Eglises d'Asie

Zhejiang : une laïque catholique, engagée auprès des sans-abri, mobilise sa communauté et interpelle les médias locaux pour davantage de solidarité au sein de la société civile

Publié le 18/03/2010




A Ningde, dans la province du Fujian, une laïque catholique, qui se présente sous le surnom de Jiezi (‘graine de moutarde’), s’est engagée auprès des sans-abri et a, ces dernières semaines, mobilisé la communauté catholique du diocèse de Mindong, pour venir en aide à un SDF. Afin d’élargir son appel à la société civile, elle a, via son blog, cherché à interpeller les médias, ce qu’elle a en partie réussi, puisqu’un journal local a relaté l’histoire de cet homme marginalisé.

C’est à la fin du mois d’octobre que Jiezi a trouvé Zheng Changfa à même le sol, sur le trottoir d’une des rues de Ningde. « La partie supérieure de son corps était dénudée et desséchée, certains passants lui ont donné une couverture, des vêtements et de la nourriture pour survivre aux nuits froides », a-t-elle raconté à l’agence Ucanews. Jiezi a essayé d’entrer en contact avec la famille de cet homme abandonné, mais personne n’a voulu s’occuper de lui. Elle a ensuite contacté différentes structures gouvernementales pour lui trouver un refuge, mais sans succès. Trois jours plus tard, Zheng Changfa gisait dans une flaque d’eau, grelottant dans sa couverture, tel « un tas d’ordures » abandonné au bord de la route.

Après avoir sollicité ses proches ainsi que la communauté catholique locale, Jiezi a pu rassembler 1 000 yuans (91 euros) et, avec d’autres personnes de bonne volonté, conduire le pauvre homme à l’hôpital et lui rendre visite. En plus de plaies liées aux conditions de vie insalubres de la rue, les médecins ont diagnostiqué une démence intermittente. Mgr Vincent Zhan Silu, évêque « officiel » de Mindong, s’est également rendu à son chevet et a contribué aux frais d’hospitalisation, tout comme un prêtre « clandestin » qui a donné 200 yuans, soit un tiers de son allocation mensuelle pour venir en aide à Zheng Changfa (1).

Le 15 novembre dernier, une infirmière a informé Jiezi que l’homme était décédé suite à un disfonctionnement des organes vitaux lié à une malnutrition chronique sévère. « Bien qu’aucun membre de sa famille ne fût présent lors de son départ, il a quitté ce monde dignement, au lieu de mourir de faim dans la rue», a-t-elle confié.

Avec le système social chinois actuel, de nombreux sans-abri sont livrés à eux-mêmes, sans aides ni ressources, précise-t-elle, indignée par le manque d’implication des autorités civiles. La seule association caritative qui vient en aide aux personnes sans domicile fixe, dans la région, « la Maison de la Charité », est située à 45 kilomètres de Ningde. Gérée par des religieuses de l’Eglise « clandestine », les sœurs sont étroitement surveillées par les autorités locales qui les empêchent de développer leurs activités, de se faire connaître ou de lancer des appels aux dons.

« L’Eglise a la responsabilité de venir en aide aux personnes démunies », a déclaré Mgr Zhan, mais notre diocèse n’a pas suffisamment d’argent pour créer sa propre association. « La seule chose que nous puissions faire, c’est donner autant que possible de l’argent et de la nourriture aux déshérités. » Des catholiques des environs, qui ont entendu parler de l’appel de Jiezi via son blog ou d’autres moyens de communication, ont, à leur tour, relayé son appel en pressant la population à venir en aide aux sans-abri.

En secourant les plus pauvres des pauvres de la société chinoise, Jiezi explique désirer suivre l’exemple de Mère Teresa de Calcutta, et « consacrer le reste de sa vie aux plus petits ». En 2006, dans la province du Shaanxi, une association de fidèles à vocation spirituelle et caritative, ayant comme patronne et modèle la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, voyait le jour (2). En 2000, dans la province voisine du Zhejiang, des religieuses catholiques chinoises du diocèse de Taizhou, elles aussi inspirées par la bienheureuse, revêtaient le sari bleu des Missionnaires de la Charité et fondaient un nouveau couvent (3). A deux reprises, en 1985 et 1993, Mère Teresa s’était rendue en République populaire de Chine dans le but d’obtenir la permission d’y fonder une maison des Missionnaires de la Charité. Mais à chaque fois, elle s’était heurtée à une fin de non-recevoir (4). Nul doute que son œuvre et sa spiritualité continuent aujourd’hui de progresser en Chine, et ce malgré les restrictions religieuses en vigueur.