Eglises d'Asie

Hongkong : après l’annonce par Pékin du report du suffrage universel à 2017, le cardinal Zen Ze-kiun s’est joint aux manifestants pro-démocratie

Publié le 18/03/2010




Comme il l’avait fait le 1er juillet dernier (1), l’évêque catholique de Hongkong, le cardinal Zen Ze-kiun, s’est joint aux manifestants pro-démocratie qui ont défilé, le 13 janvier dernier, dans les rues de Hongkong. Il y a six mois, les Hongkongais militant pour la démocratie à Hongkong défilaient à l’occasion du dixième anniversaire du retour de leur île sous le drapeau chinois ; dimanche dernier, ils manifestaient pour dire leur déception après l’annonce par Pékin que les élections locales de 2012 ne se dérouleront pas au suffrage universel. Selon la police, les manifestants étaient 6 800 lorsque le cortège s’est ébranlé et, selon les organisateurs de la marche, ils ont été 22 000 au total à se joindre au défilé.

C’est le 29 décembre, dans la capitale chinoise, que le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire a annoncé que les élections du chef de l’exécutif et du parlement local ne se dérouleront pas, en 2012, au suffrage universel. Dès le lendemain, les milieux pro-démocratiques condamnaient cette décision de Pékin, prévisible mais regrettable. Une coalition de six organisations chrétiennes réagissait sur le même ton, appelant les Hongkongais à descendre dans la rue afin de dire leur indignation face à ce que Jackie Hung Ling-yu, de la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse catholique de Hongkong, qualifiait d’« ingérence dans les affaires internes de Hongkong » et d’abandon par le gouvernement local du principe selon lequel « les Hongkongais gouvernent Hongkong ».

Le 13 janvier, les milieux pro-démocratie ont donc défilé du Parc Victoria jusqu’au siège de l’exécutif local et, avant le départ du cortège, les chrétiens ont observé – comme ils l’ont déjà fait lors de manifestations semblables – un temps de prière. Les chrétiens étaient invités à se réunir sous la bannière : « Fight for Democracy and Live out Faith ». Les six organisations chrétiennes réunissaient des catholiques et des protestants, la Commission ‘Justice et Paix’ et la Commission pour le travail du diocèse catholique de Hongkong ainsi que quatre organisations protestantes. Aux quelque deux cents chrétiens qui ont pris part à ce temps de prière, le cardinal Zen, qui fêtait ce jour-là son 76e anniversaire, a dit « le regret et la colère » qui l’habitaient après que Pékin eut ainsi ignoré les aspirations du peuple de Hongkong. « N’avons-nous pas le droit et le devoir d’exprimer notre peine après avoir été ainsi giflé en pleine figure ? », s’est-il interrogé, avant de rappeler que les chrétiens de Hongkong croyaient « en la force de la prière » pour obtenir le suffrage universel en 2012. C’est aux côtés du Rév. Ralph Lee Ting-sun, pasteur méthodiste et secrétaire général honoraire du Conseil chrétien de Hongkong, que le cardinal Zen a défilé.

 

Les militants du Parti démocrate qui menaient une grève de la faim devant le bâtiment du Legco (Legislative Council), le parlement local, depuis le 23 décembre dernier, ont reçu le soutien de

Martin Lee Chu-ming, ancien chef du Parti démocrate. Agé de 69 ans, de religion catholique, celui qui est considéré comme « le père de la démocratie » à Hongkong, s’est joint aux grévistes de la faim durant 24 h. A la fin de son jeûne volontaire, Martin Lee a reçu la visite du chef de l’Eglise catholique à Hongkong. Mgr Joseph Zen Ze-kiun, a dit son « soutien » aux militants pro-démocratie et son scepticisme quant à la volonté de l’Assemblée populaire nationale de permettre des élections au suffrage universel en 2017, les échéances électorales qui suivent celles de 2012. Le gouvernement local ferait mieux d’aider les Hongkongais à exprimer avec courage leur aspiration à un système électoral plus démocratique, plutôt que de « travailler pour les intérêts d’un petit nombre de personnes » et d’ « aider le gouvernement central chinois à empêcher l’avènement du suffrage universel ».

 

Actuellement, la moitié des 60 députés du Legco de Hongkong sont élus au suffrage direct tandis que, dans les faits, les autorités locales sont contrôlées par Pékin. Le chef de l’exécutif est élu par un collège de 800 grands électeurs, pour la plupart favorables à Pékin. La démocratisation du système politique est inscrite dans la Loi fondamentale, le texte qui fait office de constitution à Hongkong, mais seulement en tant que « but ultime » et sans calendrier. Les démocrates espéraient son avènement pour 2007, mais cette échéance est désormais repoussée au-delà de 2012. En mai dernier, Ma Lik, le président du principal parti pro-Pékin à Hongkong, avait affirmé qu’il n’y aurait pas d’élection directe avant 2022.