Eglises d'Asie

Avec la mort de Mgr Liang Xisheng, décédé à l’âge de 84 ans, l’Eglise catholique en Chine a perdu neuf évêques depuis le 1er janvier 2007

Publié le 18/03/2010




Mgr John Baptist Liang Xisheng, évêque « clandestin » du diocèse de Kaifeng, dans la province du Henan, est décédé le 23 septembre dernier, à l’âge de 84 ans. Son décès porte à neuf le nombre des évêques de l’Eglise catholique en Chine à être décédés depuis le 1er janvier 2007 – quatre des communautés « clandestines » (1) et cinq des communautés « officielles » –, et indique ainsi, s’il le fallait encore, l’urgence à donner une nouvelle génération de pasteurs aux diocèses catholiques de Chine.

Né le 23 mars 1923, Mgr Liang Xisheng avait été ordonné prêtre le 13 mars 1980, ayant attendu toute sa vie de pouvoir réaliser sa vocation sacerdotale. C’est le 31 août 1989 qu’il était devenu évêque « clandestin » de Kaifeng, un diocèse où les relations entre « clandestins » et « officiels » sont relativement bonnes mais complexes. Depuis la mort, le 27 octobre 2000, de Mgr Stanislaus Han Daoyi, la partie « officielle » du diocèse n’a plus d’évêque. A l’annonce du décès de Mgr Liang Xisheng, un prêtre âgé de 90 ans qui assure son ministère du côté « officiel », a assuré à l’agence Ucanews qu’il avait célébré une messe de requiem pour feu l’évêque. Il a précisé qu’il n’y avait « pas de différences » entre les deux communautés, qui forment « une seule Eglise ». Il a aussi ajouté que l’évêque coadjuteur – et « clandestin » – de Mgr Liang Xisheng, Mgr Joseph Gao Hongxiao, l’avait contacté au début de cette année et demander à le rencontrer. Mgr Gao Hongxiao, un franciscain venu du diocèse de Fengxiang (province du Shaanxi), a été ordonné coadjuteur de Kaifeng le 1er janvier 2005 et prend, de ce fait, la responsabilité du diocèse.

La situation à Kaifeng est compliquée. Le 27 octobre 2000, le P. Zong Changfeng, du diocèse de Zhouzhi (province du Shaanxi), avait été ordonné évêque coadjuteur de Kaifeng, pour, à l’époque, venir en aide à Mgr Liang Xisheng, affaibli par l’âge. Mais Mgr Zong Changfeng n’a jamais pu se rendre à Kaifeng, empêché de le faire par la police, et, encore aujourd’hui, il vit à Zhouzhi où il exerce « seulement » son ministère de prêtre. Mgr Gao Hongxiao, quant à lui, ne peut exercer son ministère épiscopal que dans la clandestinité, contraint de se cacher pour échapper à la Sécurité publique.

La nouvelle du décès de Mgr Liang Xisheng a été brièvement publiée sur différents sites Internet catholiques de Chine, avant d’être reprise à Rome, le 10 octobre, par le service en italien de Fides, l’agence d’information de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Celle-ci indiquait que Kaifeng compte environ 30 000 catholiques, servis par une trentaine de prêtres et soixante-dix religieuses.

La veille du 10 octobre, le quotidien du Saint-Siège, L’Osservatore Romano, était revenu sur les circonstances du décès de l’évêque « clandestin » de Yongnian, diocèse de la province du Hebei. Décédé le 9 septembre dernier dans un hôpital de Shijiazhuang à l’âge de 68 ans alors qu’il était incarcéré depuis 1999, Mgr Jean Han Dingxiang est mort sans avoir reçu les derniers sacrements. Sa dépouille a été incinérée et ses restes inhumés moins de sept heures après son décès, dans un cimetière public, depuis surveillé par des policiers en civil, (2). L’Osservatore Romano indique que la nouvelle du décès de Mgr Han « a surpris tout le monde car il ne semblait pas que le prélat était malade ou souffrant ». La Fondation du Cardinal Kung, basée aux Etats-Unis, juge, quant à elle, « suspecte » la célérité avec laquelle ont agi les autorités chinoises.