Eglises d'Asie – Birmanie
A Lashio, l’Eglise catholique est présente dans le travail de prévention de la pandémie de sida
Publié le 23/06/2010
Selon l’UNAIDS (Joint United Nations Program on HIV/AIDS), 240 000 personnes en Birmanie ont contracté le virus du sida (syndrome immunodéficitaire acquis).
Il y a deux ans, Bernadette Seng Bu mettait en place avec quatre autres femmes et l’aide de Karuna Myanmar Social Services (1), le service d’aide sociale de l’Eglise catholique en Birmanie, un groupe de prévention contre le sida et de prise en charge des séropositifs et des sidéens. La plupart des habitants des villages montagnards de sa région ne savent rien du sida, de la séropositivité et des modes de transmission de ce virus. « Notre groupe rencontre les gens chez eux pour expliquer les soins, donner des conseils, éduquer à la santé, apporter nourriture et médicaments. Il y a encore dans ces régions une discrimination et une mise à l’écart des personnes atteintes, du sida », explique-t-elle à l’agence Ucanews.
Lors d’un séminaire, organisé du 5 au 7 décembre dernier au centre de la Conférence épiscopale de Birmanie à Rangoun, Bernadette Seng Bu faisait partie des vingt soignants (15 laïcs et 5 religieuses) venus pour cette session, l’une des nombreuses organisées par l’Eglise de Birmanie afin de marquer la journée mondiale contre le sida du 1er décembre. Ils sont huit groupes de soignants chrétiens dans le pays à tenter de mieux faire connaître les moyens de transmission du sida à la population. Ils expliquent comment se transmet le virus, les conséquences de la maladie et engagent les couples à être fidèles l’un à l’autre afin d’éviter la contagion. Ils vont également rendre visite aux sidéens hospitalisés. Karuna dirige deux de ces groupes, des congrégations religieuses encadrant les autres.
Lors du séminaire de Rangoun, les soignants ont demandé comment impliquer davantage leurs prêtres dans la prévention du sida et l’aide aux sidéens. Ils ont ensuite discuté du réseau des catholiques et des personnes d’autres confessions, ainsi que de la manière de vaincre la discrimination à l’encontre des personnes atteintes du sida, présente au sein de la société et même de l’Eglise. Une des propositions qui est ressortie des débats a été que l’Eglise mette en place à Rangoun et à Mandalay des centres de soins palliatifs pour les sidéens. Des religieuses dirigent des centres de jour qui proposent soutien psychologique et médical aux malades du sida, et s’assurent que les patients qui décèdent auront des funérailles décentes mais, au sein de l’Eglise, elles sont les seules à proposer un tel service. Le gouvernement, quant à lui, gère des centres de soin à Rangoun.
Au même moment, une autre session ecclésiale se tenait, toujours dans le cadre de la Journée mondiale contre le sida, à Mandalay, au centre du pays. Environ 200 prêtres, religieuses et laïcs, dont des représentants de l’ONG protestante World Vision, assistaient, le 7 décembre, à une représentation théâtrale de prévention contre le sida, qui comprenait de temps de prière et de partage biblique. Ko San Win, l’un des acteurs, avait, comme Bernadette Seng Bu, vu le sida de très près : « Mon frère et un ami sont morts du sida », a-t-il confié à Ucanews. La pièce de théâtre, destinée à un large public, mettait en scène trois approches du sida par des familles que San Win et son groupe représentaient, et posait la question de ce qui peut arriver aux enfants dont les parents succombent au sida.
Ko San Win se souvient d’avoir accompagné son frère demander des médicaments à des ONG étrangères. Après la mort de son frère, il a commencé à travailler comme volontaire dans des programmes de prévention contre le sida pour la population de Mandalay. Mgr Paul Zhinghtung Grawng, archevêque de Mandalay, a présidé la manifestation et dit aux participants que chaque catholiques se devait de participer à la prévention contre le sida.