Eglises d'Asie

Hongkong : la Caritas s’inquiète de l’augmentation du nombre des personnes ruinées par des placements boursiers hasardeux

Publié le 18/03/2010




Dans un contexte marqué par une hausse soutenue des cours de la Bourse locale, Caritas Hong Kong s’inquiète du nombre croissant des personnes qui, à la suite de placements malheureux sur les marchés financiers, doivent faire face à d’importantes pertes et en viennent à développer des pathologies physiques ou mentales graves, voire à envisager le suicide.

La création d’un centre pour venir en aide aux personnes victimes d’addiction aux jeux d’argent, le Caritas Addicted Gamblers Counseling Centre, remonte au mois d’octobre 2003. En quatre ans, près de 2 000 joueurs et leurs familles ont été aidés et conseillés. Les personnes qui viennent au centre le font généralement après avoir tout perdu au jeu, que ce soit dans les casinos de Macao (1), sur les champs de course du Hong Kong Jockey Club, autour des tables de mah-jong et dans les paris sur les matches sportifs. Mais, depuis quelque temps, ce sont des « joueurs » d’un genre nouveau que le centre de la Caritas voit venir à lui.

Dans un rapport publié au mois de novembre dernier, la Caritas souligne que ces personnes appartien-nent, pour la plupart, aux classes moyennes supérieures. Elles touchent des salaires élevés et placent leurs actifs financiers en Bourse, développant peu à peu un comportement de « joueur » vis-à-vis des marchés. Cependant, elles manquent d’expérience, se retrouvent comme malgré elles « dépendantes » de la spéculation boursière et finissent par accumuler des dettes beaucoup plus lourdes que les joueurs « conventionnels », ceux qui fréquentent les champs de course ou les casinos.

La Caritas a ainsi établi une comparaison entre 1 830 joueurs « conventionnels » qui sont passés par son centre depuis 2004 et 57 de ces « boursicoteurs compulsifs ». Joe Tang, responsable du Caritas Addicted Gamblers Counseling Centre, explique qu’étant donné que l’investissement sur les marchés financiers est perçu comme une activité plus légitime pour gagner de l’argent que le jeu au casino ou les paris sur les champs de course, rares sont ceux qui demandent de l’aide. Les sociétés de conseil aux particuliers pour les placements en Bourse sont légion et ont pignon sur rue, mais, à part le centre de la Caritas, aucune structure à Hongkong ne s’occupe de suivre et d’aider « les investisseurs pathologi-ques », explique Joe Tang.

L’attention de l’opinion publique est pourtant régulièrement attirée sur ce phénomène. Il y a quelques semaines, un chômeur de 36 ans s’est tué en sautant d’un pont, laissant une note expliquant qu’il avait perdu 300 000 dollars HK (26 000 euros) à la Bourse. Dans son rapport, la Caritas explique que son centre met en garde contre les activités financières à haut risque. Là où le système pousse à chercher un retour sur investissement le plus élevé possible dans un laps de temps le plus court, la Caritas rappelle les règles de prudence de base en matière d’investissement financier. Avant de choisir des produits ou des marchés risqués, les investisseurs doivent analyser leur capacité à faire face à des pertes sèches, que ce soit d’un point de vue matériel, émotionnel et psychologique.

Toutefois, dans un territoire où le Hang Seng Index, l’indice de la Bourse de Hongkong, fait figure de baromètre mesurant le niveau d’optimisme de la population locale, l’attrait pour les placements sur les marchés financiers reste fort. Ces trois derniers mois, les cours de la Bourse ont bondit de 30 % après avoir augmenté de 20 % les trois mois précédents. Le marché spécule sur une décision prochaine de Pékin d’autoriser les investisseurs individuels du continent à investir à la Bourse de Hongkong. Un rapport de la HSBC (Hongkong and Shanghai Banking Corporation) indique que 38 % des Hongkongais âgés de 18 à 64 ans, soit 1,9 million de personnes, détiennent un portefeuille financier et qu’entre 2006 et 2007, 500 000 nouveaux investisseurs sont apparus sur la place, attirés par la hausse des cours.