Eglises d'Asie

Hongkong : Mgr John Tong Hon, nouvel évêque du diocèse, inscrit son action dans l’exacte continuité de celle menée par son prédécesseur, le cardinal Zen

Publié le 25/03/2010




Ainsi que cela avait été annoncé il y a plusieurs mois, Mgr John Tong Hon a succédé, le 16 avril dernier, au cardinal Joseph Zen Ze-kiun à la tête du diocèse catholique de Hongkong. La veille, le Saint-Siège avait officiellement annoncé que Benoît XVI avait accepté la démission du cardinal ; âgé de 77 ans, celui-ci avait présenté sa démission à trois reprises, peu avant son 75ème anniversaire, …

… puis un an plus tard et enfin, à nouveau, cette année, où elle a donc été finalement acceptée.

Agé de 69 ans, Mgr Tong, qui avait été nommé évêque auxiliaire de Hongkong en 1996 puis coadjuteur au début de l’année 2008, a inscrit son ministère dans l’exacte continuité de l’action menée par le cardinal Zen. Le 27 mars, dans une interview à la presse locale, Mgr Tong, qui suit de très près les affaires de l’Eglise en Chine depuis une trentaine d’années, a souligné le fait qu’il était plus important de défendre les droits de l’homme et la liberté religieuse sur le continent chinois que de chercher à normaliser les relations diplomatiques entre Pékin et le Saint-Siège. « Nous devons témoigner de l’amour pour tous, a-t-il déclaré, mais je ne dialoguerai ni n’accepterai d’invitations » de la part de l’Association patriotique des catholiques chinois ou de la Conférence des évêques de l’Eglise catholique en Chine. « L’Association patriotique a été établie par le gouvernement pour contrôler l’Eglise. » Le nouvel évêque de Hongkong a seulement ajouté qu’au cas où il serait amené par hasard à croiser les dirigeants de l’une ou l’autre de ces deux instances officielles, il se contenterait de faire profil bas et de les saluer poliment.

Les propos de Mgr Tong s’inscrivent dans la perspective de l’Assemblée nationale des représentants catholiques, organe que les autorités à Pékin vont réunir dans la seconde moitié de l’année 2009 afin de donner de nouveaux dirigeants à l’Association patriotique et à la Conférence des évêques « officiels ». A ce sujet, l’évêque de Hongkong a déploré que des évêques « officiels » – au nombre d’une quarantaine – aient accepté, de leur plein gré ou non, de participer aux cérémonies organisées le 19 décembre dernier à Pékin pour le 50ème anniversaire des premières ordinations illicites d’évêques « officiels ». Les consignes du Vatican n’avaient sans doute pas été assez claires ou clairement exprimées, a continué Mgr Tong. « Nous devons nous demander comment faire mieux la prochaine fois », a-t-il conclu, dans une claire allusion à l’Assemblée nationale des représentants catholiques à venir.

Signe de son intérêt maintenu pour le continent chinois, Mgr Tong a indiqué qu’il continuerait à présider le Centre d’études du Saint-Esprit, la structure du diocèse de Hongkong qui mène recherches et contacts avec l’Eglise catholique en Chine.

Sur le plan des affaires de la cité de Hongkong, Mgr Tong a déclaré que le cardinal et lui « partag[ai]ent le même objectif » depuis 1997, à savoir la mise en œuvre de la doctrine sociale de l’Eglise. « En tant qu’Eglise, nous continuerons très certainement à tenir notre place dans les affaires publiques. Dieu a créé l’homme comme un être libre. Défendre les libertés et prendre soin des plus petits fait partie de la foi que nous professons », a expliqué l’évêque, qui a toutefois précisé que son style de communication pourrait ne pas être le même que celui de son prédécesseur, bien connu pour son franc-parler et son accessibilité aux médias. « Le cardinal Zen était réellement talentueux. L’Eglise doit être capable de faire entendre sa voix. Mais la manière dont je ferai entendre ma voix sera sans doute légèrement différente. Je souhaite faire ressortir la sagesse collective de l’Eglise », a-t-il explicité.

Le cardinal Zen, âgé de 77 ans, a quant à lui, fait savoir qu’il continuerait à résider à Hongkong (il s’installera au séminaire du Saint-Esprit), d’où il s’occupera des affaires concernant la Chine, qu’il s’agisse de celles relatives à l’Eglise en Chine (« si compliquées ») ou de celles concernant le pays, telles le 20ème anniversaire, le 4 juin prochain, du massacre de Tiananmen.