Eglises d'Asie

Dans le diocèse de Wenzhou, une paroisse a organisé une cérémonie de mariage collectif

Publié le 18/03/2010




Le 10 octobre dernier, douze couples ont reçu le sacrement du mariage dans une église de la paroisse de Yongqiang, localité du diocèse de Wenzhou, dans la province du Zhejiang. Dans ce diocèse où les communautés catholiques, « clandestines » comme « officielles » sont importantes et développent de bons rapports, la cérémonie a été organisée par le curé d’une paroisse « clandestine » dans une église visible de tous et en présence de plus de 400 paroissiens et invités des douze couples.

Pour le curé de la paroisse, qui se présente sous le nom de « Père Figue » (wu hua guo shenfu), une telle cérémonie au cours de laquelle autant de couples sont mariés permet de donner une plus grande visibilité à l’enseignement de l’Eglise sur le mariage et la vie en couple. Le prêtre « clandestin » explique que, trop souvent à son goût, « chez les ‘clandestins’, le sacrement du mariage est administré à domicile », étant donné que le district de Yongqiang compte peu d’églises et qu’elles ont été, pour la plupart, confiées à des membres du clergé « officiel ». Le plus souvent, ce sont les parents qui arrangent la cérémonie de mariage ; ils préfèrent qu’elle ait lieu chez eux et les préparatifs sont parfois faits à la hâte, les jeunes hommes catholiques de Yongqiang étant la plupart du temps par monts et par vaux du fait de leurs occupations professionnelles.

Or, poursuit le Père Figue, l’évolution de la société fait que très nombreux sont les jeunes qui cohabitent avant le mariage, y compris les jeunes catholiques. De plus, ces derniers ne connaissent pas ou mal l’enseignement de l’Eglise sur le mariage et ne le prennent pas toujours au sérieux. Enfin, ajoute-t-il, des jeunes non chrétiens sollicitent l’Eglise car ils souhaitent avoir, lors de leur mariage, une belle et digne cérémonie. Pour toutes ces personnes, l’Eglise se montre accueillante et propose un parcours adapté : aux catholiques, une préparation au mariage en bonne et due forme avant l’échange des consentements devant un prêtre, et aux non-catholiques, une explication des fondements chrétiens du mariage avant une simple bénédiction de leur union matrimoniale.

Lors de la cérémonie du 10 octobre, sur les douze couples, dix étaient déjà mariés civilement, et pour certains d’entre eux depuis de nombreuses années. Deux couples âgés d’une cinquantaine d’années ont témoigné qu’ils n’avaient pas pu se marier à l’église car « à l’époque, la situation politique du pays était instable ». Dans la décennie qui a suivi la Révolution culturelle (1966-1976), l’ouverture initiée par Deng Xiaoping n’était pas jugée comme suffisamment forte pour que toutes les méfiances de la population, notamment catholique, soient levées et que des catholiques se risquent à demander un mariage à l’église. Parmi les couples, se trouvait aussi une catholique mariée il y a plusieurs années à un non-catholique, qui, depuis, a demandé le baptême. Pour eux deux, recevoir le sacrement du mariage en présence des paroissiens de Yongqiang était une démarche vécue comme une aide pour leur vie de couple désormais uni par le sacrement du mariage (1).

En Chine populaire, le mariage religieux n’est pas reconnu par les autorités civiles. Tout couple marié doit obtenir un certificat de mariage, document purement administratif, délivré par les autorités du lieu de résidence de l’un ou l’autre des époux. Le divorce est prononcé de la même manière, administra-tivement.