Eglises d'Asie

L’Eglise catholique au Cambodge forme de nouveaux prêtres

Publié le 23/06/2010




Dans une société à 95 % bouddhiste, la petite communauté catholique (autour de 18 000 fidèles) poursuit son chemin après avoir été presque totalement anéantie par les persécutions des Khmers rouges et la guerre civile (1) jusqu’en 1990. Le clergé, qui était, il y a dix ans encore, uniquement composé de missionnaires étrangers (une cinquantaine de pays différents), …

… a vu l’ordination des premiers prêtres cambodgiens en 2001 et vient d’accueillir de nouveaux séminaristes, issus des trois juridictions ecclésiastiques du pays (2).

L’agence Ucanews rapporte que Borei Phan, Sok Na et Moung Ros ont été admis officiellement comme candidats au sacerdoce pour leurs diocèses respectifs à travers le rite de l’admission. Un autre séminariste, Se Sat, après un an dans son diocèse pour une année propédeutique, vient de commencer ses études de philosophie au séminaire. Le séminaire Saint-Jean-Marie-Vianney, ouvert en 1992 à Battambang puis transféré à Phnom Penh en 1998, avait accueilli avant eux quatre autres séminaristes, ordonnés il y a sept ans, et qui étaient les premiers à être issus de la communauté catholique locale (3).

Le 10 octobre dernier, lors d’une cérémonie ouvrant l’année académique 2008/2009 d séminaire, Moung Ros, parlant au nom des quatre jeunes séminaristes, a demandé aux responsables ecclésiastiques ainsi qu’aux autres catholiques de continuer à soutenir le séminaire « étant donné l’importance pour [leur] Eglise du Cambodge de former des prêtres locaux ».

Mgr Emile Destombes, vicaire apostolique de Phnom Penh, a approuvé cette demande et engagé les catholiques à nouer des relations avec les séminaristes et à les encourager à faire grandir l’amour de leur vocation de prêtre. L’évêque, prêtre des Missions Etrangères de Paris, évoquant les deux décennies de guerre civile et de persécutions religieuses, a rappelé qu’il avait « été le premier missionnaire à revenir au Cambodge en 1989 ». Il s’est réjoui de pouvoir assister à l’essor du clergé local au Cambodge, depuis la création du grand séminaire, avec la formation de quatre jeunes Cambodgiens à la prêtrise et aujourd’hui de quatre nouveaux séminaristes issus des communautés cambodgiennes locales.
Parmi les séminaristes, trois ont été admis, au cours d’une célébration dans leur propre diocèse. Le 12 octobre, Borei Phan recevait une aube blanche des mains de Mgr Antonysamy Susairaj, préfet apostolique de Kompong-Cham. Le séminariste a exprimé sa joie et sa gratitude envers sa famille et la communauté catholique présente. Il a demandé à être soutenu dans vocation : « Ne m’oubliez pas dans vos prières, afin que le Seigneur puisse faire de moi, dans toutes mes faiblesses, un humble instrument pour répandre sa Bonne Nouvelle d’amour à, tous nos compatriotes bien aimés. »

Le 19 octobre, Mgr Destombes admettait officiellement Sok Na, Vietnamien du Cambodge, comme séminariste du vicariat apostolique de Phnom Penh à la paroisse de Wat Champa, en présence de centaines de catholiques. Chi, une jeune catholique, a déclaré à cette occasion à Ucanews : « Nous avons besoin dans notre pays de beaucoup de jeunes qui puissent mettre leurs pas dans ceux de Sok Na. »

L’Eglise au Cambodge a à cœur aujourd’hui de former ses séminaristes dans leur propre pays, afin de renforcer l’Eglise locale, mais aussi de développer chez ces prêtres l’amour de leur propre culture en leur donnant la possibilité d’apprendre la philosophie et la théologie dans leur propre langue. Le recteur du séminaire, le P. Bruno Cosme, prêtre des Missions Etrangères de Paris, explique pour Eglises d’Asie (4) : « La formation n’est pas uniquement une affaire d’études. C’est l’enracinement dans une Eglise qui est à prendre en compte, la connaissance des communautés chrétiennes, surtout dans la situation d’une Eglise jeune, qui grandit vite et présente un grand nombre de catéchumènes (…). Il est bon d’envisager l’étude des Saintes Ecritures dans sa propre langue pour pouvoir ensuite la partager à ses frères. Dans un pays comme le Cambodge (…) où le vocabulaire religieux est celui du bouddhisme (…), il faut, jour après jour, trouver le bon mot, l’expression juste qui n’existe pas toujours ! »

Le cursus des séminaristes prévoit quatre années d’études philosophiques à l’université royale de Phnom Penh, durant lesquelles les séminaristes étudient également la Bible et suivent des cours de théologie au séminaire. Ce n’est qu’après ce temps de formation philosophique qu’ils étudieront la théologie à plein-temps, pendant trois ans.