Eglises d'Asie – Cambodge
Le gouvernement a organisé la première rencontre interreligieuse de l’histoire du pays
Publié le 18/03/2010
Selon Kun Haing, ministre d’Etat chargé du ministère des Religions et des Cultes, 95 % de la population cambodgienne, soit 14 millions d’habitants, est adepte du bouddhisme Theravada, dit du Petit Véhicule, qui bénéficie du statut de « religion de l’Etat » (1) ; les bouddhistes disposent de 4 307 pagodes et sont desservis par 55 583 moines, répartis en deux ordres principaux, Mohanikay et Thammayut. L’islam vient en seconde position, avec 320 167 fidèles disposant de 277 mosquées et 333 surav ou salles de prière (2). Kun Haing rapporte encore que les chrétiens sont répartis en plusieurs branches. Les catholiques, au nombre de 18 584, ont 25 églises et 52 autres lieux de culte. Quant aux protestants, ils sont 155 207 fidèles, avec 193 églises et 1 434 autres lieux de culte (3). Les autres religions sont très minoritaires, ne rassemblant, au total, que 1 % de la population (4).
Chaque entité religieuse, chaque croyant au Cambodge est « partie prenante du développement de notre pays », a déclaré le Premier ministre, en remerciant toutes et tous pour le travail réalisé sur le sol cambodgien. Cependant, dans un souci de paix durable et « pour promouvoir et conserver l’harmonie religieuse au sein de notre pays, chaque organisation doit faire en sorte d’éviter les situations conflictuelles vis-à-vis de la nation cambodgienne », a-t-il rappelé.
Une trentaine de catholiques (22 laïcs, quatre prêtres, deux évêques et deux religieuses) ont participé à la rencontre. Venus du vicariat apostolique de Phnom Penh et des préfectures apostoliques de Battambang et Kompong Cham, ils représentaient les trois circonscriptions de l’Eglise catholique au Cambodge. Pour certains, comme Sem Ket, une laïque de Kompong Thom, de la préfecture de Battambang, cette première rencontre interreligieuse « a aidé chaque religion à mieux comprendre l’autre ». Une réflexion partagée par Vong Thim, un autre laïc de Kompong Thom, qui ajoute qu’ainsi « la paix et l’harmonie seront préservées entre toutes les religions qui travaillent côte à côte au Cambodge ». La rencontre s’est achevée sur une déclaration en neuf points visant à remercier le Premier ministre, mais aussi pour rappeler le respect de tous au bouddhisme comme religion de l’Etat, aux traditions, à la culture et aux valeurs morales khmères, ainsi qu’aux lois et à l’ensemble des règlements établis par le gouvernement.
Duong Savong, le porte-parole de la communauté catholique lors de cette rencontre, a tenu à préciser que, contrairement à ce qui était écrit dans la déclaration en neuf points, ce n’était pas le Premier ministre mais le Front de Salut du Peuple cambodgien et l’Assemblée nationale qui avaient accordé la liberté religieuse aux Cambodgiens. Il a également fait remarquer que, s’il était évident que toutes les confessions devaient respecter le bouddhisme, les bouddhistes devaient eux aussi respecter les autres religions. D’autres participants ont noté que la rencontre était certes remarquable pour l’amélioration du dialogue interreligieux, mais qu’elle n’était peut-être pas dénuée d’arrière-pensées politiques. Les élections législatives auront lieu en juillet 2008, le gouvernement se voit critiqué pour l’augmentation du coût de la vie et, dans ce contexte, le Premier ministre ne peut que rechercher le soutien des religions.