Eglises d'Asie

La Commission ‘Justice et Paix’ de l’épiscopat catholique lance un cri d’alarme face à l’escalade des violences antichrétiennes dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest

Publié le 18/03/2010




La Commission nationale ‘Justice et Paix’ de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan a lancé un cri d’alarme face à la recrudescence des violences envers les chrétiens de la Province de la Frontière du Nord-Ouest, limitrophe de l’Afghanistan. « Les minorités chrétiennes de la Province de la Frontière du Nord-Ouest se sentent menacées et sont terrorisées. De nombreuses familles ont fui et l’extrémisme a augmenté après l’épisode des opérations militaires dans la mosquée Rouge à Islamabad, en juillet dernier », a expliqué la Commission.

Voilà des mois que les fidèles chrétiens de la région frontalière du nord-ouest au Pakistan sont la cible de violences, de menaces et d’intimidations de la part de groupes radicaux islamistes qui agissent en toute impunité (1), plongeant une grande partie de la population dans la peur.

Le 15 septembre dernier, en pleine nuit, une bombe a frappé la John Bosco Model School, située dans le district de Bannu, où vivent près de 800 familles chrétiennes. L’attentat n’a pas fait de victime mais a détruit la chapelle de l’école ainsi que d’autres parties de l’établissement. Construite en 2002 et gérée par les missionnaires de Mill Hill, elle accueille 50 % d’élèves chrétiens et 50 % d’élèves musulmans, l’équipe d’enseignants étant également de religions différentes. Une école « modèle » en termes de cohabitation pacifique et d’harmonie dans cette région tourmentée.

A Sangota, dans le district de Swat, une autre école catholique, la Public High School, a dû fermer ses portes du 9 au 17 septembre dernier après avoir reçu une lettre menaçant d’une attaque suicide imminente au cœur de l’institut. Publiée par la presse locale, la lettre, signée par le groupe radical islamique Jan Nisaran-e-Islam, accuse les sœurs carmélites, à la tête de l’école depuis février 2007, de faire du prosélytisme, de convertir les jeunes élèves musulmanes et de corrompre leur moralité par des boissons alcoolisées et du matériel pornographique. La lettre de menaces exigeait la fermeture de l’établissement sous peine d’attaque suicide et défendait aux familles musulmanes d’envoyer leurs enfants dans cet établissement, requérant qu’ils soient inscrits dans les écoles coraniques de la région. A la Public High School de Sangota, 99 % des jeunes filles de l’établissement sont musulmanes, leurs familles appréciant la qualité de l’enseignement et de l’instruction dispensés.

Afin de rouvrir les portes de l’école, la direction a été obligée de demander la protection de la police locale, qui, depuis, surveille l’établissement jour et nuit. Par le passé, l’établissement scolaire avait déjà fait l’objet de menaces de la part de groupes extrémistes musulmans.

Pour la Commission ‘Justice et Paix’, « seule la résolution des questions urgentes et fondamentales que sont la liberté, la démocratie et le respect des droits de l’homme pourra apporter la paix et l’harmonie sociale au Pakistan ».