Eglises d'Asie – Sri Lanka
En raison des bombardements, l’évêque catholique de Mannar a fait mettre à l’abri la statue du sanctuaire marial de Madhu
Publié le 18/03/2010
Depuis des semaines, le sanctuaire de Madhu – centre de pèlerinage fréquenté à la fois par des catholiques, bouddhistes et hindous, qu’ils soient cinghalais ou tamouls – est la cible de tirs croisés (1). « Des tirs ont touché les locaux de l’église. Nous avons lancé plusieurs appels pour que les bombardements cessent mais, jusqu’à présent, nous n’avons pas été entendus. J’ai donc demandé aux prêtres et aux fidèles de se réfugier dans un endroit plus sûr avec la statue », a expliqué Mgr Rayappu (2). Depuis le 3 avril au soir, « le sanctuaire est désormais fermé, déserté de vie humaine et du Saint Sacrement », a confirmé le P. Surenthiran Ravel Leenus, secrétaire du prélat. Le lendemain, une journée d’adoration et de jeûne pour la paix était organisée dans les paroisses du diocèse.
« Ce sanctuaire a permis d’accueillir des milliers de réfugiés, notamment dans les années 1990 où 36 000 personnes déplacées y ont trouvé refuge. » A présent, « pour la première fois de son histoire, c’est Notre Dame de Madhu qui devient une réfugiée », a déploré l’évêque. Le 2 avril, un jour après la déclaration de Mgr Rayappu demandant que le sanctuaire de Madhu soit protégé des bombardements en étant déclaré « zone de paix », près de 3 000 personnes ont manifesté dans les rues de Mannar afin d’appuyer la demande du prélat. Ce même jour, Mgr Oswald Gomis, archevêque catholique de Colombo, demandait également au président de la République, Mahinda Rajapakse, de protéger le sanctuaire.
Au mois de novembre dernier, les responsables de l’Eglise catholique avaient déjà lancé un message similaire, après un bombardement du sanctuaire de Madhu, le 13 novembre 2007. Trois obus étaient tombés, tuant un jeune garçon de 4 ans et blessant une femme de 76 ans. Abrité au cœur d’une vaste zone forestière, le sanctuaire de Madhu se trouve dans une région contrôlée en grande partie par les rebelles tamouls, mais, depuis la fin du cessez-le feu (3) et l’intensification des combats entre Colombo et les Tigres, la région est devenue très dangereuse.