Eglises d'Asie

Province de la Frontière du Nord-Ouest : la communauté chrétienne endeuillée par l’assassinat de l’un des siens

Publié le 18/03/2010




Le 18 janvier dernier, 800 personnes ont pris part aux funérailles de Sajid William. La cérémonie s’est déroulée dans l’église des Assemblées de Dieu, dans le quartier de Swati Gate, à Peshawar, chef lieu de la Province de la Frontière du Nord-Ouest. La veille, Sajid William, un chrétien âgé de 29 ans, avait été abattu de trois balles par un inconnu. Selon le Rév. A.R. Hashmat, qui présidait les funérailles, Sajid William « était un serviteur de Dieu et il a été tué pour sa foi ».

Selon des sources chrétiennes locales, Sajid William a été tué alors qu’il se trouvait au volant d’une voiture, dans le quartier d’University Town. Employé par l’ONG allemande Shelter Now, active au Pakistan depuis 1983 (1), Sajid William était membre des Assemblées de Dieu et, ce 17 janvier, il se rendait à un groupe de prière. C’est sur le chemin séparant son bureau de l’église qu’il a été abattu. La police a ouvert une enquête pour homicide commis « par une personne inconnue » et, après avoir procédé à un examen balistique, a rendu le corps de la victime le 18 janvier au matin. Le Rév. Hashmat, responsable des Assemblées de Dieu à Peshawar, a déclaré qu’il n’engagerait pas « de procédures judiciaires car [Sajid William] est un martyr ».

 

L’incident est intervenu dans un contexte tendu à Peshawar. La trentaine de chrétiens qui priaient dans l’église où devait se rendre Sajid William a dû y passer la nuit, la police ayant bloqué la circulation le 17 janvier au soir après que, devant les portes d’un lieu de culte chiite, un adolescent eut fait exploser la bombe qu’il portait. Douze personnes ont trouvé la mort dans cet attentat-suicide, nouvelle manifestation des tensions, souvent sanglantes, qui existent entre la majorité sunnite et la minorité chiite dans le pays. A Peshawar, l’an dernier, à la même époque, un attentat-suicide avait fait onze morts, principalement des policiers, lors d’une procession des chiites à l’occasion de la fête d’Achoura, commémorant le martyr de Hussein, fils d’Ali et petit-fils du prophète Mahomet.

 

Dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest, marquée par une talibanisation larvée, l’assassinat du jeune chrétien s’inscrit dans un contexte où les menaces à l’encontre de la toute petite minorité chrétienne s’expriment de plus en plus ouvertement (2). Selon le P. Yaqub Shahzad, curé de Saint Jean-Marie Vianney, l’une des deux paroisses catholiques de Peshawar, « les chrétiens évangéliques doivent se montrer très prudents dans leur action, notamment pour tout ce qui touche à la prédication de l’Evangile et tout spécialement dans ces régions où toute conversion est absolument hors de question ».