Eglises d'Asie

Alors que, sur ordre du gouvernement, les ONG doivent évacuer les zones de combat, l’Eglise catholique porte secours aux personnes déplacées

Publié le 18/03/2010




Le 8 septembre dernier, le gouvernement sri-lankais a ordonné aux ONG travaillant dans les zones sous domination du LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul), de rejoindre la partie du pays qu’il contrôle. Les autorités leur ont donné jusqu’au 29 septembre pour partir, arguant de l’impossibilité à garantir leur sécurité après cette date. Il est précisé que des couloirs humanitaires seront mis en place afin que les personnes déplacées puissent rejoindre les zones sous protection gouvernementale.

Les médias locaux relatent que, depuis le 16 septembre, les membres de toutes les ONG internationales, ainsi que les représentants des Nations Unies, ont quitté Kilinochchi, ville sous contrôle rebelle, à 280 km au nord de Colombo. Dans le nord, l’Eglise catholique tente de pallier ces départs. Le P. Sosai Santhia Joyce Peppi, directeur de la Caritas-Valvuthayam, dans le diocèse de Mannar, a déclaré : « Les militaires nous ont autorisés à aller dans les zones rebelles et des fonctionnaires nous ont fourni une liste des déplacés. » Lors d’une interview téléphonique avec l’agence Ucanews, le 15 septembre dernier, le P. Peppi a ajouté : « C’est un grand défi pour nous, étant donné que les autres organisations ont quitté la zone des combats. » La Caritas, connue localement sous le nom de Centre de développement économique et social, est la branche d’action sociale de l’Eglise catholique au Sri Lanka.

 

« Les gens n’ont ni abri, ni nourriture, ni moustiquaires, ni médicaments, pas d’installations sanitaires. Et la mousson est particulièrement forte », rapporte le prêtre, qui s’inquiète des femmes enceintes et des enfants qui se trouvent parmi les déplacés. Dans les paroisses, les prêtres de l’Eglise s’efforcent, avec les moyens dont ils disposent et le soutien des Caritas des diocèses de Jaffna et de Mannar ou encore celui du Jesuit Refugee Service, de venir en aide aux populations.

 

Selon des sources ecclésiastiques, alors que les forces du gouvernement s’apprêtent à attaquer les bases du LTTE dans ce qui se veut un assaut final pour écraser l’insurrection tamoule, près de 160 000 personnes, sur les territoires des diocèses de Mannar et Jaffna, ont dû abandonner leurs maisons. Elles se déplacent de village en village, à travers les rizières et la jungle. Les évêques des deux diocèses ont lancé un appel afin de procurer nourriture, secours et assistance médicale aux réfugiés.

 

L’évêque de Mannar, Mgr Rayappu Joseph, s’est exprimé dans une lettre écrite après sa rencontre le 8 septembre avec les déplacés des zones sous contrôle rebelle : « Six de mes prêtres, envoyés deux par deux, sont en train de visiter cette région et de répondre aux besoins spirituels et matériels des déplacés. » Il précise que les prêtres ont accompagné les déplacés au prix de grandes difficultés. L’évêque s’inquiète des risques de propagation des maladies infectieuses, particulièrement du paludisme et de la dysenterie parmi les enfants.

 

Gotabhaya Rajapaksa, frère du président et secrétaire d’Etat à la Défense, a expliqué la position de Colombo dans une interview au très officiel Sunday Observer, le 14 septembre. Selon lui, le gouvernement a pris la décision de demander aux Nations Unies et aux ONG d’évacuer les territoires aux mains des rebelles tamouls, afin d’éviter des incidents dramatiques au cas où la guerre s’intensifierait. Le gouvernement s’est engagé à garantir la sécurité des personnels de l’ONU, qui ont été priés de transférer leurs bureaux à Vavuniya, ville sous le contrôle de l’armée.