Eglises d'Asie – Sri Lanka
L’évêque de Jaffna critique la manière dont l’enquête gouvernementale sur la disparition du P. Jim Brown est menée
Publié le 18/03/2010
« Bien que le Bureau des enquêtes criminelles à Colombo compte des policiers connaissant les langues utilisées dans le nord de l’île, ses responsables ont choisi, quinze mois après la disparition du P. Jim Brown, d’envoyer à Jaffna un enquêteur qui ne parle pas un mot de tamoul », a déclaré Mgr Savundaranayagam aux médias. « Nous sommes en droit d’attendre une enquête rigoureuse », estimant que la police ne prenait pas cette affaire de disparition au sérieux. Il a précisé que, de son côté, il avait tout fait pour que la disparition du P. Jim Brown et de Wenceslaus Vinces Vimalathas, le laïc, père de cinq enfants, qui accompagnait le prêtre le jour de sa disparition, le 20 août 2006, reste inexpliquée et rejoigne les centaines de cas similaires de disparition dont les enquêtes n’aboutissent jamais. Selon les médias locaux, le nombre des disparus au Sri Lanka se compte en milliers (2).
De nombreuses fois, Mgr Savundaranayagam a évoqué cette affaire avec les autorités gouvernementales, les ONG, et les ambassadeurs étrangers en visite à Jaffna, dont Mgr Mario Zenari, nonce apostolique au Sri Lanka. D’autres appels en direction de la communauté internationale ont été relayés par la Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka et par le pape Benoît XVI, qui, en avril dernier, a abordé le sujet avec le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, lors de sa visite au Vatican. L’Eglise catholique du Sri Lanka a lancé de nombreux appels pour que cessent les disparitions inexpliquées, les enlèvements, les meurtres et la guerre civile, un conflit qui a fait plus de 70 000 morts depuis juillet 1983.
Lors d’une veillée de prières en mémoire des disparus, en août dernier (3), la mère du prêtre disparu a crié sa douleur de ne pas savoir si son fils était vivant ou non. En mars dernier, la découverte de restes humains sur une place de Jaffna avait, un temps, laissé penser qu’il pouvait s’agir de celui du prêtre disparu, avant que des analyses ADN ne viennent démentir cette possibilité. A Mullaitivu, ville natale du P. Jim Brown, la population vit dans l’attente de savoir quand « il sera possible de célébrer les funérailles » du prêtre.