Eglises d'Asie

Dans le plus grand village catholique du Pakistan, la fête du Christ-Roi a été célébrée avec faste

Publié le 18/03/2010




Partout, dans l’Eglise catholique, la solennité du Christ, Roi de l’Univers, est célébrée le dernier dimanche de l’année liturgique, le 25 novembre cette année. A l’origine pourtant, lorsque cette solennité a été instituée par le pape Pie XI, en 1925, elle était fêtée le dernier dimanche du mois d’octobre. A Khushpur, au Pendjab, le Christ-Roi continue d’être célébré à cette date, le 28 octobre cette année. Pour les habitants du plus grand village catholique du Pakistan, fêter cette solennité à cette date marque l’entrée dans « la saison heureuse » pour les paysans, riche des promesses du blé d’hiver qui est semé à cette saison.

Le P. Rufin Anthony est curé de la paroisse Saint-Fidelis à Khushpur. A ce titre, il a supervisé, durant la semaine qui a précédé le dimanche 28 octobre, les préparatifs de la procession de ce dimanche consacré au Christ-Roi. Durant une semaine, raconte-t-il, les quelque 5 000 habitants du village, tous catholiques à l’exception d’une poignée de familles musulmanes – qui disposent d’une mosquée dans le village –, préparent des scènes représen-tant différents passages de la Bible, placent devant leur demeure des autels qui portent des images de Jésus, de la Vierge, des bougies, des fleurs et la Bible, et organisent d’autres manifestations d’expression de la foi. Le dimanche 28, tout le village se masse dans les rues pour participer à la procession. Durant trois heures, les catholiques parcourent les rues de Khushpur derrière leur évêque, accompagnés de nombreux prêtres et religieuses venus pour l’occasion. A l’issue de la procession, la foule se rassemble pour la messe, retransmise à l’extérieur de l’église par des haut-parleurs.

Pour Mgr Joseph Coutts, évêque de Faisalabad, cela fait huit ans qu’il préside chaque année la procession et la messe du Christ-Roi à Khushpur. Dans son homélie, il a confié aux habitants du village à quel point il appréciait être parmi eux. A marcher dans les rues de Khushpur, il ressent que Jésus « marche à nouveau parmi [ses habitants] ». Le P. Anthony, pour sa part, a prié pour que les pluies soient suffisamment abondantes cette année ; il a aussi encouragé les catholiques à se laisser renouveler dans leur foi.

Fondé il y a environ un siècle par un missionnaire capucin belge, le P. Felix, le village de Khushpur a été établi d’emblée comme un village catholique, afin de réunir et protéger les catholiques, peu nombreux dans cette région très majoritairement musulmane. Au fil du temps, il s’est développé. Cinq écoles catholiques y ont été fondées, dont deux seront nationalisées en 1972. Aujourd’hui encore, les institutions catholiques y sont nombreuses et valent au village le surnom de « Rome du Pakistan » ; un centre national de formation des catéchistes y est installé, un couvent de religieuses, un dispensaire et un centre d’alphabétisation. Nombreuses sont les vocations religieuses et sacerdotales à être issues de Khushpur, dont celle de Mgr John Joseph, évêque de Faisalabad qui s’est donné la mort le 6 mai 1998 pour, apparemment, protester contre les conditions faites aux chrétiens, sans cesse menacés par les lois anti-blasphème (1).