Eglises d'Asie

Le gouvernement réduit la semaine de congé du 1er mai et introduit trois jours fériés en lien avec la culture traditionnelle chinoise

Publié le 18/03/2010




Le Nouvel An chinois, la plus importante fête du monde sinisé, centrée sur la famille, est devenue l’occasion d’une des plus fortes migrations du monde. Cette année, ces déplacements massifs en Chine populaire, ont été gravement perturbés par des chutes de neige, inhabituellement abondantes jusque dans le sud du pays. Toutefois, si la fête du printemps (Chun Jie) est LA grande fête des Chinois, Pékin a récemment annoncé l’introduction de nouveaux jours fériés, liés à la culture traditionnelle chinoise, et, en contrepartie, la réduction à trois jours de « la semaine d’or » (Golden Week) du 1er mai.

Les « semaines d’or », inspirées du Japon, ont été introduites en 1999 par Pékin, soucieux de stimuler les dépenses domestiques dans une économie, à son goût, trop dépendante des échanges extérieurs. C’est ainsi, qu’outre la semaine de vacances pour le Nouvel An chinois, deux « semaines d’or » ont été introduites autour de la fête nationale, le 1er octobre, et de la fête du Travail, le 1er mai. Rapidement, l’engorgement massif des infrastructures de transport, lors de ces semaines de congé, ont amené les responsables chinois à réfléchir à un étalement de ces périodes chômées.

Selon un sondage commandé en mars dernier par le pouvoir, 65 % des Chinois se montrent favorables à une réduction des « semaines en or » et à une réintroduction des fêtes liées à la culture traditionnelle chinoise. Le 19 décembre 2007, le Conseil pour les affaires d’Etat (le gouvernement central) a annoncé qu’à compter de 2008, le 1er mai ne donnerait lieu qu’à un congé de trois jours maximum. La semaine liée au 1er octobre reste inchangée et trois nouveaux jours fériés sont institués : Qingming en avril, lorsque les familles vont nettoyer la tombe de leurs ancêtres (1), Duanwu en juin, en mémoire de Qu Yuan, grand poète patriote de la Chine antique (2), et enfin le festival de la mi-automne, en septembre (3).

Parmi les catholiques, ces changements ont été plus ou moins bien accueillis. Dans le diocèse de Zhoucun (province du Shandong), le P. Paul Wu se réjouit de ces changements. Outre le fait que voyager durant ces « semaines d’or » devenait véritablement problématique, leur répétition dans l’année perturbait la bonne marche des activités ecclésiales. « Même pour la messe dominicale, les fidèles étaient peu nombreux, trop occupés à voyager ou à rendre visite à des proches », explique-t-il. Avec des périodes chômées limitées à trois jours, il sera possible d’organiser des sessions de formation ou de prière, ou bien encore des pèlerinages vers des sanctuaires géographiquement proches.

A Shijiazhuang, chef-lieu de la province du Hebei, Maria Li se désole de ces changements. Ces semaines chômées étaient autant d’occasions de rentrer chez ses parents, à la campagne. Son village étant situé à une journée de bus de Shijiazhuang, elle ne pourra plus le faire aussi aisément. De plus, souligne-t-elle, les catholiques du Hebei ne pourront plus partir en pèlerinage à Sheshan (près de Shanghai), à Qingyang (dans le Jiangsu) ou encore à Taiyuan (dans le Shanxi), ces voyages prenant entre quatre et six jours. Enfin, elle estime que les Chinois d’aujourd’hui se moquent des valeurs traditionnelles et elle ne pense pas que ces nouveaux jours fériés contribueront à raviver la culture chinoise.

Au sanctuaire marial de Jianshan, dans la province du Shandong, les avis sont moins tranchés. Selon le recteur du sanctuaire, le P. Joseph Zhang, les catholiques évitent généralement la semaine du 1er mai et les foules de curieux qui se pressent au sanctuaire. Ils préfèrent venir prier la Vierge durant un autre week-end du mois marial. Dans une autre région du pays, dans le Shaanxi, un paysan catholique du diocèse de Weinan, indique que plus ou moins de vacances « ne fait pas de différence pour nous, dans les villages, parce que, de toute manière, nous nous déplaçons peu ».