Eglises d'Asie

Le Saint-Siège veut voir dans l’ordination du nouvel évêque « officiel » de Pékin « un signe positif »

Publié le 18/03/2010




L’ordination du nouvel évêque « officiel » du diocèse catholique de Pékin a bien eu lieu comme prévu le 21 septembre dernier (1), et la question de sa reconnaissance ou non par le pape n’a été tranchée que dans les heures qui ont suivi la cérémonie d’ordination. Celle-ci s’est déroulée à la cathédrale de l’Immaculée Conception (Nantang, ‘l’église du sud’) à Pékin. Le 21 septembre, à 13h30 (heure de Rome), la salle de presse du Saint-Siège a diffusé un article à paraître dans l’édition du lendemain de l’Osservatore Romano, confirmant que le P. Li Shan avait bien été élevé à l’épiscopat avec un mandat pontifical.

S’exprimant devant des journalistes ce même 21 septembre, Mgr Fernando Filoni, n° 3 de la secrétai-rerie d’Etat et prélat très au fait du dossier chinois (2), a déclaré que l’installation du nouvel évêque, reconnu conjointement par le Vatican et par le gouvernement chinois, était « indubitablement un signe positif ». La nomination des évêques en Chine populaire demeure une question difficile, a ajouté Mgr Filoni, mais l’ordination de Mgr Li Shan « est un signe positif (qui ouvre), nous l’espérons, le premier chapitre d’une longue histoire, celui d’une réalité nouvelle ». Poursuivant sur le même ton, il a précisé que les points d’achoppement des relations sino-vaticanes « [étaient] bien connus et ont [été] souvent soulignés aussi bien par la partie chinoise que par nous-mêmes : il y a des conditions qu’ils posent pour lesquelles nous sommes disposés à nous montrer ouverts ».

L’article de l’Osservatore Romano, daté de l’édition du 22 septembre, est inédit. C’est la première fois en plus d’un demi-siècle que ce journal du Vatican mentionne l’ordination d’un évêque en Chine continentale. Sous le titre « Ordinations épiscopales en Chine continentale », le quotidien en italien rapporte l’ordination, le 8 septembre, du P. Paul Xiao Zejiang comme « archevêque coadjuteur de Guiyang (Kweyang), dans la province du Guizhou », et du P. Li Shan comme « archevêque de Pékin » (3). Il précise que « les deux prêtres ont été signalés au Saint-Siège par leurs communautés catholiques locales respectives comme des candidats dignes et appropriés » (4).

L’Osservatore Romano ne fait pas référence au mode de sélection des deux nouveaux évêques, qui ont été élus, chacun dans leurs diocèses respectifs, par un presbyterium élargi, composé des prêtres, de quelques religieuses et représentants des paroisses et communautés catholiques. Au sens strict, ce mode de sélection (l’élection) d’un candidat à l’épiscopat n’est pas contraire au droit canon (5), mais il pose de toute évidence des questions, nul ne pouvant être certain que des pressions ne sont pas exercées sur les membres de ces presbyteriums élargis. Ainsi que le notait un éditorialiste du South China Morning Post (6), « un rituel permettant de sauver la face semble émerger quant au fait de savoir qui a le pouvoir de nommer les évêques ». Parce que Pékin continue d’affirmer avec force que le pouvoir de choisir et de mettre en place les évêques lui appartient, il est improbable de voir émerger une solution à la vietnamienne, où c’est le Vatican qui propose le nom de candidats à l’épiscopat et où Hanoi choisit celui qui sera ordonné. Mais, parce que l’heure n’est pas à la confrontation, Pékin agit de telle manière que les candidats élus soient acceptables par le Vatican – à ceci près que l’évêque récemment ordonné pour le diocèse de Kunming, dans le Yunnan, l’a été alors qu’il était connu qu’il n’avait pas l’accord du pape (7).

A ce jour, le Saint-Siège, ainsi qu’on peut le lire dans l’article de l’Osservatore Romano du 22 septembre, se contente d’exprimer l’espoir « que tous les diocèses » en Chine continentale « auront des pasteurs dignes et qualifiés, à même de vivre en pleine communion avec l’Eglise catholique et avec le Successeur de Pierre, et d’annoncer l’Evangile de Jésus-Christ au peuple chinois ».