui, depuis 2003, en reçoivent 8 500. Selon le PSR, cela renforce le pouvoir du PPC.<br />SOCIÉTÉ<br /> Selon un rapport de la Banque mondiale rendu public le 11 juillet, concernant 212 pays et basé sur 33 critères, la situation du Cambodge ne s’est guère améliorée en ce qui concerne la corruption et le rôle de la législation. 92 % des pays du monde font mieux que le Cambodge en ce dernier domaine. Si la stabilité politique s’est améliorée, par contre, la transparence et la liberté d’expression se sont détériorées. Le gouvernement refuse les conclusions de ce rapport, le PSR approuve.<br />Mouvements sociaux<br />Le 30 août, plus de 1 000 employés de l’usine textile New Mingda Garment se mettent en grève pour protester contre le licenciement de deux délégués du SIORC nouvellement élus.<br />Spoliations<br /> Le 1er juillet, Hun Sen réitère son interdiction de céder des terres d’Etat à des sociétés privées. Il s’en prend notamment à une société qu’il ne nomme pas et qui reçu 28 hectares de l’étang de Pong Péay, au nord de Phnom Penh, par arrêt de la Cour municipale de Phnom Penh. Déjà 157 hectares de cet étang avaient été déclarés propriété de l’Etat. La loi de 2001 interdit la cession des terrains de l’Etat.<br /> Le 4 juillet, la Cour municipale de Sihanoukville rend son verdict dans l’affaire de l’expulsion musclée de plus de 100 habitations incendiées par la police, dans le quartier de Métaphéap. Treize villageois avaient été arrêtés par la police le 20 avril, accusés d’avoir blessé des policiers et détruit du matériel appartenant à l’Etat. Cinq sont acquittés, sept condamnés à 75 jours de prison (déjà purgés en préventive), neuf condamnés à huit mois. Les ONG de défense des droits de l’homme dénoncent ce jugement comme une parodie de justice, les policiers ayant fait usage de violence, et les villageois ne faisant que se défendre… Les condamnés font appel.<br /> 1 500 familles de Banteay Méan Chhey demandent en vain que 200 hectares de terres accaparés par un général soit déclarés « zone protégée ».<br /> Le 29 août, la police et l’armée détruisent plus de 30 maisons sur les berges du Bassac, le terrain ayant été vendu à la mystérieuse société 7NG. Cependant, des terrains et maisons ont été proposés aux 1 436 familles habitant le squat. Il en resterait 179.<br />Etang de Kab Sreuv<br />Un immense étang formé par la digue de Kap Sreuv, longue de plusieurs kilomètres, au nord de Phnom Penh, construite entre 1972 et 1973 par l’aide japonaise, sert de déversoir naturel aux inondations annuelles du Tonlé Sap-Mékong, et évite ainsi l’inondation de la capitale. La BAD a fourni 3,2 millions pour le renforcement de la digue. La loi foncière de 2001 précise que les lacs et étangs sont propriété de l’Etat. En mai 2006, des numéros de téléphones proposaient la vente de lots dans cet étang. La municipalité de Phnom Penh les avait fait retirer. Cependant, une société cambodgienne, Long Chhin, prétendant avoir reçu l’autorisation de Hun Sen, fait combler cet étang sur une bande de 60 m sur 1 km. Le 17 juillet, le ministre des Ressources en eau ordonne la cessation des travaux de comblement. Une commission inter-gouvernementale est créée pour trouver une solution. Le 29 juillet, le gouverneur de la province et ses deux adjoints sont limogés. La veille, est ordonnée la démolition des 21 villas déjà construites, des huit en construction, de trois guest houses, ainsi que d’une dizaine d’autres bâtiments. La démolition est réellement effectuée. Le ministère des Finances gèle les avoirs de la société Long Chhin, pour remboursement des acheteurs lésés, mais ne trouve que 4 000 USD ! Plus de 40 acheteurs portent plainte contre la société qui leur devrait plus de 20 millions de dollars. Le gouvernement envisage également de porter plainte.<br />Droits de l’homme<br /> Le 16 juin, le vénérable Tep Vong, patriarche suprême de l’ordre bouddhiste mohanikai, ordonne que le vénérable Tim Sakhorn, chef de la pagode de Phnom Den, dans le district de Kirivong (province de Takéo), soit défroqué pour avoir tenté de créer un mouvement hostile au Vietnam, mettant en danger les relations diplomatiques entre les deux pays. Selon le patriarche, onze moines Khmers Kroms ont été défroqués et renvoyés au Vietnam. Le vénérable, qui vit au Cambodge depuis 1979, est accusé d’avoir été l’instigateur d’un pugilat entre un groupe de50 moines KKK et d’autres de la pagode du patriarche, le 20 avril dernier.<br /> Le CHRAC, regroupant 22 ONG de défense des droits de l’homme, pense que le moine a été déporté de force au Vietnam, où il craint pour sa sécurité. Les autorités affirment qu’il est parti de son plein gré, qu’il a été défroqué pour une histoire de mœurs, mais des témoins l’ont aperçu poussé par quatre hommes en tenue de gardes du corps dans une voiture. Le bureau de l’ONU pour l’observation des droits de l’homme se dit « gravement préoccupé » par le sort de Tim Sakhorn. Le roi-père s’en émeut dans une lettre écrite au Premier ministre. Les bruits les plus fous courent sur le sort de l’ex-moine. Nombre de pétitions circulent pour demander sa libération.<br />Le 2 août, l’ambassade du Vietnam fait savoir que le moine est en prison dans la province d’Ang Giang et va être jugé pour avoir enfreint la loi de la solidarité politique. Il est citoyen vietnamien et sera jugé par un tribunal vietnamien.<br /> Le 4 juillet, un militant d’ADHOC, très actif dans la défense des forêts et des pêcheries, est abattu chez lui, à Stung Treng. Le CHRAC suppose que cet assassinat fait suite à la manifestation organisée le 18 juin contre la société Sal Sophéa Phéanich, demandant à ce que la concession reçue du gouvernement par cette société, soit rendue à l’Etat. Cinq suspects sont arrêtés ; deux d’entre eux sont accusés du meurtre. Les assassinats de militants de défense des droits de l’homme se multiplient. La Fédération internationale des droits de l’homme qui regroupe 150 organisations et l’Organisation mondiale contre la torture dénoncent cet assassinat comme « symptomatique de la violation continue des droits de l’homme au Cambodge ».<br /> Le 21 juillet, une grenade artisanale explose dans la maison d’un militant de défense des forêts et contre la spoliation de terrains, à Bantéay Méan Chhey. Déjà en 2005, cet homme avait dû fuir son village de Sandan, menacé par un dignitaire du régime impliqué dans une coupe illégale de bois. La police l’accuse d’avoir lui-même fait exploser cette grenade pour attirer l’attention sur lui.<br /> Le 9 août, les six hommes arrêtés en octobre 2007 et accusés d’avoir eu le projet « de lancer des bombes lors de la fête des Eaux » de novembre, sont condamnés à 6 et 12 ans de prison. Aucune preuve n’est apportée et beaucoup d’irrégularités entourent la procédure.<br />Le 10 août, la maison d’un journaliste de Pursat qui avait dénoncé le trafic de bois est incendiée. On arrête deux lampistes.<br /> Le 30 août, un groupe de 35 ONG se réjouit de l’assouplissement de la loi concernant les condamnations de mineurs.<br />Education nationale<br /> Environ 90 % des 127 000 élèves ont réussi le diplôme (fin 3ème française). « Ce n’est pas que les élèves soient plus qualifiés, mais le niveau de passage a été abaissé de 250 à 220 points », commente un représentant du syndicat des instituteurs.<br /> Les 6-8 août, 58 983 élèves passent leur bac dans 115 centres. La police et le ministère de l’Education nationale se mobilisent pour empêcher les fraudes.<br />Sécurité<br /> Le 28 juillet, un engin explosif de fabrication artisanale de faible puissance explose au pied du monument de l’amitié khméro-vietnamienne sans faire de dégâts. Deux autres engins sont désamorcés. Deux KKK sont arrêtés, qui avouent avoir agi sur les ordres d’un commanditaire vivant aux Etats-Unis, pour une récompense de 6 000 USD. En mai 1997, les Khmers rouges avaient annoncé leur plan de détruire ce monument ; en août 1998, des manifestants PSR avaient barbouillé les visages au goudron…<br /> Le 15 août, Oum Chhay, conseiller de Heng Samrin, président de l’Assemblée nationale, est arrêté dans le cadre de la saisie de quatre tonnes de produits servant à la production d’amphétamines de Kompong Speu, le 1er avril dernier. Oum Chhay est le propriétaire de Chhay Chhay Investment qui a lancé une ZES de 360 hectares au sud de Poïpet. Mais le 21 août, on apprend que le suspect s’est suicidé en sautant d’une fenêtre de sa prison. Plusieurs s’interrogent sur la réalité du suicide.<br />Armée<br /> Le 13 juillet, l’armée américaine donne 35 ordinateurs à l’armée cambodgienne.<br /> Le 31 juillet, 43 soldats et officiers participent pendant 16 jours aux exercices de l’armée américaine en Mongolie, aux côtés de 1 100 militaires de 21 autres pays, dans le cadre du programme General Peace Operations Initiative, qui coûte 60 millions. On découvre la volonté américaine d’endiguer l’influence russe et chinoise dans la région. En juin dernier, déjà 100 militaires khmers ont reçu une formation dans ce même cadre, et en juillet, un séminaire de cinq jours regroupait à Phnom Penh des militaires de 15 pays d’Asie-Pacifique, dont 23 Cambodgiens.<br /> Le 7 août, le Japon annonce l’augmentation de sa collaboration militaire avec le Cambodge.<br /> Les effectifs de la marine cambodgienne vont passer de 1 000 à 3 000 pour assurer une meilleure protection des zones pétrolières contre les pirates.<br />Phnom Penh<br />Après la nouvelle ville de Camko City, construite par la Corée du Sud, une autre ville satellite est prévue dans le district de Dangkao, près du mausolée de Chœung Ek, sur une superficie de 2 772 hectares. L’étang de Dangkao ne sera pas comblé, aucune maison ne sera construite à moins de 500 m du mausolée. La société cambodgienne ING y investira 38 millions de dollars.<br />Depuis le 9 août, onze taxis avec tarification au kilomètre ont fait leur apparition dans la capitale. <br />Depuis le 1er septembre, un permis sera exigé pour la conduite des deux roues de plus de 50 cc.<br />DIVERS<br />Patrimoine<br /> Le 28 juin, l’Unesco, lors de sa réunion annuelle tenue en Nouvelle-Zélande, ne retient pas candidature du temple de Préah Vihéar pour faire partie du patrimoine mondial, mais annonce que ce sera sans doute pour l’an prochain, le Cambodge n’ayant pour le moment pas les moyens ni de restaurer, ni de préserver le temple. La Thaïlande se serait opposée à cette entrée dans le patrimoine mondial, arguant de l’imprécision dans la démarcation de la frontière entre les deux pays. Le 29 juin, la Thaïlande avait fermé le poste frontière de Préah Vihéar, sans en avertir la partie cambodgienne, sans doute en réaction contre une interdiction cambodgienne faite aux policiers thaïlandais de visiter le temple en uniforme. Le 15 août, après une visite de trois jours d’une délégation thaïlandaise au Cambodge, les deux pays sont parvenus à un accord, la Thaïlande acceptant de faire partie d’un groupe de plus de 20 pays intéressés par le projet de restauration de Préah Vihéar.<br /> Une « élection par téléphone et Internet » organisée par la fondation « Nouvelles 7 merveilles » n’a pas retenu pas Angkor dans sa liste. Le ministre cambodgien de la Culture estime que c’est une injustice, car peu de Cambodgiens utilisent Internet, mais que de toutes façons ce classement a très peu de légitimité. Il se dit toutefois fier de ce qu’Angkor paraisse en tête des 21 finalistes.<br /> Le 15 juillet, Long Séam, spécialiste des inscriptions angkoriennes, meurt à Londres, à l’âge de 72 ans. On estime que c’est le plus grand spécialiste de la langue khmère après le vénérable Chhuon Nath.<br /> Une société sud-coréenne construisant un terrain de golf près du Baray occidental doit cesser ses travaux, car il est situé dans le périmètre protégé. Déjà plusieurs terrains de golf ont été ouverts ou le seront sous peu dans la région : en avril, le Phokéathra Country Gulf qui s’étend sur 155 hectares et l’Angkor Golf Resort qui ouvrira en septembre.<br /> Le 30 juillet, une statue angkorienne du XIIe siècle, volée et vendue en 2004 à un Américain en Thaïlande, a été saisie par le département américain de l’Immigration et rapatriée au Cambodge. Deux autres statues devraient l’être en 2008.<br /> D’après des observations par satellite, il semblerait qu’une immense ville se situait dans les environs d’Angkor 500 ans avant l’apogée d’Angkor, sur 298 km² avec tout un système de canaux et de ports. C’était sans doute l’une des plus grandes villes de l’époque préindustrielle.<br />Religion<br /> Le 16 juillet, le ministère des Cultes et des Religions réitère ses mises en garde de 1999 et 2003 contre le prosélytisme de certains groupes chrétiens : interdiction de faire du porte-à-porte, de prêcher que « la divinité (Préah Ang) est arrivée », d’attirer les enfants avec des bonbons ou des gâteaux, d’interdire aux nouveaux chrétiens d’aller à la pagode, de donner des cours d’anglais à partir de la Bible, etc. Des enquêtes sont menées par les responsables locaux du ministère des Cultes dans les différents lieux de culte.<br />Le 3 août, le Conseil des ministres interdit l’abattage des animaux durant les 49 fêtes bouddhiques annuelles. Ce décret suscite l’opposition des bouchers Chams qui considèrent que c’est une entrave à la liberté de leur propre religion.<br />