Eglises d'Asie

L’atelier de couture Sainte-Catherine permet à des femmes marginalisées d’apprendre un métier dans une ambiance conviviale

Publié le 18/03/2010




Tout près de la cathédrale Saint-Joseph de Rawalpindi, ville limitrophe d’Islamabad, l’atelier de couture Sainte-Catherine, créé par les Franciscaines Missionnaires de Marie il y a douze ans, permet à 35 femmes, catholiques ou musulmanes, d’être formées aux métiers de la couture, afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins alimentaires et éventuellement gagner leur vie de manière indépendante.

Bibi, 40 ans, musulmane et veuve, peut ainsi envoyer ses trois fils à l’école depuis dix ans, après avoir appris l’art du crochet à l’atelier. « Aujourd’hui, j’ai un petit commerce de couture chez moi, mais je continue à venir à l’atelier pour travailler et rencontrer mes amies musulmanes et chrétiennes », confie-t-elle. Bibi gagne 3 000 roupies par mois (33 euros), en combinant son travail à l’atelier et celui réalisé au domicile de son frère, où elle vit avec ses enfants.

Selon Sœur Delphine Furtado, gestionnaire du centre, la plupart des stagiaires – elles ont entre 18 et 40 ans – appartiennent à des familles très pauvres. Bien souvent, elles ont quitté le système scolaire à la fin de l’école primaire. « Après trois mois de formation au crochet et à la broderie, les femmes peuvent produire de belles nappes, des serviettes de table, des torchons, des serviettes de bain, des sacs et de la layette. » Le centre utilise les revenus de la vente des produits pour fournir un petit déjeuner aux femmes et leur verser un salaire mensuel. « Cela leur permet d’aider leur famille et de constituer leur dot pour celles qui ne sont pas encore mariées », une stagiaire pouvant gagner jusqu’à 4 000 roupies par mois (44 euros), précise la franciscaine.

Néanmoins, la concurrence est rude, car « des articles similaires, produits en usine, peuvent être trouvés au marché pour moins cher. Nous vendons donc les nôtres lors de petits déjeuners organisés par des femmes de diplomates ou d’expatriés, qui vivent dans les environs d’Islamabad ». Le centre permet également à des femmes handicapées de sortir de la misère. Ainsi, deux malentendantes ont pu acquérir des compétences en observant les techniques des stagiaires et des sœurs. A présent, elles travaillent à la lingerie du centre pour le lavage et le repassage des articles confectionnés.

« Je ressens comme une sorte de prouesse lorsque je vois ces femmes (de religion différente) échanger entre elles, compte-tenu du climat et des tensions actuelles », confie Sr Delphine. Au Pakistan, en effet, les chrétiens sont souvent considérés comme des citoyens de seconde zone, et les attaques régu-lières perpétrées contre des communautés chrétiennes par des groupes fondamentalistes musulmans, ne font qu’augmenter l’inquiétude des minorités religieuses (1).