Eglises d'Asie

L’Eglise catholique s’organise pour secourir les victimes du cyclone Nargis

Publié le 18/03/2010




Depuis le passage du cyclone Nargis sur le delta de l’Irrawaddy, l’Eglise catholique locale tente de s’organiser pour venir au secours des rescapés. A l’initiative de l’archidiocèse de Rangoun, un comité de coordination a été formé, le Myanmar Disaster Relief Committee (MDRC), afin d’épauler l’action de Karuna, appellation de la Caritas locale. Dans un contexte politique sensible, où les généraux au pouvoir n’entrouvrent que très partiellement les frontières du pays à l’aide internationale, l’Eglise catholique de Birmanie a lancé un appel à l’aide, les besoins étant considérables.

Le 8 mai, soit cinq jours après le passage du cyclone, Mgr Salvatore Pennacchio, délégué apostolique auprès du Myanmar (nom officiel de la Birmanie), a pu se rendre à Rangoun, de Bangkok où il réside habituellement. En compagnie de l’archevêque de Rangoun, Mgr Charles Bo, Mgr Pennacchio a constaté de visu les dégâts causés par la tempête ; il s’est rendu dans plusieurs localités autour de l’ex-capitale du pays. Selon Mgr Bo, le nombre de morts se situe dans une fourchette très imprécise – 25 000 à 100 000 victimes – et plus de 200 000 personnes seraient portées disparues. A Laputta, localité située à 120 km au sud-ouest de Rangoun, le délégué apostolique a constaté que, sur place, l’aide internationale arrivait petit à petit.

 

Un camion de l’Ordre de Malte est arrivé à Laputta le 11 mai, après un voyage par voie terrestre sans obstacles majeurs. Un centre de soins improvisé a été monté dans la maison d’un membre local de l’Ordre. Deux médecins et une infirmière ont commencé à y soigner des personnes atteintes de diarrhées et d’affections respiratoires. L’une des urgences consiste à fournir de l’eau potable aux rescapés. Selon une source catholique locale, le nombre de morts pour le seul diocèse de Rangoun pourrait s’élever à 100 000, tout comme dans le diocèse de Pathein, dont le territoire recouvre en grande partie le delta de l’Irrawaddy (1).

 

Sur place, les témoignages des rescapés sont le plus souvent insoutenables. Dans le village de Leieintan, où seule une maison reste debout et où les églises baptiste et catholique ont toutes deux perdu leur toit, un catholique ne trouve pas les mots pour exprimer la vision de ce qui était le grenier à riz du pays, aujourd’hui jonché de cadavres d’êtres humains et d’animaux. Les récits sont nombreux de parents qui avaient trouvé refuge dans des arbres et qui ont perdu leurs enfants, emportés par des flots montés jusqu’à quatre mètres de hauteur.

 

Sur place toujours, les responsables des ONG internationales qui ont pu entrer dans le pays se plaignent de l’attitude des autorités. « Le gouvernement veut garder le contrôle complet de la situation, bien qu’il n’arrive pas à apporter suffisamment d’aide là où elle est nécessaire et en dépit du fait qu’il n’a pas l’expérience de ce type de crise. Nous devons rendre compte de tout ce que nous faisons, de chacune des décisions que nous prenons. Ils ont des yeux et des oreilles partout », témoigne l’un d’entre eux, sous couvert d’anonymat.