Eglises d'Asie

Les responsables de l’Eglise catholique se joignent aux représentants de la société civile dans leurs manifestations pour le rétablissement de l’Etat de droit au Pakistan

Publié le 18/03/2010




Le 10 décembre dernier, en dépit de l’état d’urgence encore en vigueur, des milliers de manifestations ont eu lieu, à travers le pays, pour dénoncer les mesures d’exception prises par le président Pervez Musharraf, le 3 novembre 2007. Parmi ces manifestations, on a relevé un nombre significatif d’actions menées par les responsables de l’Eglise catholique pour, là aussi, réclamer un retour à l’Etat de droit au Pakistan.

 

Ainsi, ce 10 décembre, à Faisalabad, le bureau local de la Commission épiscopale ‘Justice et Paix’ a organisé un symposium au sujet des « droits de l’homme au Pakistan : défis et solutions ». Près de deux cents personnes, chrétiennes et musulmanes, y ont pris part. Le P. Bonnie Mendes, directeur du Centre pour le développement humain à Toba Tek Singh, y a affirmé que la raison principale des troubles politiques vécus par le pays était la corruption et le matérialisme des dirigeants au pouvoir. Le prêtre catholique a appelé les militants des droits de l’homme à ne pas avoir peur « de dire la vérité et de dénoncer les injustices et les inégalités ».

 

Le même jour, à Lahore, des représentants des Commissions épiscopales ‘Justice et Paix’ et pour la paix et le développement humain, ainsi que des dirigeants du Centre for Legal Aid Assistance & Settlement, de l’APMA (All Pakistan Minority Alliance) et du Pakistan Christian National Party sont venus grossir une manifestation de deux mille personnes, devant la Haute Cour de Lahore. Les rangs des militants étaient principalement composés d’avocats, de médecins, d’enseignants ou bien encore d’étudiants. Prenant la parole, Asma Jahangir, présidente de la Commission pour les droits de l’homme au Pakistan (HRCP), a déclaré que 2007 avait été « l’année la plus noire » de l’histoire de la nation pakistanaise. « A Lahore, les forces de sécurité ont arrêté plus de 400 personnes et nombre d’entre elles n’ont pas réapparu. Au total, dans le pays, plusieurs milliers d’avocats, de journalistes, d’enseignants, d’étudiants et de militants des droits de l’homme ont été interpellés, tandis que 35 juges, à la Cour suprême et dans d’autres tribunaux d’importance, ont été placés en résidence surveillée », a-t-elle dénoncé, sous les yeux impassibles de policiers venus en nombre.

 

Par ailleurs, lors de leur assemblée annuelle, à Lahore, à la fin du mois de novembre dernier, les évêques catholiques du Pakistan ont débattu de la situation dans le pays, de l’état d’urgence et de l’aggravation de l’instabilité dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest, où forces de l’ordre et islamistes s’affrontent durement. Sous la signature du président de la Conférence épiscopale, Mgr Lawrence Saldanha, archevêque de Lahore, et de son secrétaire général, Mgr Anthony Lobo, évêque d’Islamabad-Rawalpindi, le communiqué des évêques exprime la condamnation de l’Eglise des actions menées à l’encontre de la société civile, coupable « d’avoir seulement cherché à défendre la liberté de conscience et la liberté d’expression » (1).

 

Le 15 décembre, le président Musharraf a déclaré la levée de l’état d’urgence, six semaines après son instauration. L’avenir politique du chef de l’Etat, qui avait consenti, le 29 novembre, à renoncer à son titre de chef des armées, dépend du résultat des élections législatives, fixées au 8 janvier 2008. Les chefs de l’opposition, Benazir Bhutto pour le PPP (Parti du peuple pakistanais) et Nawaz Sharif pour PML-N (Ligue musulmane du Pakistan), ont annoncé qu’ils y participeraient, tout en disant s’inquiéter des risques de fraudes électorales.