Eglises d'Asie

Supplément EDA 1/2008 : La Bible en Chine

Publié le 09/09/2010




Paradoxe de l’actualité : au moment où des médias hors de Chine soulignaient que le site officiel des Jeux olympiques de Pékin « recommand[ait] à chaque voyageur de ne pas introduire plus d’une bible en Chine » – laissant ainsi penser que la Bible était perçue par les autorités chinoises comme un livre suffisamment subversif pour en restreindre l’accès sur le sol chinois –, les Presses de l’Amitié, à Nankin, imprimaient leur 50 000 000ème bible.

Chaque année, quelque trois millions d’exemplaires de la Bible sortent des presses de l’imprimerie protestante, faisant de la Chine l’un des pays, sinon le pays, où le plus grand nombre de bibles est imprimé, que ce soit pour le marché domestique ou l’exportation.
Mais de quelle Bible en chinois est-il ici question ? La singularité du travail du P. Jean Basset, MEP, actif au Sichuan au début du XVIIIème siècle, mise ici en exergue par son lointain successeur, le P. François Barriquand, MEP, est frappante. A une époque où l’Eglise et ses missionnaires prêchaient la Bonne Nouvelle en confiant aux fidèles et aux catéchumènes un Catéchisme plutôt que la Bible elle-même, le P. Basset plaidait auprès de ses supérieurs l’ardente nécessité de traduire en chinois la totalité de l’Ecriture Sainte, porte d’accès à la Révélation.
Resté inachevé, son travail est parvenu à nous comme la première tentative de traduction continue en chinois du Nouveau Testament. Par une ironie de l’Histoire – et après quelques détours –, ce sont les protestants, et non les catholiques, qui donneront au travail du missionnaire français sa plus grande postérité : la Bible complète de Robert Morrison (1782-1834), de la London Missionary Society, utilise, en effet, largement la traduction du P. Basset et ce texte est à la base des traductions utilisées aujourd’hui en Chine.
Si le P. Basset avait plus d’un siècle d’avance sur son temps, les trois articles qui complètent l’étude du P. Barriquand montrent à quel point les catholiques chinois contemporains placent la Bible au cœur de leur travail d’évangélisation, de la formation chrétienne ou de l’approfondissement de la vie spirituelle, rejoignant ainsi leurs frères protestants, dont l’essor sur le continent chinois ne se dément pas.