Eglises d'Asie

Les responsables protestants officiels tendent la main aux « Eglises domestiques »

Publié le 18/03/2010




Les responsables nouvellement élus des Eglises protestantes officiellement reconnues par les autorités chinoises ont manifesté leur volonté de collaborer avec les Eglises domestiques, souvent clandestines. Ils sont même disposés à leur offrir des bibles.

« Pour les ‘Eglises domestiques’ qui ne sont pas enregistrées, nous allons faire de notre mieux pour être avec elles, pour les reconnaître et pour les aider, à condition que leur foi soit orthodoxe, qu’elle ne s’écarte pas de la vérité et qu’elle n’adhère pas à des croyances hérétiques », a déclaré Fu Xianwei, président du Mouvement patriotique des trois autonomies (MPTA), à l’occasion d’une rencontre organisée à Hongkong autour de quelque 200 responsables d’Eglises protestantes de Hongkong et intitulée : « L’Eglise chinoise – Nouveaux responsables, nouveaux défis ».

 

Les 12 membres de la délégation du MPTA et du Conseil chrétien de Chine (CCC) se sont rendus du 19 au 26 octobre dernier à Hongkong et Macao, pour la première fois depuis leur accession à la direction de leurs organisations respectives au niveau national en janvier 2008, rapporte l’agence œcuménique ENI (1). Fu Xianwei, qui emmenait la délégation, a déclaré que le CCC/MPTA souhaitait aider les Eglises « domestiques », par exemple en leur offrant des bibles, et œuvrer avec elles à l’édification de l’Eglise protestante chinoise.

 

L’Eglise protestante de Chine officiellement autorisée estime qu’il y a au moins 18 millions de protestants en Chine, mais de nombreux autres chrétiens font partie d’Eglises « domestiques » ou clandestines car non affiliées aux instances officielles. Le Mouvement patriotique des trois autonomies a été fondé en 1954 en tant que seule organisation faîtière légitime pour les activités protestantes. Le Conseil chrétien de Chine est né avec le soutien du MPTA après la Révolution culturelle (1966-1976), période pendant laquelle toute expression de la vie religieuse était bannie. Aujourd’hui, certains analystes font état de l’existence en Chine de plusieurs dizaines de millions, voire de 100 millions, de chrétiens protestants appartenant aux Eglises domestiques.

 

Selon Fu Xianwei, il n’y a pas assez de pasteurs et de prédicateurs, et l’éducation théologique est source de difficultés pour l’Eglise. Il a expliqué que comme, en Chine, de plus en plus de gens migrent des villages ruraux vers les grandes zones urbaines, les pasteurs sont confrontés à davantage de difficultés dans les villes. Les responsables d’Eglise affirment qu’il existe un débat en Chine sur la possibilité d’une troisième voie pour les communautés chrétiennes de Chine continentale et sur la nécessité pour toutes les communautés protestantes, quelles qu’elles soient, d’être enregistrées auprès du CCC/MPTA. En octobre dernier, à l’Université de Pékin, une table ronde sur les religions et les sciences sociales a été l’occasion d’évoquer la possibilité pour les Eglises domestiques d’être reconnues par les autorités civiles chinoises sans pour autant l’être automatiquement par le MPTA et le CCC.

 

Les Eglises « domestiques » sont ainsi dénommées car elles désignent ces communautés chrétiennes qui fleurissent depuis plusieurs années en Chine, que ce soit en milieu rural et surtout en milieu urbain, et dont les membres se réunissent au domicile de l’un ou l’autre de leur membre. Fondées autour d’un groupe de chrétiens ou de nouveaux convertis, elles présentent la particularité de n’être pas organisées en structures établies – et vivent donc en-dehors du contrôle que constitue l’appartenance au Mouvement patriotique des trois autonomies. Leurs fidèles se réunissent autour de la figure, plus ou moins charismatiques, d’un pasteur ou d’un groupe de chrétiens animant la prière et la lecture de la Bible. Régulièrement, certaines de ces Eglises « domestiques » font parler d’elles dans la mesure où le pouvoir chinois les réprime ou bien encore parce que les enseignements de leur leader échappent à toute orthodoxie.