Eglises d'Asie – Chine
DOCUMENT ANNEXE – Visite en Belgique de jeunes évêques chinois
Publié le 18/03/2010
Des évêques et des experts ont guidé les visiteurs chinois dans l’étude de cet important document. Le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, en Belgique, a ouvert la rencontre par un exposé sur « L’identité de l’évêque et sa mission dans le mystère de l’Eglise ». Cinq autres évêques ont suivi le cardinal. Au total, dix-huit théologiens ont discuté avec eux sur des sujets tels « La spiritualité de l’évêque – Le rôle de l’évêque au sein de son Eglise particulière – Le souci de l’évêque pour l’Eglise universelle – La relation de l’évêque avec le collège des évêques et avec Pierre », etc. Une demi-journée était consacrée à chaque sujet. Chaque exposé était suivi d’un large échange de vues très ouvert.
Tous les visiteurs chinois, évêques et prêtres, appartenaient à la communauté officielle de l’Eglise de Chine. Sur les cinq évêques, deux d’entre eux n’avaient pas (encore) été nommés par le Saint-Siège. Quant à une éventuelle participation d’évêques clandestins à ce type de rencontre, elle n’avait, là aussi, pas (encore) été autorisée par les autorités chinoises. L’Institut Verbiest a essayé d’obtenir cette autorisation et l’on peut espérer – et s’attendre – à ce que cela soit permis dans un avenir proche si des rencontres semblables sont organisées.
Le souhait de l’unité entre les communautés d’Eglise officielles et non officielles a été constamment exprimé pendant les échanges. C’est dans l’ordre logique des choses après que le pape Benoît XVI a écrit sa lettre pastorale à l’Eglise de Chine dans laquelle il invite précisément à rechercher l’unité et la réconciliation. Il s’agit là d’un thème prioritaire dans l’ordre du jour pastoral de l’Eglise de Chine. « Un évêque en Chine, a-t-on affirmé pendant les discussions, peu importe qu’il ait été auparavant membre de la communauté officielle ou clandestine, doit être un bon pasteur qui ne marche pas seulement devant son troupeau pour le guider, mais qui doit aussi sans cesse marcher au milieu ou derrière son troupeau afin de le protéger et de montrer son souci pour la brebis qui pourrait s’égarer ou être blessée par les circonstances, sans égard au fait qu’elle appartienne à l’un ou l’autre troupeau. »
Le thème des débats, la qualité des orateurs et des membres de la délégation manifestent que cette visite est un pas en avant, un pas supplémentaire. Chaque orateur apportait un commentaire bien préparé des différents chapitres du Directoire pour le ministère pastoral des évêques. Une traduction en chinois en était donnée, puis, au cours de l’échange il était également rapproché de la situation de l’Eglise en Chine. Dès la première conférence, les participants ont été unanimes à reconnaître la richesse du document romain. Il évoque les diverses manières, pour une Eglise particulière, où qu’elle soit, de vivre et de célébrer la foi dans une société moderne sécularisée, la façon, pour cette Eglise, de guider ses fidèles dans la foi et de se mettre au service de la société. Les participants ont exprimé le souhait que non seulement les évêques mais aussi les prêtres de Chine – des communautés tant officielles que souterraines – puissent avoir en main ce document et le travailler lors leurs sessions d’étude habituelles, car il mène à l’unité, a-t-on souligné.
En plus de la solidité et de la richesse du document et des échanges qu’il a suscités, toute la visite a été marquée par un esprit d’ouverture et une atmosphère cordiale entre les participants eux-mêmes et avec les orateurs. Ce sentiment a grandi de jour en jour dans les liturgies et les moments de récréation. Les prières du matin et du soir étaient chantées selon des psalmodies chinoises et grégoriennes. Dans les abbayes, les visiteurs concélébraient en une communauté séparée. Lors de la fête de l’abbaye de Saint-André, ils ont toutefois participé à l’Eucharistie commune, mais ils n’ont pas concélébré. Ils manifestaient ainsi d’une part leur unité dans la foi et l’amour avec l’Eglise universelle, clairement présente chez chacun des participants, mais ils montraient d’autre part, qu’à cause de circonstances à l’intérieur de la Chine, l’unité juridique n’était pas encore réalisée pour certains d’entre eux. Les personnes concernées en ont visiblement l’espoir et s’efforcent, dans la mesure où elles le peuvent, d’obtenir cette unité juridique. Cette unité avec l’Eglise universelle s’est une fois de plus exprimée lors de leurs pèlerinages (du 9 au 15 décembre) aux sanctuaires de l’Eglise universelle comme Notre-Dame de Banneux, en Belgique, ou Lourdes et Lisieux, en France.
L’ambiance cordiale et fraternelle dans le groupe était manifeste lors des moments de détente le soir et quand nous faisions ensemble la vaisselle après chaque repas. Après une journée entière de longues conférences et de discussions animées, chacun se détendait autour d’une chope de bonne bière des trappistes. Les hôtelleries de Saint-André et de Brialmont résonnaient des éclats de rire suscités par des histoires savoureuses rapportées dans les divers accents du nord, de l’est, du sud et de l’ouest de la Chine. Lors de précédentes visites, il était rare d’avoir une atmosphère aussi franche et détendue.
Cette visite se situe dans la ligne de ce que l’Institut Verbiest entreprend depuis un quart de siècle : promouvoir le dialogue et les échanges entre les deux Eglises particulières de Belgique et de Chine et se conforter mutuellement dans la foi. Nous aurions préféré célébrer notre unité par une concélébration publique de l’Eucharistie. Mais cela n’était pas possible parce que l’unité juridique de chacun avec l’Eglise universelle n’était pas encore réalisée. Mais nous avons dialogué et prié ensemble avec des chrétiens de Belgique à Courtrai et à Banneux. Des questions y ont été posées et elles ont reçu des réponses franches in caritate et veritate (dans la charité et la vérité). Les visiteurs aussi bien que les hôtes ont été réconfortés par cette ouverture grandissante de part et d’autre. Faire preuve de charité en cachant la vérité aurait faussé la réalité ; alors que dire la vérité sans faire montre de charité n’aurait finalement pas été chrétien. Les relations qui allient charité et vérité peuvent porter du fruit.
Il y a eu un moment émouvant lorsque les évêques et les prêtres ont été visiter la galerie de photos des missionnaires CICM à Scheut. Mgr Paul Pei, coadjuteur du diocèse de Shenyang, y a découvert la photo du P. André Baert, CICM, qui a été missionnaire dans la paroisse où il est né. Mgr Pei n’a jamais connu le P. Baert mais tout au long de sa jeunesse ses parents ont raconté la générosité et le courage que ce grand missionnaire a montrés dans les circonstances les plus difficiles. « Je dois prendre une photo à côté de lui, a dit l’évêque, parce que le P. Baert a eu une grande influence sur ma vocation au sacerdoce. » Ensuite, nous avons fait silence autour de la tombe de Théophile Verbist, le fondateur des CICM (Congrégation du cœur immaculé de Marie), faisant mémoire des 679 missionnaires belges et hollandais qui ont apporté la foi en Mongolie intérieure, au Gansu, à Datong et au Jehol. Lorsque nous avons chanté ensemble le « Notre Père », nous sentions tous que nous faisions le lien entre l’ancienne et la nouvelle mission en Chine.
S’inscrivant dans la lignée des nombreuses délégations de Chine venues en Belgique au cours de ces 22 dernières années, la visite actuelle, au plan du contenu de foi et de l’ouverture dans le dialogue, a sans conteste atteint un sommet. Le partage avec les évêques et les orateurs, ainsi que le dialogue avec des chrétiens ont été empreints de franchise. On se sentait participer à la nouvelle mission de Chine d’après Vatican II, où deux communautés d’Eglises locales ont eu un dialogue comme membres de l’Eglise catholique universelle, dans l’esprit de la récente lettre pastorale du pape Benoît XVI : un dialogue sans préjugés.