Eglises d'Asie – Cambodge
Supplément EDA 6/2009 : Le point sur la situation politique et sociale du 1er octobre au 30 novembre 2008
Publié le 07/10/2011
VIE POLITIQUE
La vie politique du Cambodge des deux derniers mois s’inscrit dans le sillage des élections du 27 juillet qui a donné une large majorité au PPC (Parti du Peuple Cambodgien). Selon les résultats officiels publiés le 2 septembre, le PPC remporte 90 des 123 sièges de l’Assemblée nationale, le PSR (Parti de Sam Rainsy) 26, le PDH (Parti des Droits de l’Homme) 3, le PNR (Parti de Norodom Ranariddh) 2, et le FUNCINPEC (Front Uni National pour un Cambodge Indépendant, Neutre, Pacifique Et Coopératif, royaliste) 2. Mais ces élections ont été marquées par de très nombreuses irrégularités.
* Le 2 septembre Sam Rainsy se rend à Paris puis dans les capitales européennes pour demander aux responsables politiques européens de ne pas reconnaître le résultat des élections cambodgiennes. Il écrit une lettre en français au roi Sihanouk pour lui demander de lancer une « Nouvelle croisade pour sauver la Nation khmère » devant l’incapacité du gouvernement à diriger le pays. Il traite l’Assemblée nationale de « groupe de voleurs et de fantômes ». Hun Sen menace de lever son immunité parlementaire et de la traîner en justice. Le 14 octobre, le responsable de la mission européenne d’observation du processus électoral remet un rapport assez critique sur la tenue des élections de juillet dernier.
* Le 3 septembre, le PSR et le PDH demandent au roi Sihamoni de présider une cérémonie de prestation de serment spéciale pour les députés de leurs partis, au lendemain de celle des députés des trois partis de la coalition au pouvoir (PPC, Funcinpec, PNR), prévue pour le 24 septembre, que les deux partis envisagent de boycotter. Le PPC trouve cette demande « étrange », mais affirme que le roi a le droit de présider une telle cérémonie. Cependant, le10 septembre, le PDH annonce qu’il participera à la première session inaugurale de l’Assemblée nationale par respect pour le roi Sihamoni. Le PSR maintient sa décision de boycott.
* Le 24 septembre, tous les députés prêtent serment au palais royal, le roi Sihamoni ouvre la 4ème magistrature. Quelques minutes avant l’arrivée du roi, les 26 députés du PSR se présentent en habit de ville. Ils n’ont pas eu le temps de s’habiller en habits traditionnels, la décision de participer à cette session inaugurale ayant été prise précipitamment. Les trois députés du PDH ne sont pas arrivés à temps, « pris dans des embouteillages ». Hun Sen ironise sur l’union entre le PSR et le PDH qui n’ont pas suivi la même conduite. Cependant les deux partis réaffirment leur volonté d’union.
* Selon Hun Sen, le PSR a négocié avec lui jusqu’à 1 heure du matin pour obtenir la modification du règlement intérieur de l’Assemblée, et la reconnaissance de l’opposition, comme condition de la présence du PSR à la session inaugurale. Hun Sen promet d’établir un groupe de travail pour étudier la question.
Nouveau gouvernement
* Le 25 septembre, 94 députés lèvent la main, sans discussion préalable, pour accréditer en bloc Hun Sen comme Premier ministre, tous les ministres, les présidents des commissions parlementaires (tous PPC). Heng Samrin est reconduit dans ses fonctions de Président. On note l’absence de l’opposition qui n’est pas d’accord avec la procédure du vote en bloc.
* Le gouvernement comprend 26 ministères et deux secrétariats. Sept ministres sont des nouveaux. Auprès du Premier ministre, on compte neuf vice-Premier ministres, 16 ministres d’Etat, 34 ministres, 198 secrétaires d’Etat, 205 sous-secrétaires d’Etat, soit un total de 444 personnes (35 % de plus qu’en 2004). Le Funcinpec perd tous ses ministres, mais reçoit 54 postes de secrétaires ou sous-secrétaires d’Etat. Hun Sen justifie ce nombre élevé par sa volonté de réconciliation nationale. Le Premier ministre nomme 104 conseillers personnels, qui ont rang de ministres, de secrétaires ou de sous-secrétaire d’Etat. Le PPC occupe les neuf présidences des commissions parlementaires. Les députés PSR et PDH refusent d’en faire partie, le PNR et le Funcinpec ont un membre chacun dans l’une de ces commissions. Le 28 octobre, le comité permanent de l’Assemblée refuse les amendements sur un changement de son règlement interne, promis par Hun Sen le 23 septembre, qui aurait permis à l’opposition d’avoir droit à la parole. L’opposition n’a que 29 députés, il lui en faudrait 33 pour pouvoir présenter une telle motion.
* Le 26 septembre, dans un discours de 4 heures 30, le Premier ministre expose les priorités du quinquennat : développement de l’agriculture, des infrastructures, de l’emploi et des ressources humaines, le tout avec une bonne gouvernance. Il s’attaque aux ONG qu’il voudrait voir encadrées par la loi, et qui couvrent parfois des terroristes, ainsi qu’aux Etrangers qui veulent le conseiller en matière de gestion de ressources pétrolières.
* Le budget de l’Assemblée nationale pour 2009 s’élève à 25 millions de dollars, soit une augmentation de 5 % par rapport à 2008, due spécialement à l’augmentation du personnel dont le nombre s’élève à 800, pour l’intérieur de la chambre, et à 1 200 travaillant à l’extérieur. L’opposition dénonce le grand nombre de personnes, comme autant de dons aux petits copains, les dépenses pour les voyages à l’Etrangers, les réceptions des députés étrangers, etc.
PNR (Parti de Norodom Ranariddh)
* Le 11 septembre, en dépit des multiples refus précédant les élections, Ranariddh, en exil volontaire en Malaisie depuis 18 mois, obtient le feu vert pour rentrer au pays. Le roi Sihamoni l’amnistie le 25 septembre. Le 28, le prince rentre au Cambodge, par Siemréap, « pour respecter ses ancêtres ». Le 1er octobre, il va remercier son demi-frère pour l’amnistie qu’il lui a accordée. Il donne sa démission de président du parti, et annonce qu’il se retire de la vie politique. Chhim Seak Leng le remplace comme président intérimaire jusqu’à la tenue d’un congrès du parti. Le 13 octobre, le prince Sirivuddh annonce officiellement qu’il se retire également de la politique, suivi dans cette décision par sa sœur Vichéara, ancienne député du Funcinpec. C’est donc la fin de l’implication de la famille royale dans l’arène politique.
* Kéo Sothéa, membre du bureau central et rédacteur en chef du journal du PNR passe au PPC, mécontent de ce Ranariddh ait abandonné la présidence du parti. Le 3 novembre, le secrétaire général-adjoint et l’ancien gouverneur de Bantéay Méan Chhey se rallient au PPC.
PDH (Parti des Droits de l’Homme)
* Kéo Rémy, membre fondateur du PDH (après avoir été député Funcinpec en 1998, puis membre du PSR en 2003), passe au PPC. Le directeur financier du PDH et son adjoint se rallient également au PPC. Cependant, Hun Sen ne leur donne pas de postes, car ce ralliement est trop tardif. Les députés du PDH qui n’ont pas prêté serment le 24 septembre, le font le 9 octobre.
PSR
* Eng Chhay Eang annonce sa volonté de quitter le poste de secrétaire général du PSR, pour laisser la place à des plus jeunes. Mme Ke Sovannroth, députée de Siemréap et membre fondateur du parti, le remplace à ce poste.
* Le CNE demande à l’Assemblée nationale de déduire sur le salaire de Sam Rainsy l’amende de 2.500 dollars infligée pour avoir « insulté » les responsables du PPC, et qu’il refuse de payer. Sam Rainsy avait simplement cité un rapport de Global Witness. Le président de l’Assemblée répond qu’il n’y a aucune loi l’autorisant à faire cette ponction dans le salaire du leader de l’opposition.
* Du 1er au 20 octobre, le CNE (Comité national des élections) met à jour ses listes électorales : 208 980 nouveaux électeurs sont inscrits, 83 826 sont éliminés, 31 698 noms sont corrigés.
POLITIQUE INTERNATIONALE
Thaïlande
* Le 9 juillet, le temple de Préah Vihéar est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Cette inscription alimente le psychodrame khméro-thaïlandais. Depuis le 15 juillet, des soldats thaïlandais occupent les abords du temple de Préah Vihéar.
* Depuis le 25 août, 11 soldats thaïlandais campent à l’intérieur du territoire cambodgien, à Choup Tra Louk.
* Le député PSR, président de la commission pour l’Intérieur et la Défense nationale voit son budget de 3 000 dollars supprimé, pour n’avoir pas invité des députés PPC à l’accompagner. Il pense que le ministère de la Défense ne veut pas qu’il ne voit les mauvais équipements des soldats.
* Avec la démission de Tej Bunnag, ministre thaïlandais des Affaires étrangères, les négociations entre les deux pays risquent d’être plus difficiles.
* Régulièrement, des civils Cambodgiens sont tués par l’armée thaïlandaise qui les accuse de couper des arbres sur son territoire, ou de s’adonner à divers trafics.
* L’armée cambodgienne construit 16 bâtiments pour ses hommes, à 6km des temples de Ta Moan, et 17 autres à 20 km de Préah Vihéar. Hun Sen les finance personnellement à hauteur de 400 000 dollars. Une troisième base est en construction à Ampil (Oddar Méan Chhey), à 30 km de Choup Kaki où sont entrées des patrouilles thaïlandaises.
* Le 15 septembre, Hun Sen déclare que vue sa situation politique, la Thaïlande n’est pas en mesure de présider la réunion des chefs d’Etat des pays de l’ASEAN, en décembre prochain, et devrait laisser sa place à Singapour ou au Vietnam. La Thaïlande demande au côté cambodgien de clarifier sa position.
* Les négociations entre les deux pays n’ont pu avoir lieu à New York lors de la séance annuelle de l’ONU, le ministre cambodgien des Affaires Etrangères étant retenu par la composition du gouvernement.
* Le 3 octobre, des tirs sporadiques éclatent entre les deux armées, un soldat cambodgien et deux Thaïlandais sont légèrement blessés. Les deux pays s’accusent mutuellement d’être à l’origine des premiers tirs.
* Le 8 octobre, des paramilitaires thaïlandais armés sont arrêtés par les forces khmères, à 2 km à l’intérieur du Cambodge. Après une heure d’interrogatoire, ils sont relâchés. 20 soldats Thaïlandais font une incursion de 500 m à l’intérieur du Cambodge, mais sont stoppés par les soldats khmers.
* Le 13 octobre, les ministres des Affaires étrangères des deux pays se rencontrent à Phnom Penh. Hun Sen lance un ultimatum aux forces thaïlandaises qui doivent se retirer dans les 24 heures. Le ministre cambodgien des Affaires étrangères, pour sa part, menace, si les négociations échouent, de demander l’aide de la communauté internationale.
* Le 15 octobre, une attaque lancée par la Thaïlande dans les environs de Préah Vihéar fait trois tués et trois blessés parmi les soldats cambodgiens, et sept soldats blessés parmi les Thaïlandais. L’un d’entre eux mourra de ses blessures. Dix soldats thaïlandais sont capturés. Les autorités cambodgiennes tentent de calmer les esprits en libérant les dix prisonniers et déclarent que l’accrochage est un accident. Le Cambodge dément avoir disposé des mines dans le secteur, comme l’accuse la partie thaïlandaise (accusation peu probable selon les experts internationaux). On déplore une légère éraflure d’une tête de naga par un éclat d’obus.
* Sur le plan militaire, l’avantage matériel est à la Thaïlande qui dispose d’une armée de 190 000 hommes, plus des dizaines de milliers de réservistes, de 165 avions de combat, et de 47 hélicoptères, et d’un budget de 25 fois supérieur au budget militaire cambodgien. Le Cambodge ne dispose que de 75 000 hommes, de 19 Migs soviétiques en mauvais état, et de 18 hélicoptères. L’armée cambodgienne regrette d’avoir autorisé les experts américains à détruire leurs missiles sol-air. D’autre part, les temples disputés sont sur une ligne de crête d’accès facile du côté thaïlandais, et presqu’inaccessibles du côté khmer. Une route de 4 km est en partie goudronnée grâce à une campagne télévisée pour appel aux dons privés, permettra de monter sur la crête, depuis le Cambodge. Elle sera achevée en janvier 2009.
* Des négociations entre les deux commandements militaires à Siemréap, les 22-23 octobre, ne donne aucun résultat. Du côté cambodgien, on fait valoir que l’Unesco a le devoir de défendre son patrimoine. Le 23 octobre, lors du sommet Asie-Europe de Pékin, les Premiers ministres des deux pays proclament leur volonté de renoncer aux affrontements militaire, et de reprendre les négociations, mais le Premier ministre Thaïlandais désire obtenir le feu vert de son parlement. Il l’obtient dès le 28 octobre.
* La commission mixte de démarcation des frontières se réunit les 10-11 novembre à Siemréap. Elle se met d’accord pour délimiter le secteur de Préah Vihéar, travail qui commencera en décembre. Elle met au point les formalités techniques pour la pose de 55 bornes de démarcation, déjà décidées en 2006. Les ministres des Affaires Etrangères se rencontrent le 12 novembre à Siemréap, mais aucun accord n’est signé. On s’engage mutuellement à retirer les troupes de la pagode située dans le périmètre de Préah Vihéar et près de cette pagode. Les ministres déclarent vouloir éviter les conflits armés et « résoudre le conflit amicalement, comme des voisins ». Ils s’engagent à faire commencer le déminage et à reconnaître le travail de la commission mixte effectué depuis trois ans. Une autre réunion de la commission mixte est prévue en janvier prochain. « Nous sommes d’accord sur 99 % des points, ne reste que 1 %. » Le côté khmer utilise la carte française de 1907, celle qui a été utilisée par le tribunal de La Haye en 1962, mais que la Thaïlande ne reconnaît pas !
* Le commerce avec la Thaïlande se situe autour de 1,4 milliard de dollars, dont 40 millions pour la partie cambodgienne. Le ministre cambodgien des Affaires étrangères précise que si la Thaïlande veut fermer sa frontière, le Vietnam et la Chine sont d’autant de partenaires potentiels.
Vietnam
* Le 7 octobre, le Vietnam et le Cambodge se mettent d’accord pour délimiter leurs frontières maritimes, objet de nombreux litiges par le passé. Le 26 octobre, les deux pays décident de terminer la démarcation des frontières terrestres avant la fin de 2012. Ils utilisent tous deux la carte établie par la France. Cent bornes sur 314, devraient être posées avant la fin de l’année.
* Le commerce entre les deux pays s’élève à 1,2 milliard de dollars, mais on prévoit de l’élever à 2 milliards pour 2010.
* L’UNHCR transfert ses responsabilités pour l’examen des demandes d’asile à la police cambodgienne, à l’exception des Montagnards en provenance du Vietnam. Les associations de défense des Droits de l’Homme s’inquiètent.
* Le 22 octobre, le Parlement européen, avant de signer « un accord de partenariat et de coopération » avec le Vietnam, vote à une majorité écrasante, une résolution enjoignant ce pays à mettre fin à « la violation systématique de la démocratie et des droits humains », spécialement à l’égard des Khmers Krom, et demande la libération du moine Tim Sakhorn. Le ministre des Affaires étrangères vietnamien dément les violations des droits de l’homme dans son pays. Le 5 novembre, huit organisations locales de KKK (Khmers du Kampuchéa Krom) présentent une motion de soutien à la déclaration européenne auprès de l’ambassade du Vietnam au Cambodge.
* Le 4 novembre, le Premier ministre se rend à Hanoi. Le Cambodge et le Vietnam signent cinq accords, notamment l’exemption de visas pour les voyageurs entre les deux pays dont le séjour n’excède pas 30 jours. L’opposition craint que cette exemption ne favorise l’immigration illégale vietnamienne. Le Cambodge signe un contrat pour l’achat d’électricité au Vietnam.
Chine
* Le 24 octobre, le Premier ministre Hun Sen se rend en Chine pour participer à la l’Exposition Chine-Asean de Nanning, où le Cambodge est l’invité d’honneur, et à la rencontre Asie-Europe de Pékin. Il y rencontre le Premier ministre chinois Wen Jiabao. Lors de ce sommet Asie-Europe, les responsables politiques invitent la Thaïlande et le Cambodge à régler pacifiquement leur conflit.
Corée du Nord
* Le 27 octobre, le ministre de la Culture signe un accord culturel avec la Corée du Nord, concernant des échanges qui commenceront en 2009.
Russie
* Une délégation de la Douma russe, conduite par son vice-président, se rend au Cambodge au début novembre. Elle invite Hun Sen à se rendre en Russie en 2009, propose 150 bourses à des étudiants khmers, spécialement dans le domaine de la pétrochimie. Le problème de la dette du Cambodge est abordé (en 1992, la Russie a réduit cette dette de 70 %, la faisant passer de 1 milliard 52 millions à 457 millions).
TRIBUNAL EXCEPTIONNEL POUR JUGER LES EX-RESPONSABLES KHMERS ROUGES
* Le 16 septembre, la détention provisoire de Nuon Chéa, 82 ans, est prolongée d’un an, bien que ses défenseurs assurent qu’il n’y a pas de preuves contre lui. Les procureurs l’accusent pourtant de 20 différentes actions criminelles, perpétrées en plus de 26 endroits. Duch l’aurait impliqué dans plusieurs crimes commis à S-21.
* Le 5 novembre, la détention provisoire de Ieng Sary et de son épouse Ieng Thirith est prolongée d’un an. Le sort de Khieu Samphân sera fixé le 19 novembre. Le procès de Duch devrait commencer vers le 15 janvier.
Dons internationaux
* Le 16 septembre, après beaucoup de réticence, les Etats-Unis s’engagent à verser 1,8 millions de dollars au TE.
* L’Allemagne annonce un don de 4,3 millions de dollars pour les opérations du TE pour les années 2009-2010. Avec un don de 2,78 en 2006, et de 2,4 en juillet dernier, l’Allemagne devient le second donateur du TE avec 9 millions, après le Japon.
* Le 22 octobre, l’Australie s’engage à verser 3,3 millions de dollars pour aider le TE jusqu’en 2010. En cumulant ses dons précédents, l’Australie est le troisième pays donateur.
* Le TE doit encore trouver 24,6 millions, mais les donateurs sont échaudés par les rumeurs persistantes de corruption. D’autre part, les Cambodgiens qui énoncent la corruption ne sont pas suffisamment protégés contre les autorités dont les intérêts seraient lésés.
Corruption
* Le 5 septembre, suite à sa réunion biannuelle, le TE accorde des droits supplémentaires aux victimes des Khmers rouges. 1 800 plaintes sont enregistrées, mais les plaignants sont invités à se regrouper pour être défendus par un seul avocat.
* Après une enquête menée auprès de 12 000 personnes, 71 des gens seraient au courant du TE. Parmi eux 85 % sont d’accord pour la tenue du TE, mais seulement 38 % savent que des suspects sont arrêtés.
* Le 17 septembre, les conclusions de l’organisme de l’ONU chargé d’enquêter sur la corruption du TE, révélée en juin, est remis à Sok An. Les avocats de Nuon Chéa demandent de connaître les résultats de l’enquête, de peur que sa crédibilité soit mise en cause. Cette demande est refusée
* Le collège de Boeung Trabek, à Phnom Penh, qui fut l’un des centres de détention du temps des Khmers rouges deviendra un musée dirigé par le Centre de Documentation du Cambodge.
ECONOMIE
Budget
* Le 5 novembre, l’Assemblée nationale approuve la proposition de budget pour 2009 qui s’élève à 1,89 milliards de dollars (1,25 en 2008). Les ressources augmentent de 25 %, portant les dépôts du gouvernement à 500 millions. L’opposition stigmatise ce budget qui dépense plus d’argent pour son personnel que pour des programmes de diminution de la pauvreté.
* Après l’attaque du 15 octobre par l’armée thaïlandaise, le Premier ministre déclare vouloir augmenter le budget de la Défense. On prévoit 500 millions, soit 25 % du budget national, 200 de plus qu’en 2007 (75,7 millions en 2006). L’opposition demande à connaître le nombre de soldats et la provenance de cet argent.
Agriculture
* Le CEDAC (Centre d’études et de développement pour l’agriculture du Cambodge) lance une formation pour 300 jeunes dans cinq provinces pour des projets d’agro-industrie. Cette formation est financée par un don de l’Education œcuménique d’Allemagne. Un Français, Michel Marty, se lance dans la culture des légumes bios, sur une superficie de 250 hectares, où il fait travailler des mutilés de guerre. Il pense faire école.
* Le 4 novembre, 130 producteurs de riz bio de huit provinces, se réunissent à Phnom Penh à l’initiative du CEDAC, ONG cambodgienne d’études sur l’Agriculture. Plus de 8 000 producteurs sont membres du réseau du CEDAC. EN 2008, 1 200 de riz bio ont été produites, selon la méthode SRI qui a donné un rendement de 9 tonnes à l’hectare dans la région de Kampot.
* La culture d’un riz hybride est présentée le 17 novembre à des investisseurs de Malaisie, de Singapour et du Moyen Orient. Ce riz peut produire jusqu’à 7-8 tonnes à l’hectare (la moyenne actuelle est moins de 2,5 tonnes). On en prévoit la culture sur 200 hectares dès l’an prochain.
* Quatre sociétés cambodgiennes obtiennent le droit d’importer au maximum 800 porcs quotidiennement. De leur côté, les paysans cambodgiens en fournissent 800. La consommation de Phnom Penh est d’environ 1 600 porcs par jour.
* En mars 2007, le ministère de l’Agriculture interdit l’activité des « 34 groupes de solidarité » opérant dans les 2 300 hectares de plantation concédés à la société Tai Seng, à Ratanakiri. Ces groupes, créés du temps de la République Populaire du Kampuchéa, achetaient le latex aux saigneurs à un prix très bas et le revendait très cher, en empochant le bénéfice. L’affaire connaît de nombreux rebondissements. Le 15 octobre, ils mettent le feu à l’un de leurs camions transportant du latex, saisi par la police, attaquent les ouvriers de l’usine, et portent plainte plusieurs fois à Phnom Penh. La société Taï Seng donne jusqu’au 5 novembre aux groupes de solidarité pour s’inscrire comme ouvriers de l’usine, porte plainte pour destruction de son bien, et les invite à une réunion le 19 novembre durant laquelle ils recevront l’ordre de se débander immédiatement.
* Le prix de vente du caoutchouc sec a chuté de 3 000 à 1 610 dollars la tonne. La baisse du prix du pétrole rend le caoutchouc synthétique plus attractif. La Chine et le Vietnam n’en achètent plus.
* Le prix du manioc, généralement vendu en Thaïlande et au Vietnam, chute de 600-700 à 100-200 dollars la tonne.
* La saison sèche commence anormalement tôt, dans la nuit du 11 novembre. Les températures chutent : 17° dans la province de Préah Vihéar, 19-20° la nuit à Phnom Penh (27-29 durant le jour).
* Le 2 novembre, trois camions transportant du bois coupés illégalement sont arrêtés dans la province de Kompong Cham.
* Le revenu par hectares aurait crû de 300 % depuis le début de l’année. En collaboration avec la FAO, le gouvernement lance un recensement du monde rural, que la FAO finance ce recensement à hauteur de 690 000dollars et dont le montant s’élève à 4,3 millions. Le solde est, comme toujours, attendu des pays donateurs.
Confection textile
* Le 1er janvier 2009, les Etats-Unis vont supprimer leurs restrictions à l’entrée des produits textiles chinois sur leur territoire, ce qui fait craindre aux économistes khmers que les Chinois ne relocalisent chez eux, bien que la main-d’œuvre cambodgienne reste bon marché. 200 des 326 usines de confection textile du Cambodge sont tenues par des Chinois (de Taïwan, Hongkong, Malaisie, Chine continentale, etc.). Pourtant, les exportations vers les Etats-Unis ont diminué de 1 % durant les six premiers mois de 2008, pour atteindre un montant de 1,16 milliard de dollars, alors que dans l’ensemble du monde, les exportations de textiles vers les USA ont chuté de 4 %. Gap Inc., l’un des géants de la confection, a diminué ses achats de 20 % durant les six premiers mois de l’année. Pour 2009, seule la société H&M décide d’augmenter sa demande de 15 %. Les exportations vers les autres pays de l’ASEAN, relativement faibles, ont grossi de 300 %.
* Le 11 septembre, l’usine Eternity Apparel Camboddia, ferme ses portes par manque de travail : 900 travailleuses sont licenciées. Les salaires d’août ne leur ont pas encore été totalement versés. Selon Chéa Mony, secrétaire général du SIORC, trois autres usines ont fait faillite dans la semaine.
* Le 13 octobre, l’usine Eternal Way annonce qu’elle fermera ses portes le 31 décembre, le propriétaire de l’usine augmentant de 30 % son loyer.
Pétrole
* Le 27 octobre, le gouvernement demande aux sociétés pétrolières (Chevron 55 % des parts, MOECO 15 %, Mitsui 30 %), d’accélérer leurs prospections pétrolières sur les 6 278 km² de leur concession, située dans le bloc A, à 130 km des côtes cambodgiennes. L’exploitation pourrait commencer en 2011, et Chevron pense pouvoir extraire entre 15 à 20 % des 500 millions de barils prévus. Chevron ne précise pas la date du début des forages.
Tourisme
* Le 10 septembre la société Sokha Hotel Group commence la construction d’un hôtel 5 étoiles à Sihanoukville, qui occupe 15 hectares d’une parcelle de 54 sur front de mer. L’hôtel actuel ne dispose que de 100 chambres. La construction d’un autre hôtel de 500 chambres de la même société a commencé à Chroy Changvar, dans la péninsule en face de Phnom Penh.
* La crise financière internationale et la situation politique de la Thaïlande fait diminuer les ressources en provenance du tourisme. Souvent le Cambodge n’est qu’un appendice d’un tour vers le Vietnam, Singapour ou la Malaisie. Le ministère envisage de lancer une campagne en direction de l’Inde, de la Chine, de la Russie et du Moyen Orient moins touchés par la crise.
Construction
* Les prix des terrains de Phnom Penh ont baissé de 15 à 25 % depuis juillet, suite à la baisse des prix des terrains à Hô Chi Minh-Ville en décembre dernier, et au retrait d’investisseurs sud-coréens. Ils deviennent ainsi plus conformes à la réalité économique du pays. Seuls 40 % des projets de construction continuent.
Commerce
* Le 30 octobre, la Corée du Sud commence à honorer son traité de libre-échange avec le Cambodge en supprimant les droits de douanes sur 10 658 produits manufacturés. Le Cambodge est le 9ème Etat de l’ASEAN à avoir signé un tel traité. Il sera plus facile au Cambodge d’exporter du textile en Corée, et pour la Corée d’exporter ses véhicules au Cambodge. Le commerce bilatéral entre les deux pays s’élève à 300 millions de dollars par an.
* Le prix des déchets recyclables chute de 60 à 70 %. Les acheteurs vietnamiens suppriment leurs achats. Les ventes de grosses voitures diminuent.
Secteur bancaire
* Le 1er septembre, une banque coréo-japonaise ouvre ses portes à Phnom Penh, avec un capital déclaré de 15 millions de dollars.
* Le 10 septembre, Bridge Capital, une nouvelle banque s’ouvre à Phnom Penh, avec des actionnaires américains qui veulent faire partager l’expérience bancaire américaine.
* Le 19 septembre, la Banque Nationale du Cambodge décide de tripler le dépôt des diverses banques qui désormais devra s’élever à 36,5 millions de dollars. Les banques commerciales qui ont des « actionnaires influents » peuvent ne pas augmenter leur dépôt fixé jadis à 12 millions. Les six banques spécialisées dans les prêts et qui n’ont pas de déposants doivent déposer 7,3 millions à la banque nationale. Cette mesure vise à limiter le nombre des banques. Les clients des banques ont augmenté de 285.639 en 2006 à 456 026 personnes en 2008. Les dépôts de la première moitié de 2008 s’élève à un milliard. 21 banques opèrent au Cambodge. Quatre banques récoltent plus de 80 % du total des dépôts.
* La banque Ascleda double ses profits (10 millions) durant les six premiers mois de l’année. Elle a accordé 456,6 millions de prêts et a reçu 466 millions en dépôts, avec 359 000 déposants, et 200 000 emprunteurs.
* Le 20 octobre, s’ouvre l’OSK Indochina Bank, une filiale de la Banque Islamique de Malaisie, en prévision de la gestion des ressources pétrolières à venir.
* Le secteur bancaire cambodgien est assez peu touché par la crise financière mondiale, les ventes se faisant le plus souvent au comptant. L’Ascleda dispose de 500 millions de dépôts pour 470 de crédit, ANZ dispose de 400 millions de dépôts et 200 de crédits. Cependant la crise avec la Thaïlande a poussé un certain nombre de déposants à retirer leur argent, pour faire face à toute éventualité. La crise financière se traduit par la baisse des prix de l’immobilier, les offres étant beaucoup trop nombreuses par rapport à la demande.
DONS, AIDES ET INVESTISSEMENTS
* Le 29 août, le Conseil des ministres approuve un budget de 2,49 milliards de dollars, présenté par le ministère du Plan, concernant 552 projets de développement sur l’ensemble du pays pendant trois ans, qui sera financé par les donateurs internationaux. Le gouvernement s’engage, pour sa part, à financer ces projets à hauteur de 417 millions, et les pays donateurs à verser 985 millions en dons et prêts. Reste 1,09 milliard à trouver. Ainsi le gouvernement espère faire diminuer la proportion de la population vivant au dessous du seuil de pauvreté de 32 à 25 %. L’opposition reste sceptique.
* Au mois de septembre, commence l’agrandissement de l’aéroport de Banlung (Ratanakiri), financé par un prêt de 7 millions de la BAD. L’aéroport s’étendra sur 4 hectares. Quarante familles doivent être déplacées. Le gouvernement leur offre entre 25 et 50 dollars par mètre carré.
* Un programme de micro-finance (WORTH) donne une formation à 2 985 femmes. Cette association alphabétise, aide à épargner (53 180 dollars au total), et accorde des prêts à 2 ou 4 % pendant six mois pour des projets agricoles ou de production de soie.
* Le Cambodge gagne dix places dans le classement de Banque mondiale pour la facilité à monter une affaire dans le pays (135 sur 181 pays). Par contre, le pays est à la 166ème place sur 180 pour la corruption.
* L’Union européenne accorde un don de plus de 7 millions de dollars pour assurer la sécurité alimentaire des régions périphériques du Cambodge.
SOCIETE
Recensement
* Le recensement effectué pendant dix jours, en mars dernier, par 30 000 agents, donne une population globale de 13 388 910 habitants. On s’attendait à plus de 14,6 millions. Le développement économique et le planning familial expliqueraient cette moindre croissance. La population a crû de 17 % depuis 1998, au rythme de 1,55 par an, soit plus que dans l’ensemble de l’ASEAN (1,3 %). On compte 2,8 millions de foyers. Ce sont les provinces périphériques les moins peuplées qui ont vu leur population grossir davantage. Environ 19,5 % de la population vit en ville, dont plus de la moitié à Phnom Penh ; la population de Phnom Penh est estimée à 1 325 700 personnes et s’accroît de 4,9 % par an, ce qui inquiète les urbanistes étrangers qui constatent que peu de projets sont prévus pour les pauvres immigrant vers la capitale.
* Les communes recevront un budget global annuel de 82 millions de dollars, soit 22 de plus qu’en 2008, financé par le gouvernement (26 millions) et les donateurs internationaux (56 millions) pour créer des infrastructures locales, et donner ainsi plus de pouvoirs aux structures municipales et provinciales, selon la loi organique votée en mai dernier.
La vie chère
* Selon les chiffres officiels en date du 15 septembre, du mois d’août 2007 à août 2008, les prix de denrées alimentaires ont augmenté de 40 %. Les dépenses alimentaires représentent 60 % du budget des familles pauvres. Officiellement l’inflation se chiffre à 22,56 % (essence 32,5 %, gasoil 69,47 %), mais les économistes pensent que l’inflation réelle est d’au moins 30 %. Le prix du riz au marché a doublé. 40 % des agriculteurs bénéficieraient de cette montée du riz. Le taux de croissance qui était de 10 % en 2007, a chuté à 6,5 en 2008, et l’on prévoit 4,9 % en 2009. L’inflation est prévue de 25 % en 2008 et de 15 % en 2009. Seulement 81 % des Cambodgiens mangent à leur faim. Selon le CDRI (Institut cambodgien pour la recherche et le développement), 65 % des foyers sont sans terres, ou en possèdent moins d’un hectare.
* Cependant, suite à la diminution du prix du pétrole brut, l’ensemble des produits pétroliers ont baissé en octobre, entraînant la baisse d’un grand nombre de produits, réduisant l’inflation à 15 %. Suite à la crise financière mondiale, plusieurs sociétés étrangères, notamment coréennes ont gelé leurs projets de construction, faisant retomber le prix des briques et du fer à des prix plus normaux.
* La BAD (Banque asiatique de développement) lance un projet de distribution de riz pour une valeur de 40 millions de dollars (5 millions proviennent du gouvernement) pour aider 20 % de la population la plus pauvre du pays, soit 500 000 personnes dans les sept provinces entourant le Tonlé Sap, jusqu’en 2011. Cependant, mal préparée, cette opération donne lieu à de multiples critiques de la part des plus pauvres qui s’estiment lésés par rapport aux familles proches des autorités.
Conflits fonciers
Après les élections, les conflits fonciers continuent, souvent plus rudes que par le passé et visent plus particulièrement les minorités ethniques, aucun parti d’opposition n’étant en mesure de défendre les pauvres. Selon la Licadho, les prédateurs portent souvent plainte contre leurs victimes qui sont emprisonnés, comme un nouveau type de pression. Les villageois réagissent de plus en plus violemment pour défendre leurs compatriotes incarcérés (six arrêtés à Kompong Thom le 22 octobre, deux à Svay Rieng le 23, quatre à Siemréap le 24, etc.). Les prédateurs du régime accusent les ONG d’exciter les villageois contre les autorités. Le 15 octobre, la composition de l’Autorité Nationale pour la Résolution des conflits fonciers est modifiée, mais la présence de nombreux militaires et policiers de haut rang en son sein ne permet pas d’envisager un changement dans son action. Parmi les milliers de cas présentés à l’Autorité, seuls 10 ou 20 ont été résolus, car ils impliquaient des riches et des puissants qui s’estimaient lésés.
* Le 27 août, un officier de police de Préah Vihéar est condamné à sept ans de prison pour avoir déforesté 21 hectares en 2007. Le 2 septembre 15 villageois de Préah Vihéar passent en jugement, pour avoir coupé le bois sur 470 hectares de forêts protégées, en novembre 2007, et s’être opposés par la force à 200 policiers venus les expulser. Deux villageois avaient été tués, et cinq blessés. D’après l’association ADHOC, les victimes deviennent les accusées.
* Neuf personnes qui coupaient illégalement la forêt du Parc national de Bokor acceptent de cesser leurs opérations.
* Le 18 septembre, cinq villageois de la province de Kompong Speu sont emprisonnés accusés d’avoir détruit des plantations gouvernementales sur une concession de 4 900 hectares accordés à la société Golden Land en 2004. La société a tenté d’expulser 220 familles qui occupaient 228 hectares depuis les années 1980. Elle y a planté des acacias et des eucalyptus et y a employé des militaires. Selon ADHOC, les villageois sont innocents.
* Le 23 septembre, les villageois de Prey Nop accusent les autorités locales d’avoir vendu 110 hectares de terres leur appartenant. Plus de 60 maisons ont été construites sur ces terres. « La situation est pire depuis les élections », disent les villageois désespérés.
* Le 1er septembre, 400 villageois de l’ethnie Phnongs de Ratanakiri envisagent manifester contre les autorités de leur commune qui ont vendu 10 hectares de leurs terrains à un entrepreneur (Seng Ty, gendre du secrétaire d’Etat du ministère de l’Intérieur qui a obtenu une concession de 4 000 hectares pour y planter des hévéas). « C’est la seule solution qui nous reste », disent-ils. Leur plainte est rejetée par les autorités. Dans la province, on dénombre plus de 10 conflits fonciers avec des hommes d’affaires ou des gens du pouvoir. La justice ne fait rien dans ces cas-là. Adhoc a rassemblé une documentation sur plus de 50 cas de ventes abusives de terrains, où les autorités locales ont reçu des pots de vin.
* Le 4 octobre, environ 100 Stiengs bloquent la route nationale entre Snoul et Kratié en protestation contre une société qui est en train de couper la forêt sur 700 hectares de leurs terres et de détruire leurs cultures de riz. Ils accusent les autorités locales de faire le jeu de la société incriminée.
* Le 7 octobre, un journaliste est mis en prison, accusé d’avoir inventé des documents concernant la spoliation de terrain par Kong Triv, un magnat industriel du Cambodge.
* Le 13 octobre, le ministère de l’Intérieur autorise une marche de protestation organisée par Adhoc dans la province de Ratanakiri, fixée au 20 octobre pour protester contre la déforestation et les spoliations de terrain. Cependant, les autorités locales mettent tout en œuvre pour empêcher les gens d’y participer : contrôle d’identité, amendes, intimidation etc. Seulement 500 personnes y participent sur les 1 000 attendues. En décembre 2007 une manifestation semblable avait été stoppée par des canons à eau. « Une majorité des fonctionnaires de la province sont impliqués profondément dans les crimes forestiers, l’abattage illégal du bois et les spoliations ? Autrement ils soutiendraient cette marche », observe le représentant de Adhoc. Cinq fonctionnaires participent cependant à la marche. Adhoc craint que le nom des participants ne soit inscrit sur une liste noire.
* Le 22 octobre, la section locale de Adhoc à Ratanakiri accuse Un officier de police et un soldat d’avoir coupé la forêt sur 300 hectares depuis 2003. « L’abattage des bois de luxe est devenu pire depuis septembre », constate Adhoc.
* Le juge provincial de Ratanakiri ordonne à Kéat Kolney, sœur de Kéat Chhon, ministre des Finances, de cesser le débroussaillage des 500 hectares en litige depuis 2004. En 2007, elle avait promis de ne rien faire sur ce terrain. Kéat Kolney refuse plusieurs fois de se soumettre et loue des journalistes qui écrivent en sa faveur.
* Le 30 octobre, un général 2 étoiles est arrêté à Phnom Penh pour avoir spolié 12 hectares de terres à Ang Snuol. Changement d’attitude des autorités ?
* Le 3 novembre, plus de 200 villageois de Siemréap manifestent pour réclamer 20 hectares, qu’ils affirment avoir été saisis par un officier depuis quatre ans, et demandent la libération de quatre villageois incarcérés depuis décembre dernier, dans le cadre de cette affaire. Un détenu est libéré après avoir signé un engagement renonçant à la propriété du terrain en litige. Trois autres sont libérés le 5 novembre. Selon le représentant local de Adhoc, ces 20 hectares appartiennent bien à l’armée, mais non au commandant qui la réclame comme sa propriété.
Conflits sociaux
* Le 27 octobre, plus de 1 000 ouvriers employés à la construction de la nouvelle cité Camko city qui n’avaient pas reçu leurs salaires, mettent à sac les bureaux de leur entreprise et brûlent la Lexus de leur patron. L’émeute se termine quand le comptable arrive avec l’argent.
* Le 31 octobre près de 600 vendeurs installés sur les trottoirs de Phnom Penh et à qui la municipalité demande de déménager, manifestent devant la résidence du Premier ministre.
* Le 3 novembre, 30 représentants des 400 marchants du Marché central de Phnom Penh manifestent devant la résidence du Premier ministre pour protester contre la réduction de leurs emplacements après la rénovation du marché.
* Le 6 novembre, plus de 1 800 ouvriers des usines textiles Cambo Hanse et Charm Textile se mettent en grève pour demander une augmentation de salaire (les anciens touchent 50 dollars de salaire mensuel) et la réembauche de syndicalistes licenciés.
Défense nationale
* Le Nivôse, frégate française, mouille dans le port de Sihanoukville au début octobre et fait des démonstrations de vol avec ses hélicoptères.
* Un destroyer américain mouille à Kompong Som le 12 octobre. C’est le troisième bateau américain qui visite le Cambodge depuis 3 mois.
* Un bateau de guerre chinois relâche quatre jours à Sihanoukville. C’est la première fois qu’un bateau chinois mouille au Cambodge depuis le régime des Khmers rouges. A cette occasion, la Chine fait don de onze véhicules.
* Pour faire face au conflit avec la Thaïlande, le 17 octobre, le commandant en chef de l’armée cambodgienne décrète le recrutement de 1 100 soldats dans la province d’Oddar Méan Chhey, limitrophe de la Thaïlande. Cinq cents d’entre eux seront envoyés au front le 31 janvier prochain. Cet ordre fait suite à une décision gouvernementale en date du 1er septembre. Au début, cette conscription était volontaire, puis on a tiré au sort le nom des nouvelles recrues, qui par hasard se sont trouvées parmi les pauvres. Une loi instituant la conscription obligatoire a été votée en 2006, mais n’a pas encore de décret d’application. Pour le moment, personne n’est en mesure de dire avec exactitude le nombre des soldats cambodgiens.
Education nationale
* 3 260 bourses sont offertes par les universités privées et publiques pour l’année scolaire 2008-2009 aux candidats reçus avec mention. L’an dernier seulement 2 383 bourses étaient proposées.
* Selon le CDRI, 12,5 % des enfants des familles les plus pauvres ont cessé l’école en janvier, et 20 % en juin, pour chercher de quoi se nourrir.
* Le système éducatif cambodgien, calqué sur le système français, ne prépare guère les jeunes aux propositions d’emploi qui leur sont faites à la sortie de leurs études trop théoriques. Le pays a plus besoin de techniciens que de diplômés d’universités. On recherche plus de 1 000 comptables, ce qui est le signe du développement économique certain.
* Le Comité d’accréditation donne son agrément à 40 nouvelles universités qui s’ajoutent ainsi aux 33 précédentes comme conformes aux normes standards de l’Education nationale. On se pose toutefois des questions sur la valeur de l’enseignement de ces universités.
* Le 1er octobre, le PAM annonce qu’il reprend son programme de dons de petit déjeuner aux 450 000 élèves de 1 344 écoles pour l’année scolaire qui commence le 8 octobre. On estime à 44 % le nombre des enfants mal nourris.
Santé
* Durant les 10 premiers mois de l’année, plus de 90 villageois sont frappés par la foudre.
* Depuis le début de l’année, on compte 186 accidents par mines (352 pour toute l’année 2007).
* Le 23 septembre, à l’occasion de la journée internationale des sourds, on apprend que 51 000 sourds vivent au Cambodge. L’ONG Krousar Thmey et les Maryknoll permettent à 1 500 d’entre eux d’apprendre le langage des sourds.
* Les avortements clandestins seraient à l’origine d’un tiers de la mortalité maternelle (entre 15 et 20 % selon l’OMS). En 2005 on comptait 472 morts pour 100 000 naissances, le taux le pire de la région. Une femme sur huit y aurait eu recours au moins une fois. Seulement 47 % des hôpitaux, et 10 % des centres médicaux pratiquent les avortements. Un programme financé par la Grande Bretagne vise à faire diminuer cette mortalité d’ici 2010. Cent-un médecins et sages-femmes ont déjà été formés.
* Le 22 octobre, un Fond de sécurité sociale nationale est mis en place dans un partenariat entre le gouvernement et la banque Ascleda pour aider les ouvriers malades ou blessés durant leur travail et payer des pensions d’invalidité. Les employeurs verseront 0,8 % de leur masse salariale à ce fonds. Trois cents hommes d’affaires représentant 225 000 employés sont enregistrés pour alimenter ce fonds. C’est un premier pas vers l’établissement d’une sécurité sociale.
* 21 000 enfants travailleraient dans des situations difficiles : briquèteries, plantations de caoutchouc, employés de maison, etc. Pas ou peu de soins médicaux, mauvais traitements, pas ou peu de salaires. C’est la conséquence directe de la misère, leurs parents étant trop pauvres pour les nourrir, ou sont endettés.
* Le ministère de la Santé lance une opération nationale de distribution de vitamine A pour les bébés de 6 à 59 mois.
Droits de l’homme
* A partir du 10 septembre, au siège de la commission de l’ONU pour les Droits de l’homme, qui comprend 47 nations, est étudié la situation de Yash Ghai, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Cambodge. Le gouvernement voudrait mettre fin à la mission onusienne d’observation des Droits de l’homme, les associations cambodgiennes Adhoc et Licadho, par contre, militent pour son maintien. Le 15 septembre, Yash Ghai donne sa démission : il regrette de n’avoir pas été soutenu par la communauté internationale alors qu’il était insulté continuellement par Hun Sen. Le 17 septembre, le Cambodge accepte l’envoi d’un nouvel envoyé spécial. On ne connaît pas le nom du prochain envoyé.
* Le 4 septembre, un officier des FARC tue une serveuse d’un coup de feu. Il est relâché, car ce tir n’est qu’un « accident », et après avoir versé 2 700 dollars à la famille de sa victime. Ce n’est qu’un des multiples cas de violence gratuite.
* L’allègement des peines encourues pour crime de pédophilie a pour effet de faire libérer un certain nombre de personnes incarcérées, au grand dam des associations de défense des enfants.
* Le 10 septembre, le gouvernement demande aux institutions publiques et privées d’autoriser le port des habits traditionnels pour les musulmans, notamment le voile pour les jeunes filles.
* Le 28 septembre, un journaliste est arrêté pour avoir photographié des militaires en train de confisquer du bois coupé illégalement à Pursat. Vingt villageois prennent sa défense contre les policiers, et blessent un policier.
* Les fils des riches ou des hommes du gouvernement ou de l’armée continuent à faire parler d’eux régulièrement, par des courses de voitures de luxe à l’intérieur de Phnom Penh, ou en tirant sur la foule.
Justice
* Le 16 octobre, Chiv Songkak est élu bâtonnier du Barreau de Phnom Penh pour deux ans, en remplacement de Ky Tech, par 325 voix sur un total de 467. On l’accuse d’avoir fait des cadeaux pour influencer les votants, ce qu’il dément.
DIVERS
Accident
* Le Hok Lundy, directeur général de la police, bras droit de Hun Sen et l’un des hommes les plus puissants du Cambodge, se tue dans un accident d’hélicoptère près de Svay Rieng. Sa fille est mariée à Hun Manet, fils de Hun Sen. Neth Savoeun, neveu de Hun Sen, et au 188ème rang du Comité central du PPC (sur 263), le remplace à ce poste-clef du régime. Peu espèrent une meilleure observation des droits de l’homme.
Patrimoine
* Une lampe « Clair de Lune », de fabrication 100 % cambodgienne, obtient un prestigieux prix d’une université hollandaise. Cette lampe exposée 3 à 4 heures au soleil permet d’éclairer une nuit entière. Elle coûte entre 15 et 20 dollars.
Phnom Penh
* Une société chinoise, Global Taxi, détient 24 taxis qui travaillent 24 heures sur 24, ce qui mécontente les moto-doubles et les chauffeurs de tuk-tuk. Le tarif du taxi est d’un dollar pour les deux premiers kilomètres, puis 0,10 dollar pour 200 m. Il y a environ 1 000 chauffeurs de tuk-tuk à Phnom Penh.
* L’hôtel Ronakser, situé au milieu d’un parc de 6.547 m², en face du palais royal de Phnom Penh, est vendu à la fille de Mme Chhoeung Sophéap (patronne de la Phéap-Imex, dont le mari, sénateur, est propriétaire de Shukaku, qui a obtenu la concession de l’étang de Boeung Kâk), pour la somme de 3,8 millions de dollars. Au prix du marché, cette transaction aurait dû s’élever entre 19,6 et 22,9 millions. Cette vente est en violation du bail de 49 ans passé en 2001 avec l’actuelle gérante. Chaque employé a reçu une confortable enveloppe (entre 1 500 et 10 000 dollars, la gérante une de 200 000 dollars).
* Bien que les pluies aient été moins abondantes que par le passé, certains quartiers de Phnom Penh, notamment la nouvelle université royale des Beaux Arts, sont inondés. On accuse l’absence de canalisations adéquates ainsi que le remblaiement de Boeung Kâk qui servait de déversoir naturel aux eaux de pluies.
* Le Voyageur du National Geographic place Phnom Penh au 109ème rang parmi les villes qui gèrent mal leur patrimoine historique. Les maisons de style colonial et de l’ère Sihanouk disparaissent au profit de maisons de rapport.
* Du 11 au 13 novembre, la Fête des eaux a attiré près de 3 millions de personnes. Un rameur s’est noyé la veille. On dénombre très peu de vols et d’accidents.