Eglises d'Asie

L’archevêque de Dacca exhorte les catholiques à prendre conscience des ravages causés par le sida

Publié le 18/03/2010




A l’occasion d’une réunion de travail pastoral, du 24 au 26 octobre dernier, Mgr Paulinus Costa, archevêque de Dacca, a adressé un message de sensibilisation et de vigilance à tous les membres de l’Eglise catholique du Bangladesh au sujet de la pandémie du sida et des moyens de la prévenir.

Caritas Bangladesh a confié à Mgr Costa que, récemment, sept catholiques de l’archidiocèse avaient dit être séropositifs. Quelques jours plus tard, le chiffre avait grimpé à 37. « Sans doute ne connais-sons-nous pas tous ceux qui ont contracté le virus du sida », a commenté l’évêque (1). Pour illustrer les désastres qu’engendre la maladie, Mgr Costa a raconté l’histoire d’un homme parti travailler au Moyen-Orient où il a contracté le virus du sida. De retour au pays, cet homme s’est marié et a contaminé sa femme. Après avoir dépensé toutes ses économies pour payer des traitements médicaux, il s’est suicidé, laissant à son épouse la charge de leur enfant unique.

Devant 300 prêtres et laïcs engagés dans le travail pastoral, Mgr Costa a souligné que le sida représentait une menace sourde et qu’il fallait la prendre au sérieux. Aujourd’hui encore, beaucoup de malades refusent d’avouer qu’ils sont contaminés par le VIH et cet état de fait profite à la propagation de la maladie. « Bien des organismes fournissent anonymement des traitements médicaux aux séro-positifs et aux malades du sida, parce que ceux-ci ne veulent pas être identifiés par peur d’être l’objet de discriminations, de critiques ou d’ostracisme social », a-t-il expliqué, précisant que nombre de personnes « fuient les hôpitaux » après s’être entendu dire qu’ils étaient séropositifs. Mgr Costa a traduit le malaise ambiant en soulignant que des idées fausses circulent sur la maladie au Bangladesh ; ainsi, les personnes atteintes du sida seraient impliquées dans des « actes sexuels illégaux » ou bien encore la séropositivité et le sida seraient « une malédiction ».

Après avoir dénoncé les problèmes que rencontrent les porteurs de la maladie, le prélat a souhaité apporter des solutions, en exhortant les participants à intervenir dans la prévention et à faire les efforts nécessaires pour enrayer la menace. Il a rappelé que, dans cette optique, l’Eglise catholique favorise les campagnes de prévention et de sensibilisation sur les différentes façons de contracter la maladie, qu’elle encourage les tests de dépistage du VIH avant le mariage ainsi que l’absence de rapports sexuels hors mariage. Il a aussi indiqué que ces campagnes concernent particulièrement les toxicomanes dans la mesure où le partage des seringues est l’un des principaux vecteurs de contamination. Enfin, Mgr Costa n’a pas caché que le recours au préservatif comme moyen de prévention de l’infection est un sujet controversé dans l’Eglise. « Officiellement, du fait de notre foi catholique, la promotion du préservatif est interdite, mais, officieusement, le recours au préservatif est admis dans le cas où l’époux est infecté et l’épouse ne l’est pas, afin de préserver sa santé. »

Pour contenir la pandémie du sida, Mgr Costa souhaite voir établir une collaboration plus étroite entre les différentes religions, afin que des campagnes d’information soient menées conjointement dans les églises, les mosquées, les pagodes et les temples car « les croyants de toute religion ont un rôle à jouer dans le combat quotidien contre la maladie ».