Eglises d'Asie

A l’image de la nation, l’Eglise catholique en Chine s’est mobilisée pour venir au secours des victimes du tremblement de terre du Sichuan

Publié le 18/03/2010




A l’unisson de la population, mobilisée dans tout le pays dans un élan de solidarité sans précédent, l’Eglise catholique en Chine participe aux secours destinés aux victimes du tremblement de terre qui a ravagé une partie du Sichuan le 12 mai dernier.

Dans les jours qui ont suivi le séisme, dont la magnitude a été révisée par les sismologues chinois de 7,8 à 8 sur l’échelle de Richter, ce sont soixante prêtres et religieuses qui sont partis du Hebei, de Tianjin, du Shanxi, du Shaanxi et d’autres provinces pour porter secours aux rescapés. Sous l’égide de Jinde Charities, organisation caritative chinoise reconnue par les autorités depuis 2006 (1), ils se sont mis à la disposition des secouristes, une bonne partie d’entre eux étant médecins ou infirmières.

 

Les 21 et 22 mai derniers, une équipe formée de quatre prêtres et deux religieuses ont ainsi pu distribuer cinq tonnes de riz et 200 bidons d’huile de cuisson à des rescapés dans le district particulièrement sinistrés de Beichuan, situé à 90 km au nord-est de Wenchuan, épicentre du séisme. Après avoir franchi des barrages de la police grâce aux laissez-passer fournis par la Croix-Rouge chinoise, ils ont pu parvenir jusqu’aux portes de Beichuan, une localité désormais fantôme que les autorités ont fait évacuer et dont les rares bâtiments encore debout sont promis à la démolition ; aucun espoir subsistant de trouver des survivants sous les décombres, les ruines sont aspergées de désinfectant, mesure visant à prévenir de possibles épidémies. Sur les 30 000 habitants de Beichuan, 12 000 sont morts et 3 000 sont portés disparus (2).

 

Du 19 au 23 mai, Mgr Joseph Li Liangui, évêque « officiel » du diocèse de Xianxian (province du Hebei) et vice-président de Jinde Charities, s’est rendu dans la région touchée par le séisme. Sur place, il a expliqué qu’une des particularités de Jinde Charities était sa capacité à coordonner les aides des ONG catholiques étrangères. C’est ainsi que Caritas Internationalis a obtenu l’autorisation officielle d’ouvrir, en partenariat avec Jinde Charities, un bureau à Chengdu, capitale du Sichuan, afin d’organiser, au-delà de la phase d’urgence, l’aide venue des organisations catholiques. Plusieurs milliers de tentes ont déjà été envoyées sur place et l’assistance aux rescapés est désormais la priorité. Quant à la phase de reconstruction, Mgr Li Liangui explique qu’il s’agit d’une opération à long terme, nécessitant des capitaux considérables : « Nous continuerons d’aider les victimes par un soutien matériel, mais nos ressources financières sont limitées. Nous ferons tout ce que nous pourrons, mais il me semble qu’il est aussi sinon plus important de reconstruire les esprits, d’apporter une aide psychologique et spirituelle, de témoigner de l’amour à ceux qui ont tout perdu afin qu’ils puissent continuer à aller de l’avant. C’est là une tâche qui doit être faite. »

 

Les communautés catholiques locales n’ont pas été épargnées par le séisme. Les informations manquent pour établir un bilan. Pour l’instant, on sait seulement que neuf églises ont été entièrement détruites, deux autres sont inutilisables et nécessiteront de gros travaux, seize autres enfin ont été endommagées et appellent d’importants travaux. A Nanchong, située à 240 km de l’épicentre, le toit de la cathédrale s’est fissuré et, à titre conservatoire, les autorités ont interdit l’usage du bâtiment. Selon Joseph, un paroissien de la cathédrale, la catastrophe aura révélé la grandeur d’âme des Chinois : « L’égoïsme et la crainte ont cédé la place au dévouement et à l’engagement envers son prochain. »