Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – Chine et Eglise catholique : à la recherche d’un dialogue honnête et vrai

Publié le 25/03/2010




La rubrique ‘Pour approfondir’ d’Eglises d’Asie a pour vocation d’accueillir des écrits permettant de mieux comprendre telle ou telle situation ou prise de position. Nos lecteurs n’auront pas manqué de lire, dans EDA 499, les récentes « réflexions » du cardinal Zen Ze-kiun, évêque de Hongkong, au sujet de l’Eglise catholique en Chine et notamment son vigoureux appel aux évêques « officiels »…

à refuser de se compromettre avec certaines des initiatives des autorités de Pékin. Dans EDA 500, nos lecteurs auront pu lire le point de vue du P. Jeroom Heyndrickx. « Dans l’Eglise catholique de Chine, l’important, c’est l’intérieur et non ce qui paraît sur scène », écrivait ce missionnaire belge, actif auprès de l’Eglise en Chine depuis de longues années. Dans le texte ci-dessous, le P. Heyndrickx approfondit et développe son point de vue sur l’Eglise en Chine et son rapport avec l’Eglise universelle. La traduction du texte original (en anglais) est de François Dabin, membre de la Fraternité d’Eglise Liège-Chine.

 

Les Jeux olympiques ont confirmé le prestige de la Chine

Le 8 août 2008, le monde entier a admiré l’impressionnante cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Pékin. A ce moment, l’Empire du milieu avait atteint le sommet des cinq mille ans de son histoire. Ces dernières années, chacun de nous avait vu la Chine monter lentement mais sûrement vers le sommet mondial de l’économie et de la politique. Il n’était que juste de confier à la Chine l’organisation des Jeux olympiques de 2008. Tout le pays s’y est préparé intensivement pendant des années. Pour tous les Chinois, les Jeux devaient confirmer à la face de toutes les nations que leur pays faisait désormais partie du sommet du monde. J’ai moi aussi suivi avec intérêt cette croissance d’année en année. Je me suis réjoui de l’éblouissant spectacle de l’ouverture des Jeux ainsi que du nombre record de médailles remportées par la Chine. Le peuple chinois a mérité ces succès, qui se sont encore accrus après les Jeux par le voyage réussi dans l’espace des taïkonautes, les astronautes chinois. Là encore, la Chine est à présent aussi au sommet dans les domaines de la science et de la technologie !

En décalage avec le respect des droits de l’homme

Les Jeux à peine terminés, un sombre nuage a obscurci la gloire de la Chine et s’est étendu sur le monde avec les 300 000 bébés criant de douleur après avoir absorbé du lait contaminé par des compagnies chinoises avides de profit. Les mamans concernées ont protesté ouvertement contre cette grossière forme de corruption et contre les autorités qui avaient eu connaissance de ce comportement scandaleux et avaient omis d’intervenir Le peuple chinois s’est senti trahi et la réputation internationale du pays a subi un tort irréparable. Ceci suivait de près les nouvelles de l’effondrement des bâtiments scolaires et la mort de milliers d’enfants lors du séisme au Sichuan, qui a choqué la communauté mondiale. Les Chinois n’ont pas l’occasion de sanctionner les autorités civiles en refusant de les réélire à leur poste. Certains doutent même que les responsables de cette corruption seront un jour punis. Ces événements tragiquement négatifs caractérisent aussi aujourd’hui la Chine. C’est d’autant plus regrettable que le peuple chinois mérite mieux que cela. Nous annonçons volontiers toutes les nouvelles positives sur la Chine, mais taire ou couvrir ces faits négatifs rendrait nos informations peu crédibles et malhonnêtes.

Décalage également en matière de liberté de religion

Pendant les Jeux olympiques, tout était mis en œuvre pour que les participants de toutes les religions puissent remplir leurs obligations de foi : juifs et catholiques, musulmans et protestants. Des prêtres et des religieuses ainsi que des représentants de toutes les religions offraient leurs services dans le village olympique. Par une ironie du sort, cette publicité positive pour la Chine était obscurcie par les nouvelles faisant état de ce que, ailleurs en Chine, des évêques et des prêtres appartenant à la communauté d’Eglise catholique « non officielle » (« clandestine ») se trouvaient aux arrêts à domicile ; certains faisant même l’objet jour et nuit d’une surveillance policière afin d’empêcher tout contact avec des visiteurs venant de l’extérieur de la Chine.

Peu après les Jeux olympiques, un synode de tous les évêques catholiques du monde se tenait à Rome. Dix années plus tôt, des évêques chinois avaient été invités à prendre part à un synode similaire, mais les autorités de la République populaire de Chine leur avaient refusé de se rendre à Rome. Le fait qu’aujourd’hui encore – pour la troisième fois – aucun accord n’a pu être conclu sur la participation d’évêques chinois au synode était un signal négatif. Les faits montrent à l’évidence qu’en matière de droits de l’homme, la Chine est à la traîne et, moins elle s’en soucie, plus sa réputation en souffre.

Un superpétrolier a besoin de temps et d’espace pour faire demi-tour

Une interprétation amicale de ces faits porterait à comparer la Chine à un superpétrolier en train de faire demi-tour en plein océan. Il lui faut pour cela beaucoup de temps et d’espace. Il est évident que la Chine a déjà entamé un périlleux demi-tour dans les années 1980, sous la conduite de Deng Xiaoping. Mais, depuis les événements de Tiananmen (1989), il s’est avéré que certains officiers de ce superpétrolier tenaient à continuer dans l’ancienne direction alors que le capitaine et d’autres membres de l’équipage voulaient la changer. Dans le domaine économique, le revirement a été fait depuis longtemps. La Chine a abandonné assez facilement le marxisme parce que Marx n’avait pas offert de solution à ses problèmes actuels. L’argent a parlé un langage plus efficace. Mais le respect des droits de l’homme ne rapporte pas de dividendes immédiats. Au contraire, cela peut coûter de l’argent, par exemple de payer un juste salaire aux travailleurs. Accorder la liberté de religion ne rapporte pas non plus d’argent. Pourtant le superpétrolier devra bien faire demi-tour, même dans ces domaines, s’il veut conquérir le respect du monde. Et la Chine aspire à ce respect ! Tout ceci montre comme la situation est devenue complexe, d’autant que les dirigeants chinois se trouvent face à certaines décisions critiques d’importance historique.

La « confrontation » fait partie du dialogue

Dans cette situation, entamer un dialogue franc et équilibré sur la liberté de religion n’est pas simple. Pourtant, c’est ce dont l’Eglise et l’Etat ont besoin en Chine. Pour sa part, l’Eglise catholique essaye depuis des années de contribuer à ce dialogue à tous les niveaux. Mais les autorités chinoises elles-mêmes sont divisées à ce sujet. Certains sont plus ouverts alors que d’autres bloquent tout dialogue. Bien que la lettre du pape Benoît XVI à l’Eglise de Chine (30 juin 2007) ait invité tous les catholiques à se réconcilier et à se rassembler en une seule communauté d’Eglise, des divergences d’opinion demeurent également à l’intérieur de l’Eglise. La lettre contient aussi un appel à éviter la confrontation avec les autorités civiles puisque c’est d’elles que dépend le changement du cours des choses. Cependant, en choisissant le dialogue, nous avons bien conscience que tout dialogue comporte un moment de confrontation, celui où les deux partenaires expriment clairement et sans ambages leurs points de divergence et les posent sur la table. Mais ces moments de saine confrontation ne mènent pas nécessairement à des attitudes agressives ou à la division. Cette confrontation fait partie du dialogue et les partenaires, quand ils en sont là, ne devraient pas rompre le dialogue. Au contraire, ils doivent chercher les pistes qui dépassent leurs divergences et trouver un modus vivendi – un arrangement permettant aux parties en conflit de coexister pacifiquement – qui donne satisfaction à chacun. Tant que cette volonté de dépassement fait défaut, chez l’une ou l’autre partie, il n’y a pas de vrai dialogue. La Chine y est-elle prête ? L’Eglise y est-elle prête ? Tant que nous n’en avons pas la conviction, restons fermement décidés à y contribuer de toutes les manières.

Jalons pour l’avenir

* Garder une vision équilibrée de la situation de l’Eglise en Chine

Il n’est pas facile de faire une évaluation équilibrée dans une situation aussi complexe. Pourtant, présenter une vision objective est la condition pour engager un dialogue fructueux. Notre publication, Courrier Verbiest, s’est efforcée depuis des années de proposer une information fondée sur les faits, qui devrait permettre aux personnes intéressées d’avoir une vision plus équilibrée de l’Eglise de Chine. Ceci est en soi un vrai défi. On verra dans ce qui suit des tentatives pour répondre aux questions souvent posées et pour corriger des vues erronées souvent publiées dans les médias à propos de l’Eglise de Chine. Elles voudraient être des étapes vers une vue correcte de la situation.

* A propos de la fidélité au Saint-Siège

Pendant de nombreuses années, les catholiques de l’extérieur de la Chine ont pensé que l’une des deux communautés de l’Eglise catholique romaine – la « non officielle » ou « clandestine » – était fidèle au Saint-Siège alors que l’autre – l’« officielle », reconnue par les autorités civiles – ne l’était pas. Aujourd’hui encore, les médias répètent cette vue inexacte. Depuis le début des années 1980, suite à des contacts approfondis avec les deux communautés d’Eglise, nous sommes nombreux à avoir témoigné qu’elles étaient fidèles toutes les deux. La lettre du pape Benoît XVI a officiellement corrigé cette vision erronée des médias. Elle affirme formellement et clairement qu’il n’y a qu’une seule Eglise en Chine à laquelle le pape invite les catholiques des deux communautés, après s’être réconciliées, à s’unir en une seule communauté d’Eglise. Cette Eglise ne doit être appelée ni communauté d’Eglise « officielle » ni « non officielle » mais simplement : l’Eglise catholique en Chine. Par cet appel à la réconciliation du pape Benoît XVI, l’ensemble de l’Eglise de Chine – les communautés officielles et non officielles – mais aussi l’ensemble de l’Eglise universelle sont invités à s’associer à ce qui constitue le plus grand défi pour toute Eglise, c’est-à-dire la recherche de l’unité et de la réconciliation.

* Des chemins différents vers un même but

Les deux communautés d’Eglise – tant « officielle » que « non officielle » – sont unies au Saint-Siège, mais elles suivent des voies différentes pour exprimer leur fidélité. En même temps, elles peinent à assurer leur survie en Chine, un pays communiste dont le gouvernement a longtemps essayé de séparer l’Eglise de Rome. La communauté « officielle » suit la voie de la conformité aux demandes des autorités civiles, tout en restant fidèle au pape. Cette attitude de coopération avec le régime communiste suscite une vive critique de la part de la communauté « non officielle » et aussi de l’étranger. Mais elle essaie de vivre avec cette critique. En même temps, elle affronte le contrôle rigoureux des autorités civiles sur toutes ses activités quotidiennes. Elle ressent cela comme une ingérence inacceptable de César dans un domaine qui appartient à Dieu ; mais ici encore, elle essaie de vivre avec cela. Elle subit un stress venant des deux côtés : de la part du gouvernement et de la part de ses propres frères et sœurs dans la foi.

La communauté « clandestine » considère sa fidélité au pape comme une priorité absolue. Comme l’Etat n’autorise officiellement aucune relation extranationale (c’est-à-dire avec le Saint-Siège), elle refuse toute coopération avec lui. Ses fidèles sont meurtris de voir leurs évêques, leurs prêtres et aussi leurs laïcs continuellement harcelés ou arrêtés simplement parce qu’ils célèbrent leur foi. Là se trouve la cause de leurs problèmes avec le gouvernement chinois, qui, en plusieurs régions, recourt à une vraie persécution. Les catholiques clandestins essaient de vivre avec cette désolante situation. Ainsi, les deux communautés d’Eglise, « officielle » et « non officielle », ont leurs problèmes avec l’Etat.

* Rejet de la notion de schisme dans l’Eglise de Chine

La question de savoir si certains responsables de l’Eglise en Chine sont ou non tombés dans le schisme reste sans réponse. Seul le Seigneur sait la vérité sur les raisons subjectives des actes et des déclarations faites dans le passé par des responsables individuels de l’Eglise de Chine. Quelles que soient les critiques contre le pape que ces responsables de l’Eglise ont émises par le passé, c’est un fait qu’ils ne représentaient qu’eux-mêmes. Les catholiques de leur communauté « officielle » n’approuvaient pas nécessairement. Ces responsables d’Eglise étaient membres de l’Association patriotique et ils s’exprimaient donc sous la pression des autorités civiles. Toutefois, cette « Association patriotique » ne représente pas les catholiques de la communauté « officielle ». La communauté « officielle » de l’Eglise et l’Association patriotique sont deux réalités différentes. Qui ne fait pas cette distinction commet une erreur capitale. Il est regrettable que les médias fassent continuellement cette erreur. Ce faisant, ils font preuve de partialité et se montrent très injustes envers les catholiques de la communauté « officielle » de l’Eglise.

A vrai dire, il n’y a jamais eu de déclaration à propos d’une Eglise schismatique en Chine. Malheureusement, des déclarations irresponsables de quelques autorités catholiques « officielles », il y a 25 ans, ont scandalisé et choqué les catholiques chinois. Ils en ont conclu de façon erronée – tout comme l’ont fait des catholiques hors de Chine – que ces évêques étaient schismatiques. Cette erreur de jugement a été partiellement renforcée quand Mgr Fan Xueyuan, évêque « clandestin » de Baoding (province du Hebei) – ou quelqu’un qui a emprunté son nom – a promulgué, en 1985, son « Document en 13 points », qui interdisait à ses catholiques d’assister à l’Eucharistie dans les communautés « officielles ». Mais Mgr Fan n’était pas assez informé. Au moment même où il promulguait les « 13 points », plusieurs évêques « officiels » demandaient à Rome de régulariser leur situation. Ils voulaient être en communion avec le Saint-Siège. C’était la preuve qu’en fait il n’y avait pas du tout d’Eglise schismatique. A vrai dire, un tel document n’avait jamais été nécessaire. En réalité, malgré leur bonne intention, les « 13 points » de Mgr Fan ont causé beaucoup de mal, parce qu’ils ont conduit à la division de l’Eglise qui dure encore aujourd’hui.

* Le pape Benoît XVI appelle tous les catholiques à la réconciliation et à l’unité

Aujourd’hui cependant, plus de vingt ans après, l’Eglise de Chine a depuis longtemps dépassé cette situation de 1985. Après que le Saint-Siège a observé la situation pendant plus de vingt ans, le pape a affirmé clairement qu’il n’y avait pas de communauté d’Eglise schismatique en Chine. Quiconque continue de proclamer cette erreur n’a pas vraiment compris la lettre du pape. Benoît XVI montre de la compréhension pour les raisons historiques qui ont causé la division. Dans la droite ligne de l’Evangile de Jésus-Christ, il appelle à la réconciliation et à l’unité de l’Eglise. Dès lors celui qui cherche à coopérer avec l’Eglise dans la Chine d’aujourd’hui, mais n’entre en relation qu’avec une seule aile de cette Eglise, agit en contradiction avec l’esprit de la lettre du pape Benoît XVI. Répondre à l’appel du pape implique d’être prêt au dialogue avec les deux communautés. Exclure l’une des deux constitue un pas de plus vers la confrontation, un pas en arrière sur le chemin de la réconciliation. On peut comprendre les raisons humaines qui poussent certains à persister dans ce sens. Mais chaque fois que cela arrive, la communauté devrait rappeler fraternellement aux frères et aux sœurs concernés que leur façon de faire n’est pas dans la ligne ni de l’Evangile du Seigneur, ni de la lettre du pape.

* Les martyrs sont parmi les plus grands saints

La plupart des chrétiens clandestins ont beaucoup souffert avant, pendant et après la Révolution culturelle. Beaucoup souffrent encore aujourd’hui. C’est pourquoi ils jouissent à bon droit de la sympathie et du soutien matériel et moral de l’ensemble de l’Eglise universelle. L’Eglise d’aujourd’hui continue de respecter l’antique tradition selon laquelle les martyrs sont pour elle parmi les plus grands saints.

En revanche, les médias créent souvent l’impression qu’il n’y a eu des martyrs que chez les catholiques « non officiels », comme s’ils avaient été les seuls à souffrir et comme si les membres de la communauté « officielle » avaient eu la vie facile ou, pire, étaient tombés dans le schisme ! Ce n’est pas exact. La prétention à la couronne du martyre ne peut être monopolisée par aucune des deux communautés. Beaucoup de clercs, de religieux et de fidèles laïcs de la communauté « officielle » ont souffert tout autant et souffrent encore. Certains évêques et prêtres « officiels » âgés ont passé des années en prison et dans les camps de travail. Certains parmi eux sont aussi des martyrs. A leur sortie de prison, ils ont été mis devant un choix difficile et ils ont opté pour la coopération avec les autorités civiles, afin de donner à leurs chrétiens l’avantage de pouvoir à nouveau vivre ouvertement leur foi. En cela ils ont magnifiquement réussi. Si des milliers de catholiques de Chine peuvent aujourd’hui participer librement et au vu de tous aux célébrations eucharistiques dans leurs propres églises et affirmer ainsi leur unité avec le Saint Père – ce qu’ils font ouvertement ! –, c’est grâce à ces courageux pasteurs. L’Eglise universelle doit reconnaître leurs mérites et dire clairement que le fait d’apprécier les mérites de la communauté « officielle » ne diminue en rien les mérites de la communauté « non officielle ».

* Balises sur le chemin de la réconciliation et de l’unité

Les vieilles plaies – surtout celles qui sont de nature psychologique ou spirituelle – ne guérissent pas rapidement et le mal peut persister pendant des années. Mais il faut éviter de ressasser sans fin ce mal et de ruminer les souffrances du passé. Bien que ce soit humain et compréhensible, entretenir le sentiment d’être victime ne sert qu’à bloquer tout effort de réunification de l’Eglise de Chine. D’aucuns justifient ce comportement en considérant que le temps de la réconciliation n’est pas encore arrivé ; mais ils sapent ainsi précisément l’aspiration principale de la lettre du pape. Après cette lettre du pape, la grande priorité pastorale de l’Eglise de Chine doit être d’essayer toujours, avec beaucoup de patience et de compréhension, de dépasser les faits du passé et de pousser vers l’unité qui est cruciale pour l’Eglise. Bâtir l’unité est un défi de taille pour toute Eglise locale, si elle veut être en vérité l’Eglise du Seigneur Jésus Christ.

* Les médias ont la responsabilité d’être objectifs

Les autorités civiles chinoises portent la lourde responsabilité de promouvoir une éthique d’honnêteté et de vérité. Bien qu’on puisse leur reconnaître d’avoir permis une plus grande liberté religieuse ces vingt dernières années, les médias ne rapportent pas objectivement les données. Les progrès accomplis en matière de liberté religieuse sont incontestables : des milliers de fidèles remplissent les 6 000 églises officielles chaque dimanche, des grands séminaires et des noviciats où sont formés les prêtres et les religieuses sont florissants en Chine. Mais, malgré ces bonnes nouvelles, le fait demeure qu’il n’y a pas encore pleine liberté de religion en Chine et que beaucoup reste à faire. Localement, la persécution des Eglises et des responsables d’Eglise est toujours beaucoup trop courante. Les médias ont le droit de relater cela ; mais des journalistes professionnels devraient travailler avec professionnalisme et ne pas rechercher avant tout les nouvelles à sensation. Les faits doivent être examinés et vérifiés avant d’être publiés. La relation de faits non vérifiés et non fondés donne aux leaders coupables le moyen trop facile de les nier et même d’accuser les reporters de parti pris. D’un côté, ne rapporter que des faits positifs est décevant, mais, de l’autre côté, n’écrire que les faits négatifs n’est pas honnête non plus. Si l’on veut disposer d’une information objective, on doit travailler dur et contacter plusieurs sources.

* Des principes qui demeurent non négociables

Certains principes de base demeurent non négociables pour l’Eglise. Primo : un évêque catholique doit avoir la liberté d’accomplir sa tâche de pasteur dans sa communauté d’Eglise sans être sous la direction d’une « Association patriotique » contrôlée par le gouvernement. Secundo : le pape nomme les évêques.

Ces deux principes sont respectés par toute la communauté des nations. Tous ces pays sont parvenus à un accord avec le Saint-Siège sur la façon dont les autorités civiles de leurs Etats respectifs sont consultées dans le processus de nomination. Dans le respect à la fois de Dieu et de César. On pourrait se demander : en quoi la Chine est-elle si spéciale qu’elle ne puisse accepter ces principes qui ne posent aucun problème à tous ces autres pays ? Si la Chine veut prendre la place éminente qu’elle mérite comme puissance mondiale dans la communauté des nations, elle doit s’attacher à exceller dans tous les domaines : pas seulement économique et politique, mais aussi social et culturel, y compris ceux qui touchent au plus près la vie et le bien-être de tous les peuples : le respect des droits de l’homme et la liberté religieuse.