Eglises d'Asie

Des musulmans ont présenté leurs excuses à la communauté évangélique de Govindh après avoir profané leur lieu de culte

Publié le 18/03/2010




« Nous présentons nos excuses aux chrétiens pour avoir profané leur église et blessé leurs sentiments religieux…Nous promettons d’observer les lois pakistanaises interdisant l’utilisation de haut-parleurs pour diffuser des opinions sectaires ». Tels sont les propos contenus dans la lettre signée, le 12 octobre dernier, et remise à la préfecture de police de Govindh, par trois responsables musulmans qui, pour l’occasion, étaient accompagnés d’une centaine de coreligionnaires.

Deux jours plus tôt, des musulmans, agacés par l’utilisation de haut-parleurs à la New Apostolic Church, étaient entrés dans l’église évangélique de Govindh afin de couper les câbles des appareils électriques et maculer les murs de fumier, alors qu’une vingtaine de chrétiens étaient réunis pour l’offi-ce du soir. Après cet incident, des appels au boycott et au rejet des chrétiens avaient été lancés des huit mosquées alentours. « Pendant deux jours, les commerçants musulmans ont refusé de vendre quoi que ce soit aux chrétiens, pas même du foin pour le bétail ; un chrétien s’est même vu refuser l’entrée dans un bus », a confié Shahzad Masih (1), un adolescent responsable de la chorale du lieu de culte profané.

Selon Sattar Masih, un paroissien, des musulmans de la région avaient demandé aux chrétiens de la New Apostolic Church ne pas utiliser les haut-parleurs, affirmant qu’ils les dérangeaient pendant la prière fajr du matin (2), alors que « nous utilisions les haut-parleurs à six heures du matin, après que la fajr soit terminée ».

Le 11 octobre dernier, une commission d’enquête composée de membres de la Commission nationale ‘Justice et Paix’ de la Conférence épiscopale catholique du Pakistan et de la Commission pour les droits de l’homme du Pakistan (Human Rights Commission of Pakistan, HRCP), s’est rendue sur les lieux de la profanation et a condamné les attaques, qui, selon les chrétiens autochtones, ont été provoquées par les incitations à la violence des imams locaux.

D’après Mehboob Ahmad Khan, musulman et conseiller juridique de la HRCP, cette attaque illustre une montée d’intolérance envers les minorités religieuses, particulièrement en zone rurale. « Attaquer un lieu de culte, pendant la période sainte du ramadan, est bien triste », a-t-il déclaré, ajoutant qu’après avoir dialogué avec les musulmans locaux, il en a conclu que ces derniers ne laisseraient plus les chrétiens utiliser de haut-parleurs. Depuis les attaques, neuf policiers surveillent l’unique paroisse chrétienne de Govindh et les 25 familles chrétiennes de la ville – qui compte près de 10 000 habitants – vivent dans la crainte.

Selon la législation locale, l’utilisation de haut-parleurs à l’extérieur de l’enceinte des lieux de culte est interdite, exceptée pour les azan, appels des musulmans à la prière cinq fois par jour, le khutba, sermon du vendredi, ou encore pour des prières exceptionnelles liées à l’Id al-fitr (Aïd el-Kebir), dans la mesure où le volume des haut-parleurs n’est pas « trop fort ».