Eglises d'Asie

Première femme catholique à être nommée au Sénat, Teresa Yuwade Nimsomboon espère être une voix forte pour l’Eglise catholique de Thaïlande

Publié le 18/03/2010




« Dieu, selon sa volonté, m’a donné l’opportunité d’être au service de mon peuple. » Le 19 février dernier, Teresa Yuwade Nimsomboon, 62 ans, présidente de l’Association catholique de Thailande, a été nommée sénatrice par le Comité de sélection pour un mandat de trois ans. La joie de la nomination passée, la première femme catholique sénatrice a pris à cœur ses responsabilités et souhaite, dès à présent, être une voix pour son Eglise ainsi que pour les femmes et les enfants de son pays.

La composition du Sénat thaïlandais se déroule en deux temps. Un Comité de sélection choisit 74 sénateurs sur une liste élaborée par la Commission électorale, puis 76 autres sénateurs sont élus au suffrage universel direct, soit un par province, Bangkok comptant pour une province. Les élections ont eu lieu le 2 mars dernier. Selon les rédacteurs de la Constitution thaïlandaise, cette formule, en vigueur depuis dix ans, permet de diversifier les membres de la Chambre haute du Parlement. Sur les 74 sénateurs récemment nommés, on trouve ainsi un paysan, un ancien général, un handicapé ou bien encore un journaliste. Soixante-deux sont des hommes, douze des femmes et tous sont diplômés de l’université. Le Sénat a le pouvoir de valider les textes de loi votés par la Chambre des représentants, de surveiller l’administration des affaires de l’Etat, de confirmer les nominations à la tête des agences étatiques indépendantes ou encore de démettre les haut fonctionnaires convaincus de corruption.

 

Pour Teresa Yuwade Nimsomboon, sa nomination est due au fait que le Comité de sélection a réalisé « l’importance d’avoir des catholiques ou des représentants d’autres religions minoritaires » au Sénat (1). La nouvelle sénatrice souhaite mettre à profit son mandat pour inciter le gouvernement à travailler dans des domaines qui n’ont, jusqu’à maintenant, pas ou peu été abordés. Elle pense notamment aux femmes et aux enfants de son pays, celles et ceux qui vivent dans les zones rurales et qui n’ont pas la chance d’avoir accès aux outils de promotion sociale. Pour Teresa Yuwade, certains champs d’action, comme l’éducation, sont à revoir au point que les enfants sont en train de « devenir les victimes des nouvelles technologies » et qu’il devient urgent de mettre en place des programmes éducatifs afin d’inciter les jeunes Thaïlandais à choisir entre le bon et le mauvais, grâce à des cours d’éthique et de morale. Résumant la tâche qui l’attend, Teresa Yuwade affirme qu’elle a « l’intention de travailler au service de la justice et d’user de [sa] position pour défendre les droits de l’homme », ajoutant qu’elle n’oubliera pas son devoir d’être une bonne chrétienne, vivant chaque jour la Parole de Dieu pour « être un lien efficace entre le gouvernement et les religions ».

 

Après sa nomination, la réaction des catholiques ne s’est pas fait attendre. Mgr George Yod Phimphisan, évêque du diocèse d’Udon Thani et président de la Commission pour les communications sociales de la Conférence épiscopale, a salué la nouvelle en reconnaissant l’effort du Comité de sélection pour assurer la représentation au Parlement de différentes religions. « Elle sera notre voix et pourra transmettre les opinions et les points de vue de l’Eglise catholique de Thaïlande », s’est réjoui l’évêque. Depuis des années déjà, Teresa Yuwade cumule les postes à responsabilité dans diverses organisations humanitaires. Elle a ainsi été présidente de l’Association catholique de Thaïlande de 2003 à aujourd’hui, après avoir été conseillère auprès de l’Association des femmes de Thaïlande entre 2000 et 2003 et membre du Comité consultatif économique et social national à partir de 2001. Son poste de présidente de la Confédération des organisations féminines de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), en 2002, lui a, en outre, permis d’affirmer sa notoriété qui, aujourd’hui, lui permet de siéger au Sénat.