Eglises d'Asie

Après la confiscation de bibles par un douanier, la Fédération chrétienne de Malaisie appelle à des mesures pour éviter de nouveaux incidents de ce type

Publié le 18/03/2010




Le 28 janvier dernier, trente-deux exemplaires de la Bible ont été saisis par un douanier de l’aéroport international de Kuala Lumpur, confisqués à une Malaisienne catholique de retour des Philippines. Le gouvernement de la Fédération de Malaisie, par la voix de son ministre-adjoint à la Sécurité intérieure, Fu Ah Kiow, a annoncé, une semaine plus tard, que les bibles avaient été restituées à leur propriétaire, mais la Fédération chrétienne de Malaisie, tout en saluant l’heureux dénouement de l’affaire, a demandé que les autorités prennent des mesures afin que ce genre d’incident ne se reproduise plus.

Juliana Nicholas, fidèle de la paroisse Notre-Dame de Lourdes à Klang, à une trentaine de kilomètres de Kuala Lumpur, rentrait de Manille, où elle avait fait l’acquisition de 32 bibles en anglais pour les remettre à un centre de formation chrétienne de sa paroisse. Inspectant ses bagages, un douanier a saisi les livres, au motif qu’ils devaient être visés par le Département de contrôle des textes et publications coraniques du ministère de la Sécurité intérieure. Finalement, le 5 février, les bibles ont été rendues à leur propriétaire.

 

L’incident, pour anodin qu’il puisse paraître, a vivement fait réagir les responsables chrétiens de Malaisie. Mgr Paul Tan Chee Ing, évêque du diocèse catholique de Melaka-Johor (Malacca-Johor) et président de la Fédération chrétienne de Malaisie, a déclaré avoir apprécié l’action rapide du ministre-adjoint à la Sécurité intérieure pour régler l’affaire, mais il a ajouté que les responsables chrétiens protestaient « dans les termes les plus vifs ». Le gouvernement « ne peut empiéter sur notre droit à utiliser notre livre saint ou tout autre ouvrage chrétien », a-t-il déclaré, ajoutant que de telles affaires n’étaient « pas rares ». Le prélat a demandé à l’administration de rédiger une directive à l’attention de toutes les agences gouvernementales, particulièrement l’appareil de la Sécurité intérieure, afin que les fonctionnaires s’abstiennent d’agir comme l’a fait le douanier de l’aéroport.

 

Selon Aloysius Pinto, un catholique qui s’occupe de programmes de formation à l’attention des paroisses, la réaction rapide du gouvernement dans cette affaire et le fait que les bibles ont été restituées indiquent bien que les autorités « n’aiment pas ce genre d’incidents », rapportés par les médiaux internationaux, et ce dans une période pré-électorale, les élections législatives devant avoir lieu dans quelques semaines (1). La mésaventure qui est arrivée à Juliana Nicholas témoigne toutefois de « l’islamisation » à l’œuvre dans la société malaisienne ; favorisée par l’ancien Premier ministre Mahathir Mohamad et son ex-dauphin Anwar Ibrahim, cette évolution amène certains fonctionnaires à prendre des initiatives « au nom d’une certaine conception de la défense de l’islam », analyse encore Aloysius Pinto.

 

Un incident similaire s’est produit quelques semaines plus tôt. En décembre 2007, des fonctionnaires de la Sécurité intérieure ont saisi des manuels de catéchisme en anglais, au motif qu’ils contenaient des illustrations de prophètes communs aux religions chrétienne et musulmane. L’administration avait déclaré que ces livres pouvaient heurter la sensibilité des musulmans, l’islam interdisant de telles représentations (2).