Eglises d'Asie – Pakistan
A Rawalpindi, des détenus chrétiens ont obtenu de la direction de leur prison l’autorisation de construire un lieu de culte
Publié le 25/03/2010
… par le directeur de l’établissement, représente une victoire notable. En effet, sur 32 prisons installées sur le territoire de la province du Pendjab, seules deux d’entre elles comprennent des chapelles chrétiennes.
La prison de haute sécurité d’Adiala a mauvaise presse. Construite en 1986 pour désengorger l’établissement pénitentiaire jouxtant les locaux du principal tribunal de Rawalpindi, elle a rapidement souffert de surpopulation et compte aujourd’hui 5 000 détenus – dont 130 condamnés à mort – pour 2 000 places. Dans la hiérarchie des détenus, les chrétiens figurent au bas de l’échelle, à l’image de la place qui, de manière générale, est la leur dans la société pakistanaise. Ces dernières années, ils avaient toutefois obtenu qu’une buanderie leur soit affectée et qu’ils puissent l’utiliser comme salle de prière. En mars 2007 toutefois, cet usage leur fut retiré : après le limogeage par le général Musharraf du président de la Cour suprême, Iftikhar Muhammad, des avocats et des magistrats avaient manifesté en nombre contre le gouvernement ; certains d’entre eux avaient été interpellés et incarcérés à Adiala, précisément dans la buanderie des chrétiens. Des détenus chrétiens, relayés à l’extérieur par des organisations protestantes, ont alors entamé une grève de la faim pour réclamer la construction d’un lieu de culte chrétien et leur revendication a été entendue et satisfaite quelque temps plus tard par le directeur de la prison.
C’est un détenu chrétien qui a dessiné les plans de la modeste chapelle autorisée par l’administration. Une équipe d’une vingtaine de détenus, des chrétiens encore, a été constituée pour la construire et ce sont des dons locaux qui ont financé l’achat des matériaux de construction nécessaires. L’édifice est modeste mais comprend un passage abrité du soleil, une salle principale, une cour et une petite étendue gazonnée. Contacté par téléphone, l’archevêque catholique d’Islamabad-Rawalpindi, Mgr Anthony Lobo, a qualifié l’ensemble de « petite salle de prière, non dénominationnelle », ouverte aux protestants comme aux catholiques, aux Pakistanais comme aux étrangers – souvent des Nigérians condamnés pour trafic de drogue.