Eglises d'Asie

Le pape Benoit XVI adjure le gouvernement de Colombo ainsi que les Tigres tamouls d’épargner les civils

Publié le 25/03/2010




Mercredi 4 février 2008, jour anniversaire de l’indépendance du Sri Lanka (1), le pape Benoît XVI a exprimé, lors d’une audience publique au Vatican, son inquiétude à propos de « l’incroyable cruauté du conflit et [du] nombre croissant de victimes innocentes » dans la guerre civile qui déchire l’île actuellement. La guerre qui oppose depuis plus de 25 ans le gouvernement sri-lankais…

… aux Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) est passée ces derniers mois à une phase particulièrement violente du fait de la décision de Colombo d’en finir militairement avec la guérilla repliée dans le nord-est de l’île, une zone très peuplée où les civils, pris au piège, sont les principales victimes des combats (2).

Le pape a lancé un « appel pressant » aux deux parties, qu’il a adjurées de « respecter les règles humanitaires et la liberté de mouvement des populations ». Il les a pressées de « faire tout leur possible pour garantir l’assistance aux blessés et la sécurité des civils, ainsi que l’acheminement des secours alimentaires et médicaux » (3).

Sa déclaration s’ajoute aux dernières, très alarmistes, de la communauté internationale, des Nations Unies, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), des Eglises chrétiennes et de très nombreuses ONG. Le nonce apostolique au Sri Lanka, Mgr Mario Zenari, présent à Colombo, a précisé qu’il savait que le LTTE avait refusé d’autoriser les civils à quitter la zone de conflit : « C’est une source d’inquiétude pour toute la communauté internationale », a-t-il déclaré à Radio Vatican. Il a également exprimé son admiration pour « le magnifique témoignage de foi » de tous les prêtres et religieux présents dans la zone des combats, tout en soulignant l’inquiétude de leurs évêques des diocèses de Jaffna et Mannar, à propos de leur sécurité. Les prélats avaient laissé le choix au clergé de rester ou de se réfugier dans des zones plus protégées, mais tous avaient répondu « qu’ils avaient l’intention de rester avec les populations victimes de la guerre, pour continuer à les servir ».

Le nonce apostolique a ajouté qu’il avait demandé au président sri-lankais Mahinda Rajapakse d’autoriser les organisations humanitaires à accéder aux zones de conflit. « Il y a tellement de souffrances. Le conflit s’est intensifié et est devenu plus cruel. La population civile ne sait plus où trouver refuge », a-t-il expliqué, soulignant que lors d’un conflit, les populations cherchent à s’abriter dans les églises, mais qu’aujourd’hui, même ces lieux de culte sont devenus les cibles des tirs et des bombardements.

Alors que le président du Sri Lanka annonçait, lors du 61e anniversaire de l’indépendance du pays le 4 février, qu’il avait la certitude que les Tigres tamouls seraient vaincus dans quelques jours (4), les chrétiens de l’île ont de voulu vivre « une journée pour la paix », lancée à l’initiative de Mgr Oswald Gomis, archevêque catholique de Colombo (5). Le même jour, en solidarité avec les victimes civiles de la guerre, des milliers de personnes ont manifesté un peu partout dans le monde, dont 10 000 personnes à Paris.