Eglises d'Asie

Supplément EDA 2/2008 : Le point sur la situation politique et sociale du 1er décembre 2007 au 31 janvier 2008

Publié le 22/11/2010




Vie politique

La vie politique des deux derniers mois est marquée par la préparation des élections encore lointaines.

La préparation des élections de juillet 2008

* Le 10 décembre, l’Assemblée nationale vote une loi permettant l’arrestation d’un sénateur avant la levée de son immunité parlementaire. Plusieurs y voient une volonté de limiter la liberté de parole des sénateurs, qui désormais passent sous le pouvoir du gouvernement. La loi prévoit également de payer les funérailles des sénateurs, et de verser à leur famille un an de salaire après leur décès.

* Selon une ficelle maintes fois utilisée, le Premier ministre menace de dénoncer les espions qui travaillent pour lui dans les partis d’opposition.

* Le 31 décembre, 200 jeunes du PSR vêtus des T-shirt et casquette du parti défient la police en entassant une demi-tonne de détritus dans la ville de Battambang, pendant quatre heures. Quatre-vingt autres renouvellent le même exploit dans les rues de Sérey Sophoarn, le 1er janvier. Le 4 janvier, une directive de la police interdit de telles manifestations.

* Le 4 janvier, NIFEC, l’association cambodgienne d’observation du processus électoral, se plaint que cinq de ses volontaires aient été questionnés pendant toute une journée pour avoir mené une enquête auprès de la population sur la ratification rapide de la loi anti-corruption. Trente quatre volontaires participent à ce programme depuis le 19 décembre dans plusieurs provinces du Royaume.

* Le 4 janvier, 20 moines et 370 laïcs Khmers Krom (Khmers originaires de l’actuel Vietnam : KKK) se rallient au PPC, dans le but officiel de mieux protéger leur communauté. Pour le gouvernement, c’est un succès après l’affaire du moine Tim Sakhon, et de cinq autres moines condamnés par les autorités vietnamiennes.

On assiste à de nombreuses défections d’un parti pour un autre, spécialement pour le PPC, parce que le PPC « a une direction ferme », ou plus prosaïquement, pour avoir des chances d’obtenir un poste gouvernemental. Ces défections ont lieu six mois avant les élections, car dans ce délai, les ministres ne perdent alors pas leur charge. Il faut se souvenir qu’au Cambodge, la vie politique est plus dirigée par des intérêts personnels que par l’idéologie. Le Funcinpec traite ceux qui ont fait défection d’« opportunistes », le PPC affirme avoir une politique d’ouverture, comme la politique de « ciel ouvert ». Le 4 février, Hun Sen accueille les transfuges en demandant au PPC de ne pas les considérer comme des traîtres et de ne pas se venger contre eux. Pour le directeur de NIFEC, ces défections n’affectent pas beaucoup les électeurs de la base qui votent pour un parti plus que pour des individus.

* Au début janvier, Mme Ing Kantha Phavi, ministre des Affaires féminines, et Khun Haing, ministre des cultes, Chéa Peng Chheang, secrétaire d’Etat aux finances et son épouse Khlot Thong Phka, sénateur, puis le 7 janvier, Mao Havanall, secrétaire d’Etat à l’aviation, tous cinq membres du Funcinpec, rejoignent le PPC. Le 30 janvier, Ahmad Yahya, député PSR de Kompong Cham, et personnalité importante au sein de la communauté chame, rejoint le PPC pour mieux défendre les musulmans. Le 2 février, So Victor, vice-président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, et Sin Pinsen, de la commission pour l’Intérieur, le Défense et la corruption, quitte le Funcinpec pour le PPC.

* Selon le Premier ministre, le Funcinpec est en déclin pour avoir vendu les postes gouvernementaux qui lui étaient attribués. Nhek Bun Chhay, secrétaire général du Funcinpec, fait une analyse semblable mais ne semble pas apparemment affligé de ces défections.

Le PPC tient un congrès extraordinaire du 12 au 14 janvier. Les 900 délégués réaffirment la candidature de Hun Sen comme Premier ministre, en cas de victoire du parti aux prochaines élections, ainsi que la continuation de la collaboration avec le Funcinpec. On comprend aisément qu’une annonce par le PPC d’un changement d’alliance favoriserait le PSR, son unique rival sérieux.

* Le 15 janvier, l’Assemblée nationale approuve deux amendements concernant les limites des circonscriptions électorales et la création de nouveaux corps au niveau provincial, municipal et de districts.

Le PSR est sans doute le parti qui s’est le plus réformé pour une pratique de la démocratie en faisant élire ses représentants au niveau communal, provincial et national. Le PPC essaye également de se démocratiser : le comité central proposera des candidats, mais ce seront les comités de province qui choisiront en dernier ressort. Le Funcinpec fera élire ses candidats également par la base, contrairement à la pratique de Ranariddh qui les désignait d’en haut.

* Selon tous les protagonistes, le climat pré-électoral est nettement plus serein que lors des dernières échéances électorales. Le problème de taille est cependant l’accès aux médias, réservés, de fait, au seul PPC.

Tribunal des ex-responsables Khmers rouges

Les 15 et 16 janvier, les deux juges d’instruction du Tribunal Exceptionnel (TE) se rendent à Païlin, pour rassurer les cadres Khmers rouges qui ne seront pas mis en accusation, ce qui risquerait de mettre en danger la cohésion sociale. Les anciens cadres Khmers rouges font remarquer que si le tribunal voulait être équitable, il devrait juger les Etats-Unis, la Chine et le Vietnam qui sont responsables de ce qui s’est passé au Cambodge sous leur période de pouvoir. « On a arrêté les chefs, non pas parce qu’ils sont coupables, mais parce qu’ils n’ont plus le pouvoir », parce qu’ « ils sont les vaincus ». Une incarcération des chefs subalternes risquerait de replonger certains secteurs dans la guérilla, car le gouvernement actuel les a beaucoup déçus.

* 31 policiers cambodgiens sont spécialement entraînés pendant le mois de janvier, pour la protection des victimes, par deux anciens policiers allemands. Quatre-vint-dix autres ont déjà reçu une formation en juin dernier.

* Les avocats de Nuon Chéa ont tenté de faire annuler le procès-verbal de l’interrogatoire de leur client, en date du 19 septembre, lors de son arrestation, à cause de l’absence d’avocat. Mais Nuon Chéa avait alors plusieurs fois refusé toute assistance juridique et avait été mis au courant des conséquences de son refus. Le 25 janvier, les juges rejettent la demande d’annulation.

* Ieng Sary, 82 ans, n°3 du Kampuchéa démocratique, a dû être hospitalisé plusieurs fois à l’hôpital Calmette en fin janvier et début février. Ses avocats en profitent pour demander sa libération.

* Le 1er février, l’avocat américain Michael Karnavas, défenseur de Ieng Sary prête serment devant le barreau cambodgien. Par contre, le même barreau reporte l’admission de Victor Koppe, avocat néerlandais, représentant Nuon Chéa, pour avoir signé une déclaration de son compatriote Michel Pestman, visant à disqualifier le juge Ney Thol qu’ils accusent d’être orienté politiquement (il est membre du comité central du PPC, membre de l’armée qui a combattu les Khmers rouges, reçoit les ordres de l’exécutif cambodgien). Victor Koppe est autorisé à prêter serment le 6 février, après s’être excusé d’avoir mal compris la loi cambodgienne. L’audition de Nuon Chéa retardée par ce refus, peut reprendre dès le 7 février. Ses avocats demande la mise en liberté « pour présomption d’innocence » et parce qu’il a été, lui aussi, « victime du régime » ayant perdu près de 40 membres de sa famille (il était responsable des purges !).

* Le 6 février, on apprend que le coût du TE, initialement prévu à 56,3 millions de dollars, s’élèvera à 170 millions : 134,3 pour la partie internationale, et 35,4 pour la partie nationale. Le TE compte 168 postes du côté international, et 362 du côté cambodgien. Le TE coûte donc plus de 30 millions par an, ce qui est moins que le tribunal pour juger les criminels de Yougoslavie (150 millions) ou ceux du Rwanda (140 millions). Dans ce budget ne sont pas compris les émoluments d’un conseiller de l’ONU auprès du TE, à pourvoir. Le versement par le gouvernement cambodgien de sa quote-part, serait la preuve de son engagement dans le TE. Les jugements pourraient ne commencer qu’à la fin de l’année.

* Le 7 février, on apprend que plusieurs centaines de victimes ont porté plainte. Le Bureau pour les Victimes, nouvellement créé, commencera son travail durant le mois de février. Youk Chhang, directeur du Centre de Documentation, espère pouvoir rassembler 10 000 plaintes.

* L’actrice américaine Mia Farrow avait prévu d’allumer une flamme olympique symbolique au musée du Génocide S-21, comme elle l’avait fait au Darfour, au Rwanda, en Arménie et en Bosnie, pour attirer l’attention sur le génocide en train de se perpétrer au Cambodge, spécialement l’attention de la Chine, le plus important pays subventionnant le Soudan. Après quelque temps de flottement, le ministère de l’Intérieur interdit la cérémonie, de peur de mécontenter la Chine. La police interdit l’accès au S-21.

Economie

* Selon le ministre des Finances, le taux de croissance de 2007 serait de près de 9,6 %, le taux d’inflation de 5,7 %, le PIB serait passé de 613 dollars en 2006 à 680 en 2007, ce qui entraînerait la baisse du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté de 2 %. L’opposition et les observateurs contestent ces chiffres, au vu de l’inflation des prix alimentaires, qui ont presque doublé en quelques mois.

Agriculture

* La moisson de 2007-2008 a produit plus de six millions de tonnes de riz, soit 100 000 tonnes de plus que l’an dernier. Il y a donc un surplus alimentaire de deux millions de tonnes. Cependant une grande partie du riz est vendu en contrebande au Vietnam et en Thaïlande et on continue à prévoir un manque de riz lors de la soudure. Le prix du riz à la consommation à Phnom Penh a presque doublé depuis septembre dernier.

* Le 4 février, l’Australie fait un don de 3,5 millions de dollars au PAM pour nourrir 1,8 million de personnes au Cambodge, dans 12 provinces ! Le PAM a besoin de 20 millions par an pour cette opération, et a dû suspendre son action durant le premier trimestre de 2007.

* Le Cambodge est couvert par 70 000 hectares de plantations d’hévéas, publiques et privées. 35 000 tonnes de caoutchouc ont été exportées en 2007, rapportant plus de 25 millions de dollars. On prévoit 40 000 tonnes en 2008, pour une valeur de 30 millions. Le prix de la tonne sèche s’est situé entre 2 200 et 2 400 USD, mais on s’attend à ce qu’il monte à 2 600. Ces prix sont inférieurs aux prix pratiqués en Malaisie (2 702, début janvier).

* En 2007, 18 personnes suspectées de vol de latex sont incarcérées, trois ont été tuées ou se sont noyées pour échapper aux gardes, et 15 blessées.

* Le 22 octobre, le ministère de l’Agriculture décide de dissoudre les « 34 groupes de solidarité » qui ponctionnaient la moitié du prix du latex produit dans la société privée Tai Seng à Ratanakiri. Cette décision est rendue publique, début janvier.

* La Corée accorde un don de 26,7 millions de dollars pour la construction d’un barrage qui permettra l’irrigation de 20 000 hectares dans les provinces de Kompong Speu et de Kandal.

* La saison de la pêche 2007-2008 a été médiocre : 395 000 tonnes de poissons d’eau douce (baisse de 6 % par rapport à 2006), et 63 500 tonnes de poissons de mer (hausse de 5 %). Le prix du prahoc, pâte de poisson fermentée, nourriture de base des pauvres, a presque doublé.

Or et minerais

* Le 27 décembre, l’Assemblée nationale approuve une loi sur les zones protégées, les divisant en « cœur », qui sont intouchables, en « zones de conservation » qui seront accordées en concession uniquement par le gouvernement, et en « zones de communauté », pour l’usage des communautés locales. Dès le lendemain du vote, le ministre de l’Environnement annonce que plusieurs sociétés ont obtenu le droit d’explorer plusieurs zones de conservation, dans les Cardamones, le Mont Aural et dans le parc national de Virachey. L’opposition se plaint du fait que ces concessions soient accordées dans la plus grande opacité.

Textile

* Les exportations de produits textiles ont crû de 2 % en 2007 et se sont élevées à 2,93 milliards de dollars, soit une augmentation par rapport à 2006 (2,88 milliards), mais ont baissé durant le dernier trimestre. La levée des restrictions d’importation des textiles chinois par l’Europe et les Etats-Unis, le ralentissement de l’économie des Etats-Unis et la concurrence vietnamienne en sont les causes. Le patronat accuse les syndicats de saboter le marché par leurs grèves, ce que le SIORC dément : il n’a conduit que trois grèves durant l’année. Le Conseil d’arbitrage a été saisi pour 148 conflits et en a réglé 84.

Tourisme

* En 2007, le Cambodge a accueilli plus de deux millions de touristes.

* Le gouvernement avait déjà concédé des projets de développement sur quinze îles au large de Sihanoukville à dix-neuf sociétés privées. Un sous-décret signé le 1er novembre, et rendu public le 18 décembre, loue quatre îles au large de Sihanoukville à des sociétés pratiquement inconnues : Koh Sramaoch (256 000 m²), Koh Preus (562 800 m²), Koh Krabey (122 300 m²), Koh Treus (89 700 m²). Ni la durée de location, ni la destination de ces îles ne sont spécifiées. Certaines sociétés n’ont pas d’adresses… Le parc national de Réam devrait voir la construction d’hôtels. L’opposition demande à qui profite ces ventes, et dénonce l’opacité des contrats passés sans appels d’offre.

* Une société espagnole, NSOK, négocie, avec le soutien du ministère cambodgien de l’Agriculture, l’obtention d’une concession de 100 000 hectares dans la province de Ratanakiri (O Yadav) pour que les touristes fortunés puissent y chasser les animaux sauvages, à l’instar des territoires de chasse au Cameroun et en Tanzanie. La société a déjà investi 1,3 million de dollars depuis trois ans dans des recherches préliminaires. Selon le gouvernement, cela empêcherait le braconnage, mais n’affecterait pas la vie des minorités ethniques vivant dans ce territoire.

* Le 10 décembre, le Cambodge et la Thaïlande signent un accord instituant un visa touristique unique pour les deux pays. Le gouvernement recevait environ 40 millions de dollars par la délivrance des visas. On ignore quelle sera la répartition des nouveaux revenus d’une façon précise.

* Le 20 janvier un contrat d’investissement est signé avec la société Sokha hotel (filiale de Sokimex, très proche du gouvernement), à qui l’Etat avait vendu la montagne du Bokor en leasing pour 99 ans, en mai dernier. La société s’engage à développer la montagne du Bokor pour un montant d’un milliard de dollars dans les 15 ans à venir : réfection des 32 km de la route d’accès (20 millions), rénovation du Palace-Hotel, construction de plusieurs casinos, hôtels, villas, restaurants, fermes pour culture de fleurs, écoles, hôpital, etc.

* Sokha Hotel occupe désormais une grande partie de la plage de O Chheu Téal de Sihanoukville, avec un hôtel de 1 000 chambres, un terrain de golf de 54 hectares. La même société va construire un hôtel de 500 chambres sur un terrain de 14 hectares à Chroy Changvar.

* La route reliant Poïpet (frontière thaïlandaise) à Siemréap est en réfection depuis la mi-janvier, et sera achevée en octobre, permettant un accès plus facile des touristes à Angkor.

Construction

* Pendant les neuf premiers mois de 2007, 1 514 projets de construction ont été soumis au ministère de l’Aménagement, pour une valeur de plus d’un milliard de dollars. Près de 2 000 chantiers sont en cours, faisant travailler 20 à 30 000 personnes. La construction occupe le troisième poste dans l’économie nationale après le textile et le tourisme.

Industrie

* Le 14 janvier est inaugurée l’unique cimenterie du Cambodge, appartenant au Khaou Chuly Group, avec une grosse participation de la société Siam Cement. Le groupe a investi 127 millions de dollars, et emploie 520 travailleurs. En 2007, le Cambodge a importé 1,5 million de tonnes de ciment, mais la demande va croissant, et la cimenterie prévoit d’en produire 2,7 millions de tonnes en 2012. Les ressources disponibles peuvent assurer la production pendant 80 à 100 ans. En 2006, la cimenterie en a produit 960 000 tonnes. Les dirigeants se plaignent de la contrebande de ciment (à hauteur de 50 %) organisée par les officiels de douanes qui risque de mettre en danger la rentabilité de l’usine, ce que nie le gouvernement.

Commerce

* Les importations cambodgiennes ont augmenté de 72 000 à 82 000 conteneurs entre 2006 et 2007. 80 % des produits consommés au Cambodge proviennent de l’étranger. Le service des douanes a pu déjouer 373 opérations de contrebande de grande envergure et plus de 1 000 de moindre envergure. Les droits de douanes représentent 9 % du PIB.

* Depuis le 15 décembre, un nouveau poste-frontière est ouvert entre le Cambodge et le Vietnam à O Yadav (province de Ratanakiri).

* Le 3 janvier, Hun Sen demande aux militaires et fonctionnaires d’économiser leur dotation mensuelle (confortable) de carburant.

Dons, aides et investissements

* Lors de la visite du Premier ministre cambodgien en Inde, les 7-10 décembre, l’Inde a accordé un crédit de 35,2 millions de dollars pour financer 3 projets : 15 millions pour un barrage à Stoeung Tasal, dans la province de Kompong Speu, 15 pour construire une ligne haute tension entre Kratié et Stoeung Treng, 5,2 pour l’achat de pompes.

Electricité

* Le 29 décembre 2007, le Cambodge, le Laos et le Vietnam signent un accord de coopération pour accélérer la construction de deux lignes électriques financées par la BM, à hauteur de 18 millions de dollars, reliant le Vietnam à la province de Kompong Cham, et le Laos à celle de Stoeung Treng. La construction commencera en 2008 et sera achevée en 2010. Ces travaux devraient faire diminuer le tarif de l’électricité au Cambodge qui est l’un des plus chers du monde. Le Vietnam fournit déjà de l’électricité au Cambodge en sept points de passage.

La Chine soutient six projets de barrages hydro-électriques au Cambodge, qui suscitent des interrogations de l’International Rivers et de la Coalition Internationale des Rivières du Cambodge. Le barrage de Kamchay (province de Kampot) en cours de construction par la Chine, qui produira 180 MGW, va inonder 2 000 hectares de forêts protégées ; celui de Atay (province de Pursat), 110 MGW, en construction par le Vietnam, va inonder une partie des forêts protégées des Cardamones ; le projet de Stoeung Russey Chrum (province de Koh Kong), 235 MGW, risque d’affecter sérieusement la vie des riverains ; celui de Stoeung Cheay Areng (province de Koh Kong), 260 MGW, obligera le déplacement de 1 500 personnes et inondera une partie des forêts protégées des Cardamones où vivent 31 espèces d’animaux en danger ; celui de Stoeung Tatay (province de Koh Kong), 80 MGW, inondera une partie des forêts protégées des Cardamones ; quant au barrage sur le Mékong, à hauteur de Sambor, l’impact environnemental serait catastrophique.

Le Banque mondiale (BM) et la Banque asiatique pour le Développement (BAD) hésitent à financer de tels projets, mais la Chine n’a pas de scrupules et accepte de fournir l’expertise et les fonds. Pour le secrétaire d’Etat cambodgien au ministère l’Industrie, des Mines et de l’Energie, l’impact environnemental passe au second plan pour le Cambodge qui a besoin d’électricité pour son développement.

Société

Droits de l’homme

Le 30 janvier, Adhoc rend public son rapport sur la situation des droits de l’homme au Cambodge :
– les pressions sur la liberté d’expression ont été plus importantes qu’en 2006, spécialement quand il s’agit de conflits fonciers ;
– 149 personnes ont été arrêtées dans des affaires de conflits fonciers (78 en 2006), 49 sont toujours en prison ;
– 26 expulsions forcées ont eu lieu contre 16 en 2006, causant la mort de deux personnes ;
– la loi sur la violence domestique n’est guère appliquée, car les victimes doivent verser 14dollars pour porter plainte ;
– cependant, la liberté de la presse s’est améliorée, le pays est passé du 130ème rang au 85ème dans le classement de Reporters sans frontières.

Les informations qui suivent sont à lire comme illustrations de ce rapport.

* Le 10 décembre, journée mondiale des droits de l’homme et dernier jour de sa visite de 10 jours au Cambodge, Yash Ghai, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’observation des droits de l’homme au Cambodge, donne un aperçu du rapport qu’il fera devant la commission des droits de l’homme à l’ONU, en mars prochain. Il dénonce la détérioration de la situation des droits de l’homme au Cambodge, spécialement en ce qui concerne les conflits fonciers et l’absence de réforme judiciaire. Il souligne la responsabilité des pays donateurs d’aides au Cambodge, « profondément impliqués », dans les actions du gouvernement, qui sont « absolument inacceptables ». « Le Cambodge n’est pas un Etat de droit », « les tribunaux sont autant de sièges de l’injustice », « le type de développement appauvrit les plus pauvres et enrichit les riches intérêts privés ». Il prévoit le développement rapide du pays et « la pratique des spoliations de terrains peut engendrer des troubles dans l’avenir ».

Plusieurs instances gouvernementales réagissent vivement à ces critiques qu’elles estiment biaisées par des intérêts politiques partisans. L’opposition salue le courage du Représentant spécial qui « fait son devoir ». Le directeur de la Licadho affirme son accord avec l’analyse de Yash Ghai. Le 12 décembre, Hun Sen écrit au Secrétaire général de l’ONU pour se plaindre d’avoir été traité si durement par le représentant spécial, et annonce qu’il défendra la junte birmane à la Commission de défense des droits de l’homme de l’ONU. Il se moque du Kenyan Yash Ghai dont le pays est dans une situation bien pire que le Cambodge. Il demande à l’ONU de verser des compensations pour avoir soutenu le régime des Khmers rouges et bloqué l’aide internationale au Cambodge jusqu’en 1989. L’ambassadeur du Cambodge auprès de l’ONU écrit une lettre de protestation à Ban Kim Moon, secrétaire général de l’ONU.

* Le 18 décembre, plusieurs organisations internationales (Human Rights Watch, Asian Human Rights, Asian Forum for Human Rights and Development, FIDH, ACACT Internationale, signent une déclaration commune soutenant Yash Ghai.

* L’article 17 des accords de Paris prévoit la présence d’un représentant du Secrétaire pour l’observation des droits de l’homme au Cambodge, qu’Adhoc estime « n’avoir pas de prix ». La Licadho estime que ce n’est pas un droit mais une obligation que l’ONU maintienne son représentant.

* Le 19 décembre, la police de Ratanakiri disperse au canon à eau une marche pacifique de 160 personnes, protestant contre la déforestation et les spoliations de terres, en conformité avec les appels du Premier ministre demandant la cessation de la déforestation illégale et les spoliations. Plusieurs associations cambodgiennes protestent contre ce qu’elles voient comme une volonté de « museler toute liberté d’expression ». Le 26 décembre, la maison du responsable d’Adhoc est fouillée. L’opposition demande que le ministre de l’Intérieur vienne répondre aux questions de l’Assemblée concernant la répression violente des manifestations des 17 et 19 décembre.

* Le 7 janvier, à Dey Krahâm (Phnom Penh) un camion de la municipalité est incendié et plus de 100 résidents empêchent les ouvriers de la société 7NG de détruire leurs maisons. 7NG bloque toute entrée de marchandises et de nourriture dans le quartier. Des échauffourées entre les résidents et les ouvriers de 7NG ont lieu quotidiennement.

* Deux cents familles sur les 1 400 de Dey Krahâm relogées par 7NG seraient heureuses de leur nouvelle implantation à 20 km de Phnom Penh, beaucoup plus que les 2 000 du Tonlé Bassac abandonnées dans une rizière boueuse à Andong et Trapaing Anchanh ces années dernières.

* Le 11 décembre, plus de 100 membres de la minorité ethnique Tampoung de Bokéo portent plainte au siège d’Adhoc contre leur chef de commune (PPC) qui aurait vendu, en juillet dernier, 107 hectares leur appartenant, à un responsable régional de la Santé, pour une somme de 40 000 €.

* Le 26 décembre, 40 militaires et policiers expulsent 59 familles de Borey Keila, à Phnom Penh, pour les envoyer à 20 km de la capitale. Trois des dix bâtiments promis par la Phanimex pour reloger les 1 774 familles qui résidaient dans la cité olympique ont été construits, mais ils n’hébergent que 390 familles. D’après le maire de la ville, ces 59 familles n’étaient pas propriétaires de leur logement.

* Le 1er janvier, 40 policiers démontent les échoppes des marchants du marché de Thmâr Kaul (province de Battambang) et érigent des barrières de tôle autour du marché. Deux coups de feu sont tirés en l’air, quatre vendeurs qui résistaient sont battus et emprisonnés. On leur propose d’acheter de nouvelles échoppes pour 2 000 dollars à 1 km plus loin.

* Le 1er et le 3 janvier, 60 villageois de Kor Kralar (province de Battambang), représentant 148 familles, manifestent devant l’Assemblée nationale et la maison du Premier ministre pour réclamer le règlement d’un conflit foncier les opposant à un fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur, portant sur 600 hectares. Six villageois ont été emprisonnés dans cette affaire.

* Le 2 janvier, les autorités de Bokéo (province de Ratanakiri) font cesser le déboisement de 108 hectares dont la propriété est disputée entre un homme d’affaire et 278 familles de la minorité Tampuon.

* Le 8 janvier, plus d’une centaine de Montagnards de l’ethnie Phnong manifestent à Pech Chenda, pour demander la libération de quatre des leurs incarcérés le 3 janvier lors d’une violente confrontation avec des militaires qu’ils accusaient d’occuper leur terrain.

* Le 21 janvier, environ 200 villageois de Poïpet manifestent devant la maison du Premier ministre à Ta Khmau, pour réclamer la propriété de 103 hectares de Kbal Spéan. On leur donne 200 dollars pour qu’ils retournent chez eux, puis sur place, on les menace de prison s’ils ne signent pas l’abandon de leur plainte.

* Le 21 janvier, environ 200 villageois de la province de Bantéay Méan Chhey manifestent devant la résidence du Premier ministre pour réclamer les 103 hectares de terrain promis par un secrétaire d’Etat du Conseil des ministres en 2004 pour être donnés à 589 familles, mais qui de fait, ont été accordés à 34 familles apparentées aux puissants.

* Le 29 janvier, plus de 100 personnes de Sihanoukville manifestent devant la maison du Premier ministre à Ta Khmau, pour qu’il intervienne dans trois conflits fonciers.

* Le 3 février, 32 familles de Stoeung Mean Chhey (Phnom Penh) protestent devant la mairie : on les a expulsées pour permettre l’élargissement du pont en leur promettant 100 dollars par m², mais on ne leur en a donné que 13 aux uns, 47 aux autres.

* Le 5 février, la mairie de Sihanoukville ordonne à environ 70 commerces de quitter les 3,8 km de plage, sans compensation.

* Le 5 février, 300 villageois de Malai (Banteay Méan Chhey) manifestent devant leur mairie, contre la police qui leur demande de quitter les 300 hectares qu’ils occupent depuis 2004 ou de lui payer 160 dollars par hectare.

* Le 6 février, 140 familles de l’ethnie Tapuon vivant à Ratanakiri se plaignent d’avoir été forcées à accepter 4 000 dollars en échange de leurs 200 hectares de terres en conflit avec une société.

* Le 6 février, plus de 100 villageois d’Anlong Veng manifestent devant la préfecture de Siemréap pour demander la libération d’un des leurs qu’Adhoc juge innocent.

* La construction d’un port à Siemréap (Chhong Knéas) interrompu en mai, reprend sous la protection des forces de l’ordre et de jeunes gens en civil armés de barres de fer. Les habitants des 55 hectares de Chhong Khnéas et Phnom Krom sont expulsés contre une indemnité d’un dollar par m². Les villageois avaient demandé une indemnité comprise entre 2 et 7 dollars. La BM et la BAD se sont désengagées du financement du projet de port, qui est assuré par une société sud-coréenne.

Action syndicale

Un rapport du BIT en date du 4 décembre note une « modeste » amélioration des conditions de travail dans les 222 usines examinées. 13 % des usines ont connu des grèves durant les six derniers mois, contre 20 % durant les six mois précédents. L’application du code du travail est loin d’être parfaite, comme l’ont manifesté plusieurs grèves :

* Le 12 janvier, 300 ouvriers de l’usine textile Kings Land entrent en grève pour protester contre le licenciement de 18 syndicalistes et réclamer d’être payés au salaire minimum (50 dollars). Le 6 février, la grève tourne à la violence : une voiture de l’encadrement veut forcer un piquet de grève de 500 ouvriers, la police intervient en battant les ouvriers, au moins dix ouvriers sont blessés.

* Quatre cents ouvriers d’une usine de confection textile de Kompong Speu manifestent pendant quatre semaines contre le licenciement de trois de leurs responsables syndicaux. Le 21 janvier, 200 d’entre eux acceptent de reprendre le travail.

* Le 25 janvier, plus de 800 ouvriers de l’usine de textile Phnom Penh Garment City, manifestent pour demander la réembauche de onze membres du SIORC licenciés et le payement de six dollars mensuel d’indemnités de nourriture.

Justice

* Le 12 décembre, le Conseil des ministres ordonne aux deux sociétés géantes Sokimex et Phéap-imex, toutes deux très proches du gouvernement, de mettre fin au litige qui les oppose au sujet d’un terrain. L’opposition note que « les cours de justice n’osent pas statuer sur les cas où sont impliqués des éléphants ».

* Le 20 décembre, l’Assemblée nationale vote un projet de loi de 57 articles concernant le trafic humain et le commerce sexuel.

* Deux ONG cambodgiennes notent un accroissement de la violence domestique contre les femmes et de viols, dont sont victimes de très jeunes filles. Cambodian Women Crisis Center relève 1 025 cas de violence domestique (contre 827 en 2006), dont 202 viols (221 en 2006), 168 cas de trafic sexuel (146 en 2006). Pour sa part, ADHOC a reçu 632 cas de violence (531 en 2006, 364 en 2005), 523 viols.

* Les 4 et 5 février, neuf personnes sont victimes d’attaque à l’acide, à Phnom Penh et à Sihanoukville. Un jeune enfant en meurt.

* Les 21 prisons cambodgiennes sont surpeuplées avec 10 903 pensionnaires, soit 6 % de plus qu’en 2006. Vingt à trente prisonniers partagent la même cellule.

Education nationale

* Le 13 décembre, 17 enseignants et 200 étudiants protestent contre le principal de leur école qui aurait reçu des pots de vin pour délivrer des diplômes, et détourné les fonds du programme PAP (Programme d’Action Prioritaire). La direction de l’Education de Phnom Penh dément ces pratiques (habituelles…).

* Le 24 janvier, Ke Kim Yan, commandant en chef de l’armée cambodgienne, annonce qu’il offre 300 bourses pour les 600 futurs étudiants de l’université de Bantéay Méan Chhey qu’il est en train de construire. Il a participé à hauteur de deux millions de dollars à la construction de cette université, dont le coût total s’élève à 3,5 millions. Les frais de scolarité s’élèvent entre 500 et 1 250 dollars par an. L’an dernier, Hok Lundy, chef de la Police nationale, a ouvert semblable université à Svay Rieng ; elle compte actuellement 1 800 étudiants. L’opposition se pose des questions sur l’origine des fonds nécessaires à ces universités.

* La moitié des enfants des minorités de Ratanakiri n’ont pas accès à l’école. Le nombre d’élèves du primaire a diminué de 3,8 % dans l’ensemble du pays.

Santé

* Une ONG International Orbis Flying Eye Hospital, avec 20 médecins et infirmières de 14 pays, se rendent au Cambodge pour soigner les malades des yeux. Environ 140 000 personnes, soit 1 % de la population, seraient aveugle. Le Cambodge dispose actuellement de huit ophtalmologues et de 40 médecins pour les yeux.

* Le 28 décembre, le médecin suisse Béat Richer ouvre son 5ème hôpital pédiatrique Kantha Bopha, près du Phnom, sur un terrain donné par l’homme d’affaires Kith Meng. La construction et l’installation de l’hôpital de 300 lits est revenue à neuf millions de dollars. Chaque année, le fonctionnement des quatre hôpitaux de Kanthéa Bopha revient à 24 millions de dollars, dont deux millions sont fournis par le gouvernement et 2,5 par le gouvernement suisse.

* 39 827 personnes ont été atteintes de la dengue en 2007, 407 en sont mortes. C’est la pire épidémie depuis dix ans. 23 500 cas ont été traités par les hôpitaux Kantha Bopha.

* 17 % de la population cambodgienne pourrait être diabétique (15 % à la campagne, 20 % en ville). 10 % de la population rurale vit dans des conditions pré-diabétiques, 5 % sont atteints de la maladie, contre 10 % en ville. L’hypertension artérielle atteindrait 25 % de la population des villes, et 12 % de celle des campagnes. Les causes en sont une alimentation trop riche en sel, l’abus d’alcool, du tabac et du manque d’exercices.

* Selon le rapport de juillet de la BM, 60 % des établissements de santé ne sont pas en service faute de personnel. Peu payés, nombre de médecins et personnels hospitaliers travaillent dans le privé.

* En 2007, 26 personnes ont tenté de se suicider en sautant du pont de Chroy Changvar, à Phnom Penh. La plupart ont entre 17 à 25 ans ; ils souffrent de stress, de dépression liée à la pauvreté ou à des conflits familiaux. On en comptait 34 en 2006.

* En 2007, si le nombre des accidents a diminué (6 053 au lieu de 9 338 en 2006), le nombre des morts a augmenté (1 511 au lieu des 1 292 en 2006).

Mines

* En 2007 (jusqu’à la mi-décembre), on a dénombré 339 blessés ou tués par mines, soit moins des 405 de toute l’année 2006. 30 personnes ont été tuées. 50 km² ont été déminés, 66 910 mines anti-personnelles, 607 mines anti-char, 123 289 objets non explosés ont été détruits. 6 571 obus, grenades, roquettes, mines et obus de mortiers sont découverts chez un ferrailleur de Poïpet. 54 pièces étaient encore en état d’exploser.

* Le 31 janvier, l’Allemagne débloque 1,2 million de dollars pour le déminage des provinces de Siémréap et d’Oddar Méan Chhey. Depuis 1999, l’Allemagne a versé 7,9 millions de dollars dans les opérations de déminage.

Divers

Patrimoine

* Le 4 janvier, un collectionneur anglais remet au musée national de Phnom Penh deux parures royales masculine et féminine, en or et diamant, datant du règne de Jayavarman VII.

* Les relations khméro-thaïlandaises connaissent des tensions récurrentes au sujet du temple de Préah Vihéar, construit au sommet de la chaîne des Dangrek. En 1962, le Tribunal international de la Haye avait tranché en faveur du Cambodge. A cause de l’opposition thaïlandaise, le temple n’a pas été placé sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, lors de la réunion du comité en Nouvelle-Zélande, en juillet dernier, mais est bien placé pour y figurer cette année. Le 24 janvier, deux journaux thaïlandais rapportent les propos d’un porte-parole thaïlandais du ministère de la Défense, accusant la partie cambodgienne d’avoir « créé de toutes pièces de fausses évidences » pour s’attribuer la possession du temple. Le 25 janvier, le ministère thaïlandais de la Défense parle de « malentendu » et d’un « point de vue personnel » du porte-parole. Cet incident est toutefois révélateur.

* Un groupe de dix archéologues japonais, aidés de 15 étudiants cambodgiens, étudient le site de Phum Snay (province de Bantéay Méan Chhey). Ils pensent avoir découvert une civilisation de type matriarcal datant d’une période située entre le IVème et le Ier siècle avant l’ère chrétienne, semblable à d’autres de Chine et du Japon de la même époque. D’autres pensent à une date nettement plus proche (IVe-Ve siècle), voire à une capitale du Founan.

Distinctions

* Le 12 décembre, Hun Sen refuse le titre de « Suprême grand Homme d’Etat » que voulait lui conférer un groupe d’étudiants. « Ce titre n’est valable que pour le roi », se justifie-t-il.

* En novembre, Global Witness reçoit le prix de l’Engagement pour le développement. Le ministre cambodgien de l’Information reconnaît que « Global Witness est une bonne ONG mais qu’elle suit selon lui, un agenda politique personnel ».

Religion

* Durant les deux derniers mois, plusieurs personnes accusées de sorcellerie, ont été assassinées ou lynchées sans que la police n’intervienne.

Sports

* Le Cambodge remporte 18 médailles aux Jeux du Sud-Est asiatique de Thaïlande, dont deux d’or, trois d’argent, deux de bronze, score jamais atteint. Les détenteurs d’or recevront une récompense du gouvernement de 3 000 dollars, ceux d’argent de 2 000 dollars, et ceux de bronze de 1 000 dollars.

* Quatre athlètes représenteront le Cambodge aux jeux olympiques de Pékin. Quatre directeurs sportifs, un médecin et quatre fonctionnaires les accompagneront. Ils y vont pour participer, sans espoir de remporter quelques médailles.

Catastrophes

* Sans la nuit du 2 janvier, un incendie détruit totalement les 1 400 échoppes du Phsar leu (marché) de Sihanoukville, bourré de marchandises en prévision du Nouvel an chinois (7 février). Cette incendie, partie de deux foyers distincts, pourraient être d’origine criminelle, pour obliger les vendeurs à se déplacer dans un nouveau centre commercial onéreux (4 000 à 12 000 dollars l’échoppe). En avril 2007, un incendie semblable avait détruit le marché de Pursat. Les vendeurs se rendent en bus pour manifester devant la maison de Hun Sen, mais sont arrêtés dans les abords de la capitale. Ils obtiennent toutefois du Premier ministre un don de 300 000 dollars pour reconstruire le toit du marché, mettant par là fin aux rumeurs de déménagement forcé.

Phnom Penh

* Le 26 décembre, le ministre de l’Environnement déplore que l’étude sur l’impact du comblement de l’étang de Boeung Kâk ne soit pas encore achevée et que déjà, la société Shukaku (qui loge à la même adresse que la Phéap-Imex, et le même personnel) loue la société HSC pour mettre en place une canalisation qui pompera le sable du Mékong vers cet étang. Cet étang de 133 hectares lui a été vendu en leasing pour 99 ans. Dix hectares ne devraient pas être comblés. La municipalité a déjà donné les autorisations. Plus de 4 100 familles vivant autour de l’étang sont concernées. En 2003, plusieurs architectes de Paris, de Venise et d’Italie avaient fait des projets dans le cadre du programme Asia Urbs de l’Union européenne, mais aucun n’a été pris en compte.

* Le 24 janvier est posée la première pierre de la construction de la « Tour d’or », haute de 193 m et 42 étages, au croisement des boulevards Sihanouk et Mao Tsé Toung, par la société coréenne Yon Woo. Cette tour abritera 360 appartements, pour plus de 1 000 résidents, avec sauna, golf, centre commercial, bureaux, piscines, etc. La construction devrait être achevée en 2011. Quatre cent cinquante personnes ont déjà signé des engagements d’achat. Le prix du m² de ces appartements est compris entre 1 980 et 3 128 USD. Une autre tour de 30 étages est en construction près de la gare, par la Corporation des Cambodgiens de l’étranger, pour un coût de 200 millions, qui hébergera des bureaux. Une société coréenne a le projet de construire une troisième tour de 52 étages, près de l’ambassade de Russie, avec un budget de 1,1 milliard.

* Le 26 décembre, 24 kiosques à journaux situés près de la Cité olympique reçoivent l’ordre d’aller s’installer dans une autre rue. Le 9 janvier, les propriétaires manifestent devant la maison de Hun Sen qui leur accorde un dédommagement de 2 000 dollars par kiosque (au lieu des 5 500 demandés).

* Le prix des terrains de Phnom Penh a doublé, voire triplé durant l’année 2007 passant d’une moyenne de 700 dollars le m² à 1 600, voire 2 000 ou 3 000 dollars. Cette augmentation est due en grande partie aux investisseurs étrangers, spécialement sud-coréens, pour lesquels ces prix sont bien inférieurs à ceux de Hô Chi Minh-Ville (30 à 35 000) ou d’ailleurs.