Eglises d'Asie

Lahore : un attentat-suicide fait trente-deux morts, dont deux dans les bâtiments de l’Eglise catholique tout proches de l’immeuble visé par les terroristes

Publié le 18/03/2010




Mardi 11 mars, un attentat-suicide à la voiture piégée a fait 32 morts et plus de 150 blessés à Lahore. L’explosion s’est produite à 9 h 25 devant le siège local de la police fédérale, un immeuble de huit étages abritant les services de la Federal Investigation Agency (1). Situé à proximité immédiate, un ensemble de bâtiment de l’Eglise catholique a lui aussi été sérieusement endommagé par l’explosion ; deux personnes qui s’y trouvaient ont été tuées.

L’immeuble de la police pakistanaise a été ravagé par l’explosion et s’est partiellement effondré. Les dégâts constatés alentour sont également très importants. La cathédrale de l’archidiocèse de Lahore, la cathédrale du Sacré-Cœur, le collège et lycée de la Cathédrale du Sacré-Cœur, l’école Saint Anthony, ainsi que le Centre Saint Paul pour les médias et les locaux de la Caritas Lahore ont été endommagés par le souffle de l’explosion. Une imprimerie catholique, une communauté de religieuses et un centre de formation pour les catéchistes ont eux aussi été touchés. Selon Anila J. Gill, secrétaire exécutive de Caritas Pakistan, une fillette âgée de 3 ans, Meerab, la fille du chauffeur de l’archevêque, ainsi que Tariq Perwaiz, un concierge de Caritas, ont été tués. Cent cinquante élèves des écoles catholiques du lieu, blessés par des éclats de verre, ont été envoyés à l’hôpital.

 

Mgr Lawrence Saldanha, archevêque de Lahore, était dans sa chambre au moment de l’explosion. Récupérant d’une double opération aux genoux, il n’a pas été blessé par l’attentat et a pu suivre les opérations de secours de son balcon. Selon lui, cet attentat vise, comme les précédents du même genre, à « déstabiliser le pays ». Il a émis le souhait que le gouvernement, qui doit encore être formé après les élections du 18 février dernier, « pourra résoudre la crise par le dialogue ». Un prêtre qui s’est joint aux opérations de secours a estimé que « face à ces groupes violents, la seule issue est le dialogue ».

 

A peu près au même moment, dans un autre quartier de Lahore, un autre attentat-suicide à la voiture piégée a fait d’importants dégâts. Il a été perpétré à Model Town devant une agence de publicité, sans que l’on sache si celle-ci était ou non visée par les terroristes. On déplore quatre morts, dont deux enfants, et des blessés. Le domicile à Lahore d’Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto, est situé non loin du lieu de l’explosion.

 

Selon un bilan dressé par l’Agence France-Presse, depuis le début 2007, 1 065 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées dans 118 attentats, visant le plus souvent des institutions gouvernementales et perpétrés par des kamikazes. Le 10 janvier dernier, 23 personnes ont été tuées par un de ces attentats, commis au sein de la Haute Cour de Lahore.

 

Ce double attentat intervient au surlendemain de l’accord signé entre Asif Ali Zardari, à la tête du PPP (Parti du peuple pakistanais), et Nawaz Sharif, de la Pakistan Muslim League-N (PML-N). Les deux dirigeants politiques ont demandé au président Musharraf de réunir sans délai l’Assemblée nationale pour former un gouvernement de coalition. Une perspective lourde d’incertitudes tant la situation politique actuelle est inédite, avec un président sorti vaincu des élections et deux partis hier farouches ennemis, aujourd’hui contraints à l’alliance pour accéder au pouvoir (2). Le président Musharraf a vivement condamné les deux attentats de Lahore et annoncé la convocation le 17 mars de la nouvelle Assemblée nationale. Les chefs du PPP et de la PML-N se sont mis d’accord pour obtenir, dans les 30 jours suivant la première séance du Parlement, le rétablissement dans leurs fonctions des juges évincés par le général Musharraf (3).