Eglises d'Asie – Cambodge
Les catéchumènes doivent parfois à faire face à d’importantes difficultés pour devenir catholiques
Publié le 18/03/2010
Em Sokhorn, 22 ans, est une catéchumène de la paroisse Saint-Joseph de Phsar Thoich. Née dans une famille bouddhiste, elle confie que changer de religion est une démarche délicate, car, si sa famille a accepté sa décision, tel n’a pas été le cas de ses amis qui l’ont rejetée. Elle se souvient de villageois qui avaient coutume de dire que les chrétiens étaient sources de troubles dans la société cambodgienne. Voulant en savoir davantage sur la manière de vivre des chrétiens, elle a rejoint un groupe de catéchisme puis a décidé de cheminer vers le baptême.
Gnim Sok Eang, 35 ans, a un parcours plus difficile. Des habitants de son village l’ont menacée, l’accusant d’adhérer à « une religion étrangère », de s’éloigner de la culture khmère et de trahir sa nation. « Mon mari m’a souvent empêchée d’aller aux réunions de catéchuménat », précisant qu’il était parfois violent mais que « personne ne [pouvait] l’arrêter dans [sa] démarche », car « bien que ce ne soit pas facile », elle « aime la Bonne Nouvelle présente dans la vie chrétienne ».
Dung Savong, catéchiste de la paroisse Saint-Joseph, confirme que « les nouveaux convertis doivent faire face à de nombreux défis, y compris à des réprimandes de la part de leur famille, amis ou voisins » ; certains sont menacés d’être déshérités. « L’Eglise pose des conditions pour devenir catholique. Les catéchumènes doivent être âgés d’au moins 18 ans et avoir suivi un parcours de catéchuménat de trois ans », précise-t-il. « Le programme est long pour aider les convertis à comprendre plus profondément la doctrine de l’Eglise et pour approfondir et fortifier leur foi avant de recevoir le sacrement du baptême », confirme Mgr Destombes, des Missions Etrangères de Paris, précisant que si leur foi est solide, les catéchumènes deviendront de bons témoins du Christ et qu’en aucun cas, l’Eglise catholique « ne force » les personnes à changer de religion.
Pour le P. François Ponchaud, des Missions Etrangères de Paris et directeur du Centre culturel catholique cambodgien, « il est effectivement difficile pour un Khmer de devenir catholique du fait de la rigueur de la culture et des coutumes khmères », le bouddhisme étant communément perçue comme faisant partie de l’identité khmère, cette dernière représentant 95 % de la population cambodgienne.