Eglises d'Asie

La cathédrale de Lahore a échappé à un attentat à la bombe le jour de Noël

Publié le 25/03/2010




Selon le P. Andrew Nisari, curé de la cathédrale de l’archidiocèse catholique de Lahore, un attentat à la bombe devait frapper la communauté catholique de la capitale du Pendjab le jour de Noël dernier. Un véhicule devait en effet exploser devant la cathédrale lors de la messe du jour de Noël, à un moment où les fidèles s’y pressent par milliers. Mais l’action terroriste a échoué lorsque…

… le véhicule en question a explosé, semble-t-il par accident, le 24 décembre, à quelques kilomètres de sa cible, tuant un passant, qui s’est avéré être un catholique.

Les détails concernant cet attentat manqué ont été communiqués par le P. Nisari à la branche anglaise de l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED). Dans un communiqué en date du 27 janvier dernier, l’AED précise que la police à Lahore a pris l’affaire au sérieux, des débris de cartes routières indiquant la cathédrale et d’autres indices ayant été retrouvés sur les lieux de l’explosion. Selon le P. Nisari, six personnes ont été interpellées en lien avec ce projet d’attentat et auraient avoué que leur objectif était bien la cathédrale de Lahore (1). Le prêtre a ajouté qu’après Noël, il avait reçu une lettre de menaces rédigée par des « extrémistes musulmans », lui demandant ainsi qu’à ses fidèles, de se convertir ou de se préparer à « faire face aux conséquences ».

« Continuellement, nous sommes menacés, mais, grâce à Dieu, pour le moment, nous avons été épargnés. Je dis aux fidèles qu’ils doivent se préparer à mourir. La plupart d’entre nous mourront dans leur lit ou à l’hôpital, mais il serait tellement beau de pouvoir mourir dans la maison de Dieu ! », a conclu le P. Nisari, soulignant que les offices de Noël avaient connu une telle affluence que certains avaient dû assister à la messe à l’extérieur de la cathédrale. « Nos paroissiens refusent de se laisser intimider », a-t-il encore affirmé.

Par ailleurs, le prêtre a dénoncé les attaques et pressions incessantes subies par les chrétiens dans les zones rurales de la province. Il a cité le cas de l’attaque, commise le 14 janvier dernier, par une foule de 70 musulmans contre plusieurs familles chrétiennes du village de Kot Lakha Singh. Ce jour-là, dans le cadre d’un conflit foncier entre un musulman et un chrétien et d’un incident impliquant une musulmane ayant quitté son mari musulman pour un chrétien, plusieurs chrétiens, hommes et femmes, ont été très sévèrement passés à tabac, une église catholique vandalisée et une bible brûlée ; peu après, une annonce a été faite via les haut-parleurs de la mosquée du village pour appeler au boycott social des 25 familles catholiques et protestantes de Kot Lakha Singh.

Après l’envoi sur place d’une délégation catholique comprenant des membres de la Commission pour les droits de l’homme du Pakistan – une instance non gouvernementale –, l’Eglise catholique a protesté contre l’absence de réactions des autorités face à des actes relevant très clairement de l’action pénale, notamment la loi anti-blasphème, de sinistre réputation, qui sanctionne toute atteinte aux livres religieux. Le P. Nisari, qui faisait partie de la délégation catholique, a critiqué l’attitude des responsables locaux de la sécurité et notamment le fait qu’ils avaient encouragé des initiatives de réconciliation entre les communautés afin d’éviter de déférer les coupables devant la justice. « En tant que groupe minoritaire, nous, les chrétiens, nous ne sommes pas pris au sérieux dans ce pays. Nous nous sentons impuissants. On dirait que, quel que soit le côté où se trouve la justice, les musulmans prendront toujours le parti de leurs coreligionnaires. C’est très injuste », déplore le P. Nisari.