Eglises d'Asie – Chine
Parmi les destructions causées par le tremblement de terre du 12 mai figure un ancien grand séminaire édifié il y a tout juste un siècle
Publié le 18/03/2010
Trois jours après la catastrophe, les secours, mobilisés sur une vaste échelle (1), continuaient à déblayer les constructions effondrées à la recherche de survivants, mais, déjà, les informations affluent sur les dégâts matériels considérables causés par la secousse. Au nombre des destructions figure l’ancien grand séminaire de Hebachang, un magnifique et vaste bâtiment dont le centenaire devait être célébré à la fin de ce mois.
Selon les témoignages reçus de Chine, le séminaire de l’Annonciation a été complètement détruit. Situé dans le district de Pengzhou, au lieu-dit de Hebachang, il se trouve à 45 km au sud de Wenchuan, épicentre du tremblement de terre. Inhabités depuis des lustres, les bâtiments se sont effondrés, ne blessant que trois catholiques, présents sur les lieux en prévision des festivités du centenaire. La grande chapelle du séminaire, qui avait déjà souffert des conséquences d’un glissement de terrain survenu il y a des années, s’est elle aussi effondrée.
La construction de ce séminaire avait débuté en 1895, à l’initiative des pères des Missions Etrangères de Paris, qui avaient alors la responsabilité du Sichuan, et s’est achevée en 1908. Séminaire diocésain dans un premier temps, puis régional, Hebachang a formé des générations de prêtres chinois, jusqu’en 1949, où l’arrivée des communistes au pouvoir a entraîné sa fermeture. Connu également sous le nom de Bailu Shangshuyuan (‘collège d’en-haut’ de Bailu), le séminaire était installé à flanc de colline, surplombant une vallée boisée ; un petit séminaire (collège d’en bas) était installé plus en aval, près de l’église paroissiale de Bailu. De l’époque de la Révolution culturelle subsistent des slogans maoïstes et des graffitis laissés par les gardes rouges, mais le lieu était resté à peu près intact. En 2004-2005, le diocèse de Chengdu en obtenait la restitution et le curé de Bailu avait le projet de le rénover pour en faire un grand centre catholique. Les autorités locales, soucieuses de développer le tourisme dans la région, étaient parties prenantes du projet, et, en 2006, Hebachang était inscrit sur la liste des monuments historiques nationaux.
En prévision de ces développements et pour affirmer l’attachement de l’Eglise locale à ce lieu, le centenaire de Hebachang devait être célébré avec un certain faste. Une association de la jeunesse catholique de Chengdu avait prévu de s’y rendre en pèlerinage le 24 mai prochain, fête de Notre-Dame, Secours des chrétiens. En compagnie de séminaristes du Séminaire régional du Sichuan, ils devaient assister à une messe célébrée sur place le samedi 24, puis à la messe dominicale, en la solennité du Saint-Sacrement, le lendemain, à l’église paroissiale de Bailu. Depuis le tremblement de terre, tout a bien sûr été annulé. Outre Hebachang et Bailu, de nombreuses églises catholiques ont souffert de la secousse tellurique ; dans le diocèse de Chengdu, une trentaine de lieux de culte ont été endommagés, dans celui de Chongqing, pourtant éloigné de l’épicentre, ce sont au moins une dizaine d’églises qui ont souffert. Sur le plan humain, quatre membres de la chorale de la cathédrale de Chengdu, en déplacement à Beichuan, n’ont donné, à ce jour, aucune nouvelle.
Ce tremblement de terre, qualifié de plus important en Chine depuis celui de Tangshan, en 1976, a atteint l’amplitude de 7,9 sur l’échelle de Richter. Malgré une formidable mobilisation nationale, l’espoir de retrouver de nombreux survivants du séisme a brutalement disparu le 15 mai avec une estimation officielle d’au moins 50 000 morts. La secousse s’est produit très exactement 88 jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin, prévue pour le 8 août 2008, à 8 h (ce que certains interprètent comme un signe néfaste) (2).